Le cyclone Chido, qui a frappé Mayotte le 15 décembre 2024, a laissé derrière lui un secteur agricole dévasté. Une évaluation menée par la Chambre d’Agriculture, de la Pêche et de l’Aquaculture de Mayotte (CAPAM) estime les pertes totales à 296,3 millions d’euros, un choc pour une île où l’agriculture joue un rôle essentiel dans la souveraineté alimentaire et l’économie locale.
Selon le rapport d’évaluation [disponible ici] les pertes de production s’élèvent à 154,2 millions d’euros, dont : 59 millions d’euros pour les bananes -soit 43% des pertes agricoles totales- ; 40 millions pour le manioc ; 20 millions pour l’ananas et 35,2 millions pour les agrumes et les autres cultures.
L’élevage n’a pas été épargné, avec des pertes estimées à 15,5 millions d’euros, dont 8,85 millions pour les volailles, 3 millions pour la viande bovine, 4,2 millions pour la production laitière, et 900 000 euros pour les élevages ovins et caprins.
À ces pertes directes de production s’ajoutent 142,1 millions d’euros de pertes de fonds, c'est-à-dire la destruction d’infrastructures agricoles ainsi que le coût de re-plantation des cultures pérennes. Le manque à gagner sur les vergers, qui mettront jusqu’à sept ans à retrouver leur plein potentiel, est estimé à 69,5 millions d’euros.
Des besoins urgents pour éviter l’effondrement
Face à l’ampleur de la catastrophe, la priorité est donnée à l'approvisionnement en fourrage pour éviter de nouvelles pertes dans l’élevage, au soutien à la replantation des cultures et la reconstruction des vergers ainsi qu'à la remise en état des infrastructures agricoles pour permettre la reprise de l’activité.
Des dispositifs d’aides ont été activés, notamment une enveloppe exceptionnelle de 15 millions d’euros [disponible sur le site de la DAAF] et une aide forfaitaire de 1 000 euros pour chaque agriculteur affilié à la MSA. Des demandes de soutien via les fonds européens (FEADER, FSUE) sont également en cours.
Un défi de résilience pour l’avenir
Cette catastrophe pose une nouvelle fois la question de l’adaptation de l’agriculture mahoraise aux risques climatiques. « L’enjeu n’est pas seulement de reconstruire, mais d’anticiper les prochains cyclones en renforçant la résilience des exploitations avec un grand plan de professionnalisation de l'agriculture mahoraise », souligne un responsable de la CAPAM.