Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a décliné mardi devant les sénateurs le fléchage de « près de quatre milliards » d'euros d'investissements publics pour l'archipel dévasté de Mayotte d'ici 2031, précisant les promesses du gouvernement dans le cadre du projet de loi pour « refonder » le territoire.
Examiné depuis lundi à la chambre haute, ce projet de loi de programmation entend notamment fixer dans la loi les engagements financiers de l'État pour Mayotte. Emmanuel Macron, en visite fin avril sur l'île meurtrie en décembre par le cyclone Chido, avait promis un plan de 3,2 milliards d'euros entre 2025 et 2031, portant sur l'eau, l'éducation, la santé, les infrastructures ou la sécurité.
Par l'intermédiaire d'un amendement adopté au Sénat mardi après-midi, le gouvernement a souhaité porter cet effort à « près de quatre milliards d'euros », selon Manuel Valls. « Nous devons répondre à l'attente très forte, très puissante des Mahorais, à une parole publique qui n'a pas toujours été honorée, c'est le moins qu'on puisse dire », a-t-il insisté devant les sénateurs.
Alors que le projet initial restait assez flou sur le fléchage précis des investissements, le gouvernement a apporté quelques clarifications sur le sujet à travers cet amendement. Le ministre a ainsi annoncé un « abondement » de l'enveloppe d'amorçage destinée aux collectivités pour la porter à 300 millions d'euros sur la période 2025-2027.
Quelque 430 millions d'euros sont réservés à l'amélioration du système judiciaire et carcéral, et plus de 400 seront orientés vers la santé, avec notamment l'extension du centre hospitalier de Mamoudzou ou encore la construction d'un deuxième hôpital à Combani.
Le Plan Eau Mayotte est doté de 730 millions d'euros d'ici 2031, dont 350 millions d'ici 2027. Pour le logement et les opérations de résorption de l'habitat insalubre, 200 millions seront débloqués d'ici 2029, et 400 millions pour la construction d'écoles à la même échéance.
« La programmation des investissements aura vocation à être précisée sur une base pluriannuelle », a promis Manuel Valls, répondant ainsi à une demande des sénateurs. Ces derniers ont accueilli favorablement ces engagements précisés, tout en appelant le gouvernement à respecter ces promesses qui figurent dans un rapport annexé au projet de loi et n'ont donc pas de valeur normative.
« Il faut qu'il y ait un grand cyclone pour obtenir tout ce qu'on réclame depuis tant d'années et à chaque loi de finances », a martelé la sénatrice de Polynésie française Lana Tetuanui (Union centriste), exhortant le ministre à « ne pas défaire ce que nous votons aujourd'hui ». Un vote sur l'ensemble du projet de loi est prévu le 27 mai au Sénat.
Avec AFP