Gestion des déchets à Mayotte : Vers des modifications des textes pour tenir compte de la réalité ?

Gestion des déchets à Mayotte : Vers des modifications des textes pour tenir compte de la réalité ?

Après un passage à La Réunion, une délégation sénatoriale est à Mayotte dans le cadre d'une mission générale sur la gestion des déchets en Outre-mer. Les deux parlementaires présents sur l’île pour 4 jours vont en effet avoir plusieurs rendez-vous pour comprendre les difficultés dans la gestion des déchets à Mayotte à travers plusieurs auditions. Explications de notre partenaire France Mayotte Matin.  

La gestion des déchets à Mayotte est frappée par plusieurs difficultés. Les contraintes pour la collecte rencontrées par les différents opérateurs sur le terrain empêchent parfois d’obtenir les résultats escomptés. En effet, il est difficile aujourd'hui d'acheter du matériel adapté à nos territoires. 

Les bennes à ordure ménagère, par exemple, sont achetables sur le marché français et donc européen sont « modernes », l'électronique est difficilement compatible avec l'état de nos routes et avec le climat. Le nombre de pannes et des casses et donc plus fréquent que la moyenne et occasionne de très nombreuses ruptures dans les collectes. De la même manière et là ça ne concerne pas que le secteur des déchets, faire venir des pièces détachées jusqu'à Mayotte est toujours un exercice fastidieux et long. Nous aurions besoin de pouvoir nous équiper de matériel plus simple avec moins d’électronique ; ce qui impliquerait de pouvoir acheter en dehors du marché européen notamment en Afrique du Sud par exemple.

L’un des problèmes de la collecte est bien évidemment lié à l'habitat informel et insalubre. Aucun dispositif de collecte n’est capable d'aller ramasser des déchets dans des villages non urbanisés, sans voirie. Cette population ne se préoccupe pas du ramassage des déchets, ces derniers sont abandonnés n'importe où par les producteurs qui ne font pas l'effort de les amener vers un point de regroupement de déchets, qui pourtant existent dans tous les villages du département. Ce désintérêt pose un problème majeur de pollution de nos rivières de pollution, de nos forêts et de pollution du lagon.

Le Sidevam a amélioré, ces derniers temps, ses capacités à ramasser les déchets, les souillures induites par les villages informels n'ont quant à elles pas faibli. Notre département est confronté, dans la gestion de ses déchets, au coût de leur élimination. Nous sommes un petit territoire insulaire qui produit certes beaucoup de déchets par habitant (recensé) mais les tonnages sont insuffisants pour créer des filières de valorisation de déchets rentables.

Cette réalité conduit à enfouir les déchets dans des proportions beaucoup plus importantes que dans les autres territoires. Mayotte n'étant doté que d’une décharge elle doit donc s'acquitter d'une TGAP, (taxe générale sur les activités polluantes) qui est très conséquente. Si notre département ne peut pas éliminer ses déchets sur place, elle doit les exporter en vue d'être traitées dans d'autres sites. Arrive très vite la question du coup de ces exportations, le fret a considérablement augmenté ces derniers temps. 

Par ailleurs les exutoires auquel Mayotte peut avoir accès notamment pour ses déchets dangereux doivent être en zone européenne puisque la France a signé la convention de Bâle. Ainsi, les déchets de type électroménager ne peuvent être traitées qu’à La Réunion ou dans l’Hexagone et le site de La Réunion est très régulièrement saturé, ne pouvant pas accueillir les déchets mahorais l’éco-organismes ne souhaiterait pas exporter les déchets vers l’Hexagone au regard des coûts induits. Par ailleurs l'impossibilité pour un département français d'exporter ces déchets dangereux dans des zones hors européennes contraint à alourdir le bilan carbone de la gestion de nos déchets quand nous avons les moyens de payer les conteneurs qui doivent repartir dans l’Hexagone.

Alors que dans les faits des pays comme l'Afrique du Sud ont des exutoires permettant qui pourrait prendre en charge un certain nombre de nos déchets au moyen de process de recyclage tout à fait adaptés. Il y a donc fort à faire en la matière et sans aménagement des textes et de la réglementation il n'y a pas beaucoup de solutions.

Anne Constance Onghéna pour France Mayotte Matin