Des barrages routiers bloquaient toujours la circulation jeudi en plusieurs endroits de Mayotte, au lendemain d'affrontements entre jeunes et gendarmes dans le centre de l'île principale.
Depuis le 22 janvier, des membres d'un collectif citoyen et des habitants bloquent les principaux axes routiers pour protester contre l'insécurité et l'immigration dans ce territoire de l'océan Indien, département le plus pauvre de France.
Mercredi, des affrontements ont éclaté à Tsararano, au centre de la Grande-Terre. "Plusieurs dizaines de jeunes sont venus nous importuner. Ils ont mis le feu à proximité de la pharmacie et de la maison des jeunes", a indiqué la gendarmerie de Mayotte.
La veille, des heurts avaient éclaté à Sada (ouest), où des jeunes encagoulés s'en étaient pris à la brigade de gendarmerie à coups de parpaings, obligeant le GIGN à intervenir. Et mardi déjà, des gendarmes avaient été victimes de jets de pierres et cocktails molotov. Jugé en comparution immédiate mercredi, l'un des auteurs des faits a été condamné à quatre ans de prison.
Pour se faire entendre par les services de l'Etat, une soixantaine de personnes se sont rendues mercredi devant la préfecture pour protester.
"Le mouvement continue de plus belle, ce vendredi nous discuterons avec les élus", a indiqué à l'AFP Safina Soula, présidente du Collectif des citoyens de Mayotte 2018, à l'initiative des barrages routiers.
Au sein de la population, les blocages routiers sont sources de tensions croissantes. "Il y a urgence à régler les sujets de sécurité à Mayotte mais ce n'est certainement pas en pénalisant l'éducation de nos enfants, les établissements de santé et l'économie que le pays avancera", a indiqué dans un communiqué l'entreprise du bâtiment IBS, qui a mené une action en justice contre des manifestants bloquant l'accès à son site. Le Syndicat des jeunes agriculteurs de Mayotte a également demandé à pouvoir travailler, afin d'"éviter des pertes sur le bétail comme sur les fruits et légumes, destinés, pour rappel, à l'alimentation de l'île".
Dans un communiqué, le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, a lui annoncé que "le démantèlement du camp de Cavani se poursuit", assurant que 130 réfugiés ou demandeurs d'asile devaient quitter les lieux mercredi "après avoir démoli eux-mêmes leur habitat de fortune".
Lors d'un point presse en marge d'un évènement sur les outre-mer à Paris, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a indiqué que 50 réfugiés de ce campement accueillant des réfugiés de l'Afrique des Grands Lacs, catalyseur des tensions à Mayotte, seraient transférés dans l'Hexagone cette semaine, après 30 autres la semaine dernière.
Avec AFP