Mayotte : Le Département et l’État s’allient dans la lutte contre la pauvreté

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Mayotte : Le Département et l’État s’allient dans la lutte contre la pauvreté

Dans la continuité d’actions déjà menées et en prévision du Pacte des solidarités de 2024, le conseil départemental de Mayotte et l’État s’unissent pour lutter contre la pauvreté à Mayotte. Ce mercredi matin, sous le préau du conseil départemental, ce travail conjoint a été marqué par la signature d’une convention d’appui à la lutte contre la pauvreté et d’accès à l’emploi pour l’année 2023, entre le président du Département, Ben Issa Ousseni et Thierry Suquet, préfet de Mayotte. Explications de notre partenaire Mayotte Hebdo.

Pourquoi a eu lieu la mise en place de cette convention ?

Initié en 2018, la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté (SNPLP), qui permet d’associer les collectivités, sera remplacée en 2024 par le Pacte des solidarités. En prévision de cette nouvelle démarche de contractualisation, l’État et le Département se sont unis pour une gouvernance territoriale partagée, en signant une convention d’appui à la lutte contre la pauvreté et d’accès à l’emploi (CALPAE) pour 2023. 

Cette convention d’appui permet « de travailler ensemble et de passer un appel à projets commun et surtout d’avoir un seul mode de financement pour l’ensemble des intervenants », explique le préfet de Mayotte, Thierry Suquet. Elle assure également une démarche de partenariat approfondie qui s’appuie à la fois sur la stratégie nationale et « sur les compétences du conseil départemental, qui connait le territoire et qui le mieux à même d’appuyer la stratégie nationale pour lui trouver une déclinaison locale », complète-t-il. À Mayotte, le taux de chômage s’établit à 34 % et 77 % des personnes vivent sous le seuil de pauvreté.

Comment se traduit-elle ?

Au travers de cette signature, les deux parties contractualisent un partenariat sur la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté, « à hauteur de 900 000 euros chacune, soit une enveloppe totale de 1,8 million d’euros à destination des personnes les plus vulnérables », confirme Ben Issa Ousseni. Ce budget sera scindé en deux parties, avec la première « destinée au financement des projets portés par le Département », ajoute-t-il. La seconde sera quant à elle dédiée à un appel à projet conjoint. Le président du Département note que cet appel à projet sera lancé « dans deux jours » pour une durée d’un mois.

Cette courte durée a été choisie pour permettre « une délibération rapide, pour une attribution financière rapide, afin que les actions puissent démarrer dès cette année. Sachant qu’un certain nombre d’opérateurs ont déjà été sensibilisés », complète Madi Moussa Velou, vice-président au conseil départemental. Les projets retenus seront ceux qui « répondront au mieux aux besoins de la population de Mayotte », averti le président. Ils devront également être en cohérence avec les différents schémas, plans et réformes en cours.

Que va apporter la convention ?

Les trois axes prioritaires d’actions portent sur l’insertion des bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active), sur la mobilité pour les personnes les plus défavorisées et sur les problématiques d’accès aux droits. Avec comme objectif de venir en aide aux plus défavorisés et fragiles, cette convention d’appui offre la possibilité aux deux signataires de se doter « d’outils pour permettre à chacun de construire un parcours individuellement, d’accès aux droits, d’accès à l’emploi et de sortir de la pauvreté », observe le délégué du gouvernement. Un cahier des charges bien précis a été instauré, ouvert, entre autres, aux centres communaux d’action sociale (CCAS), intercommunalités et associations. Au travers de cet appel à projets, « nous souhaiterions un maximum de projets, pour pouvoir montrer que nos porteurs de projets s’investissent, qu’ils sont prêts », admet le vice-président.

Et par la suite ?

Cette année 2023 correspond donc à la dernière année de la CALPAE, qui laissera sa place au Pacte des solidarités au 1e janvier 2024. Pour Ben Issa Ousseni, les travaux menés devront « aboutir dès janvier, à la signature d’une convention de partenariat ». Ce nouveau cadre d’intervention devra permettre « d’aller plus loin et de tenir compte plus encore des spécificités du territoire de Mayotte », confirme-t-il. De son côté, le vice-président reconnait que pour une première année, « c’est bien, mais il faut que l’on aille plus loin ». 

Agnès Jouanique pour Mayotte Hebdo