Destiné principalement aux scientifiques et acteurs sur le terrain, l'ouvrage s'adresse à tous et se veut également être un outil de vulgarisation pour découvrir toute la richesse de la flore des deux districts austraux des Terres Australes Antarctiques Françaises (TAAF). Fruit d'un important travail de collecte et d'analyse de données, le guide est disponible en ligne depuis ce mardi 20 avril.

Grâce aux travaux menés depuis 2019 par Isabelle Badenhausser de l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRAE), Lise Chambrin de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises et Marc Lebouvier du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), le premier “Guide d’identification des plantes des îles subantarctiques Crozet et Kerguelen“ vient d’être rédigé et publié en ligne.

Si les premiers travaux concernant la distribution et l’écologie de la flore native et introduite ont commencé dans les années 1970, grâce au projet scientifique IPEV-136 « Subanteco » et plus récemment par les actions des TAAF au sein de la réserve naturelle nationale depuis 2006, il n’existait pas encore d’ouvrage de référence présentant la flore de Crozet et Kerguelen, permettant son identification par les personnes amenées à séjourner sur ces territoires. 

Les espèces végétales des archipels Crozet et Kerguelen sont caractérisées par une faible richesse d'espèces, avec 17 espèces de plantes à graines à Crozet et 22 à Kerguelen. À titre de comparaison, plusieurs milliers de plantes à graines sont reconnues en Hexagones.

Si la majorité des espèces de Crozet et Kerguelen appartiennent à la flore circumpolaire australe, les autres espèces sont endémiques du domaine subantarctique et une seule espèce, le Lyallia kerguelensis, se trouve uniquement sur l’archipel Kerguelen.

Cependant, cette relative rareté d'espèces natives est accompagnée de nombreuses espèces introduites par l'Homme. Selon la dernière étude publiée en 2005 par Yves Frenot dans Biological Reviews, 59 espèces exotiques de plantes à graines importées étaient constatées à Crozet et 69 à Kerguelen, bien que ces dernières se retrouvent principalement sur les secteurs où se concentrent les activités humaines. 

Or, parmi ces espèces importées, certaines sont devenues des espèces envahissantes, à l'image du pissenlit, du pâturin annuel ou du pâturin des près, forçant les TAAF à mener des actions de gestion de biosécurité et de lutte contre les espèces exotiques, dans le but d’éviter de nouvelles introductions et de limiter l’expansion des espèces déjà présentes au sein de la réserve naturelle nationale des Terres australes françaises.

Damien Chaillot