Le périscolaire, un nouvel enjeu fédérateur à Mayotte

Les grands acteurs de l’éducation et du développement économique ont animés ce séminaire dont le recteur Gilles Halbout, Madi Madi Souf, le président de l’association des maires, Bibi Chanfi, élue au développement économique au sein du conseil départemental, et Madi Velou, septième vice-président en charge de l’action sociale ©Mayotte Hebdo

Le périscolaire, un nouvel enjeu fédérateur à Mayotte

Un grand séminaire s’est tenu dans la salle Samuel Paty du rectorat, ce jeudi. Son thème était le développement de l’offre de périscolaire à Mayotte. Initié par le Départemental, cette rencontre a réuni l’Éducation nationale, les élus des communes, la CSSM, la Deal, ainsi que les associations de parents d’élèves. L’animation était assurée par Nadia Toumji, directrice associée du cabinet Verso Consulting auquel le Département a fait appel pour dresser un diagnostic de l’état du périscolaire à Mayotte et envisager des solutions de développement viables stratégiquement et économiquement. Explications de notre partenaire Mayotte Hebdo.

Constatant le gros retard dont souffre Mayotte en termes d’accueil et d’activités périscolaires, le conseil départemental a décidé de « prendre le taureau par les cornes ». Pour cela, il a fait appel au cabinet Verso consulting pour établir un plan de développement dans ce domaine qui respecte les objectifs du Schéma régional de développement économique d’innovation et d’internationalisation (SRDEII). Ce cabinet a donc dressé un état des lieux du périscolaire à Mayotte et établi des perspectives de développement chiffrées. Ne pouvant assumer tout seul cette tâche titanesque, aussi bien techniquement que financièrement, le Département a organisé, ce jeudi 18 août, un séminaire de gouvernance partenariale au rectorat afin d’informer les acteurs concernés de ses projets et de solliciter une participation collégiale.

« L’objectif est d’unir nos forces afin de dépasser la traditionnelle logique de séparation des dispositifs et des compétences qui constitue souvent un frein », affirme le recteur Gilles Halbout, persuadé que le développement du périscolaire sur le territoire contribuera à réduire les actes de violences chez les jeunes. Même si, selon lui, « tout est encore à faire à Mayotte dans ce domaine », cette initiative du conseil départemental suscite son enthousiasme. Les enjeux du périscolaires sont, selon, lui multiples. Ils touchent à la fois le bien-être de l’enfant, l’attractivité du territoire, la dynamisation de la vie culturelle et sportive au sein des communes, le renforcement du tissu associatif, le travail sur le vivre-ensemble et les valeurs de la République et le développement économique via la création de nouveaux emplois.

Un développement qui prend en compte les spécificités locales 

Le cabinet Verso consulting a établi trois grands axes pour mettre en place ce plan de développement. Les offres devront être qualitatives et répondre aux standards nationaux, tout en s’adaptant aux contraintes spécifiquement locales, comme le problème des transports scolaires, le manque d’infrastructures d’accueil, de cantines, la démographie galopante et les rotations qui ont toujours cours dans certains établissements du premier degré. « Les spécificités socio-culturelles seront également prises en compte », ajoute Nadia Toumji.

Le diagnostic dressé en 2020 démontre notamment un manque d’activités pendant la pause méridienne, un manque de professionnalisation des animateurs et un manque de locaux pour accueillir les enfants. « Le partenariat est la clé pour répondre à ces enjeux », estime Madi Velou, le septième vice-président en charge des actions sociales au sein du Département. Le plan de développement du périscolaire préconise donc une implication forte des communes via leur projet éducatif territorial (PEDT), une généralisation de l’offre à l’ensemble des établissements scolaires, la mise en place de cantines, une offre diversifiée et de qualité ainsi que la création d’un parcours de carrière valorisant pour les animateurs. Une feuille de route a d’ores et déjà été établie pour tenter de répondre à ces enjeux avec des pistes de financement. Cette dernière question reste toutefois encore en cours de réflexion. 

Par ailleurs, certains élus communaux insistent sur l’importance d’aller vers les enfants en errance pour les inciter à s’inscrire à ces activités afin de les réinsérer dans le tissu social. « Ce n’est que comme cela qu’on arrivera à sauver nos enfants », estime une élue de la commune de Pamandzi. Les familles seront également beaucoup sollicitées car, comme le rappelle Gilles Halbout, « sans les familles, on ne peut rien faire ! ». La délégation régionale académique à la Jeunesse, à l’Engagement et aux Sports (Drajes) est chargée de cadrer légalement les activités périscolaires et d’accompagner les structures qui souhaitent s’impliquer dans ce domaine. Elle s’assure notamment de la sécurité des enfants, de la cohérence des activités avec les projets d’école et de la professionnalisation des animateurs. « L’adaptation des modèles existants au contexte local ainsi que l’innovation sont au cœur de nos préoccupations », affirme Mme Delarue, la directrice de la Drajes. Cette structure sera également chargée d’aider les communes à mettre en place leur PEDT.

Un financement estimé à 835 millions d’euros

Ce plan de développement de l’offre périscolaire est estimé à 835 millions d’euros. « C’est ambitieux, mais réalisable si toutes les ressources du territoire sont mobilisées », estime Madi Velou. Pour lui, le plus grand investissement concerne la restauration scolaire qui devra faire l’objet d’une concertation avec les maires, mais également la région et le rectorat. 220 millions d’euros seront consacrés au recrutement de professionnels et à la montée en compétences des agents déjà en poste. Le cabinet Verso Consulting insiste sur le potentiel socio-économique de ce plan qui permettra la création de 8.000 nouveaux emplois sur une période de cinq ans. 

Mayotte Hebdo