À Mayotte, le surendettement reste un phénomène encore peu visible, mais bien réel. En 2024, 61 dossiers ont été déposés, un chiffre en hausse de 8,9 % par rapport à 2023, mais encore trop faible selon l’IEDOM, qui plaide pour une meilleure information sur les dispositifs auxquels peuvent prétendre les ménages. Détails avec notre partenaire France-Mayotte Matin.
La commission de surendettement de Mayotte a présenté, ce mercredi 19 février 2025, son bilan d’activité pour l’année 2024. L’instance, chargée d’examiner les situations de ménages en difficulté financière, constate une nouvelle augmentation des dépôts de dossiers : +8,9 % par rapport à 2023 et +258,8 % entre 2019 et 2024, alors que, sur la même période, ils baissent de 5,8 % en métropole et n’augmentent que de 32,8 % dans les autres DOM.
Cette augmentation n’est pas vue négativement par la directrice de l’IEDOM. « On va dire que c’est un bon point. Il reste encore du travail de communication auprès de la population pour expliquer ce qu’est la commission de surendettement et dans quel cas on peut y recourir quand on n’arrive pas à faire face à ses charges », explique Florence Mar-Picart.
L’année dernière, 61 dossiers ont été déposés, 51 ont été jugés recevables, 38 ont nécessité des mesures de réaménagement concernant les modalités de remboursement des dettes, 12 ont abouti à des réhabilitations personnelles non judiciaires et une à une liquidation judiciaire. 80 % des dossiers de surendettement sont liés à la consommation et 8 % à l’immobilier, pour un total de 2,1 millions d’euros de dettes. 16,1 % des dossiers déposés sont des redépôts, un constat qui montre qu’il n’est pas simple de sortir d’une situation de surendettement.
L’IEDOM ne laisse pas ces personnes seules après le traitement de leur dossier : des dispositifs sont prévus par la loi. Beaucoup de ménages en difficulté ne connaissent pas l’existence de la commission de surendettement ou ne savent pas qu’ils peuvent déposer un dossier. « Ça a augmenté relativement peu quand on regarde le nombre de dossiers vis-à-vis de la population. On espère que l’on aura plus de dossiers qui reflèteront mieux la réalité du taux d’endettement », souligne Florence Mar-Picart. Les dettes accumulées sont souvent en lien avec des accidents de la vie, une séparation ou encore la perte d’un emploi. Les CCAS jouent un rôle essentiel en guidant les familles à travers l’épreuve du surendettement. Ils leur expliquent que saisir la commission n’est pas une fatalité, mais une chance de repartir sur de meilleures bases. Car au-delà du poids des dettes, il y a souvent une honte silencieuse, le sentiment d’avoir échoué. Les CCAS sont là pour rappeler que demander de l’aide, ce n’est pas renoncer, mais reconstruire.
Par France-Mayotte Matin