La Réunion : Technique de l’insecte stérile renforcée, des essais très encourageants contre le moustique vecteur historique de la dengue

© M. Dailloux, Cirad

La Réunion : Technique de l’insecte stérile renforcée, des essais très encourageants contre le moustique vecteur historique de la dengue

Le Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (Cirad) fait état de l'avancée des recherches sur la technique dite de l'insecte stérile menées à La Réunion. Dans son communiqué, l'institution met en avant des essais “très encourageants”, constatant une réduction de la population de moustique Aedes aegypti, cousin du moustique Tigre, de presque 90%.



La lutte entamée contre les moustiques, vecteurs épidémiques de la dengue, zika, chikungunya, se poursuit à La Réunion. L'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), l'Agence Régionale de Santé (ARS), ou encore le Cirad œuvrent ainsi depuis plusieurs années afin de trouver des solutions pérennes quant à la lutte contre les épidémies dues à la forte présence et la prolifération des moustiques vecteurs de ces épidémies, telles que les espèces Aedes albopictus, plus connu sous le nom de moustique tigre, ou encore son cousin, Aedes aegypti.
La technique de l'insecte stérile, dont le Cirad fait état aujourd'hui de l'avancée des recherches, concerne tout particulièrement cette seconde catégorie, l'Aedes aegypti, pour lequel un plan d'introduction d'insecte stérile a été mis en œuvre dans le quartier Vincendo, à Saint-Joseph.

Les résultats de ces premiers tests en situation s'avèrent très encourageants, puisque les chercheurs ont constaté une réduction de population de 88% de ce vecteur historique de la dengue.
Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs du Cirad, en partenariat avec l'IRD, l'ARS Réunion et la participation de la mairie de Saint Joseph, ont relâché 60.000 moustiques mâles, rendus stériles par un traitement à très faible dose au pyriproxyfène, dans la ravine de la rue Damour, quartier Vincendo, où une population isolée d'Aedes aegypti avait été repérée.
Au bilan, la réduction de presque 90% de la population ciblée n'a pas amené d'augmentation de population de son cousin, Aedes albopictus, et aucun impact négatif sur l’environnement n’a été enregistré, ce volet ayant été surveillé avec l'appui de ruches sentinelles et au suivi d’une espèce bio-indicatrice de chironomes, population de diptères ressemblant au moustique, occupant les mêmes gîtes larvaires que la population de moustique ciblée par l'étude.

Pour Jérémy Bouyer du Cirad, coordinateur des essais : “Les résultats sont très positifs et prometteurs, notamment pour le transport à distance des mâles stériles, leur lâcher aérien par drone en zone urbaine, mais aussi en termes d’impact sur la population de moustique cible, et plaident pour l’utilisation à plus grande échelle de la TIS renforcée”.

Ces premiers résultats très encourageants permettent d'envisager un élargissement de cette stratégie de lutte contre les vecteurs épidémiques à La Réunion, comme l'explique Thierry Baldet, entomologiste médical du Cirad et coordinateur du Réseau régional One Health de l'océan Indien (OHOI).
“Pour rendre opérationnelle la TIS dans le cadre d’une stratégie intégrée de lutte antivectorielle à plus large échelle, il faudrait envisager de produire des moustiques mâles stériles à La Réunion en partenariat avec le secteur privé”.

 

Damien CHAILLOT