Mayotte - Brique de terres compressée : Un chantier-école pour se professionnaliser à Tsingoni

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Mayotte - Brique de terres compressée : Un chantier-école pour se professionnaliser à Tsingoni

Pendant quatre jours, l’association Likoli Dago mène un chantier-école autour de la création d’une voûte en briques de terre compressée à Tsingoni. Une semaine de formation qui allie théorie et pratique, aboutissant à la réalisation du prototype. Ce projet a ainsi permis à quatre apprenants, qu’ils soient chefs d’entreprises, artisans ou ouvriers, de se former. Détails avec notre partenaire Mayotte Hebdo.

 

Au travers de ses objectifs de valorisation du patrimoine, des savoir-faire et matériaux locaux, mais aussi de permettre une montée en compétences des professionnels et jeunes éloignés de l’emploi, Likoli Dago mène un chantier-école à Tsingoni. Pour ce projet favorisant une transmission des connaissances, l’association est accompagnée par Action Logement. De plus, ce chantier rejoint le programme Soma, programme d’échange de savoirs à Mayotte et le Trotro, expérimentations d’architectures en terre. « On va avoir de la transmission qui peut se faire de manière théorique, mais on trouve très important que les futurs apprenants passent par la pratique. On pense que c’est vraiment essentiel », explique Adélaïde Papay, chargée du projet à Likoli Dago. La formation permet également de mettre en lumière les pratiques constructives liées à la terre et de montrer « qu’on sait le faire très bien ». Souvent, les matériaux naturels sont vus comme inscrits dans le passé. Afin de passer outre cette idée, l’association souhaite montrer qu’il est possible de réaliser de belles finitions et d’être compétitifs sur le marché en mise en œuvre. 

Perfectionner les pratiques 

Quatre apprenants, chefs d’entreprises de construction, ouvriers ou artisans ont participé à ce chantier-école. Ainsi, durant quatre jours, ils ont été formés au processus de réalisation d’une voûte en briques de terre compressée (BTC), mélangeant des sessions théoriques et pratiques. Possédant déjà des connaissances de base en maçonnerie, le but de ce chantier est de leur montrer « comment perfectionner ces techniques-là, pour avoir des rendus de finition parfaits », admet la chargée de projet. Chaque après-midi de formation débutait par un échange et des apports théoriques. Les apprenants ont ainsi pu échanger avec Melvyn Gorra, de l’association Art’Terre, Attila Cheyssial, architecte de l’agence Harappa et Chazouli Halidi, artisan et briquetier. Par la suite, ils prenaient la direction du chantier, afin d’appliquer les notions acquises. Les thèmes abordés portaient notamment sur la traditionnelle BTC, le béton armé, la voûte et ses forces, le calcul des charges et poussées. La session s’est terminée sur la construction et mise en œuvre du projet. 

Pourquoi une voûte ?

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« C’est une forme architecturale qui est assez intéressante pour, en autres, des principes de ventilation. On en retrouve partout dans le monde, mais pas trop à Mayotte », reconnaît Adélaïde Papay. En plus des contraintes de la forme architecturale et de la nouveauté liée à la création d’une voûte, un chantier réalisé en BTC demande de la précision dans la pose, l’une des difficultés qui a pu être rencontrée par les apprenants. Afin de soutenir l’ouvrage et de permettre sa création, une charpente en bois avait été réalisée en amont en atelier. Pour la chargée de projet, « au travers de ce chantier-école, les participants apprennent les bonnes pratiques avec un format d’apprentissage différent ». Présent chaque jour, le foundi Chazouli Halidi était aux côtés des apprenants pour leur transmettre son savoir-faire et ses connaissances. Après plusieurs jours passés auprès d’eux, il constate que « ce sont des personnes qui veulent apprendre, ils sont dedans, posent des questions et c’est cela qui est intéressant dans le travail avec eux. Ils veulent vraiment comprendre ». Dans le cadre de ce projet, l’agence d’architecture et d’études sociales Harappa appuie techniquement l’association et Art’Terre l’accompagne au travers de ses connaissances dans la BTC. Prochainement, l’association Likoli Dago devrait lancer un chantier de mise en œuvre de torchis, mais aussi, le chantier-école de la charpente en bambou de l'ancien tribunal. Le résultat final de cette voûte en briques de terre compressée devrait être inauguré lors des journées nationales de l’architecture.
 

Par Agnès Jouannique pour Mayotte Hebdo