Dix ans après la départementalisation de Mayotte, les relations restent tendues avec l'Union des Comores, qui refuse toujours de reconnaître la souveraineté française sur l'île de l'Océan indien.
Le 31 mars 2011, Mayotte, île de l'archipel des Comores située entre Madagascar et la côte est-africaine accédait au statut de département français d'outremer. Une revendication portée pendant plus de 50 ans par la classe politique de l'île, dont le slogan était : «on veut être Français pour être libres». En effet, l'objectif était de se séparer des autres îles des Comores, dont la classe politique optait plutôt pour l'indépendance. Une indépendance déclarée unilatéralement en 1975, mais qui s'est faite sans Mayotte.
Série de référendums et maintien dans la République française
Dans une série de référendums entre 1974 et 1976, Mayotte s'est prononcée à chaque fois pour le maintien dans la République française. Pour le Mouvement populaire mahorais (MPM), parti unique durant les années 1960 et 1970, seul le statut de département était à même d'ancrer définitivement Mayotte au sein de la France.
Mais malgré l'accession à ce statut, l'Union des Comores n'a jamais cessé de revendiquer Mayotte, s'appuyant sur des résolutions de l'ONU condamnant la présence de la France à Mayotte.
S'en est suivie une série de rebuffades et de vexations de la part de l'Union des Comores qui refuse par exemple la présence de Mayotte au sein de la Commission de l'océan Indien, regroupant d'autres pays de la région notamment La Réunion pour la France, mais aussi Madagascar, Maurice et les Seychelles.
Ainsi, Mayotte participe depuis 2007 aux Jeux des îles de l'océan Indien (dont la première édition s'est tenue en 1979), mais sans drapeau bleu-blanc-rouge ni Marseillaise pour les cérémonies protocolaires.
Quand en 2015, à La Réunion, les Mahorais avaient défilé sous la bannière tricolore avec les Réunionnais lors de la cérémonie d'ouverture, les Comoriens avaient décidé de boycotter la compétition.
Drames humains
Et depuis 2011, quand l'Union des Comores s'engage dans un bras de fer diplomatique avec la France, elle interdit le retour sur son sol des Comoriens en situation irrégulière depuis Mayotte.
L'immigration des Comoriens est une question sensible à Mayotte. En 2013, Paris et Moroni ont instauré un haut conseil paritaire (HCP), une instance de discussion pour refonder la relation bilatérale. Mais, quand en septembre 2017, lors de la cinquième réunion de ce HCP, la libre circulation des personnes entre l'Union des Comores et Mayotte a été évoquée, cela a provoqué des manifestations de mécontentement dans le département français.
Les élus de l'île ont donc exigés que toute discussion concernant Mayotte soit désormais faite en présence d'une délégation d'élus mahorais.
Pour lutter contre les drames humains, quand les kwassa kwassa (embarcations légères motorisées transportant les migrants illégaux) font naufrage, un document-cadre de partenariat renouvelé a été signé. Mais pour les élus mahorais, Moroni ne respecte pas sa part du contrat et laisse volontairement partir les kwassa kwassa.
Invités par le quai d'Orsay le mois dernier à participer à une visio-conférence entre le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et son homologue comorien Dhoihir Dhoulkamal, les quatre parlementaires de Mayotte, le président du Conseil départemental et le président de l'association des maires ont décliné pour marquer leur mécontentement.
Et depuis 2011, aucune coopération régionale décentralisée n'a pu se concrétiser entre le conseil départemental de Mayotte (qui a aussi des compétences régionales) et l'Union des Comores. «On avait signé un accord avec le gouvernorat de Mohéli (la plus petite des îles de l'archipel des Comores). Mais l'Etat fédéral s'est opposé à la venue des Mohéliens à Mayotte pour signer la convention», explique Daniel Zaïdani, président du conseil général de Mayotte entre 2011 et 2015.
Avec AFP