Selon un nouveau rapport de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), 53 000 personnes âgées de 55 à 64 ans avaient un emploi à La Réunion en 2022, dont deux tiers dans le secteur privé. Parmi l’ensemble de ces seniors, les femmes sont moins en activité que les hommes, avec des emplois majoritairement moins qualifiés (ménages, médico-social). Les hommes de cet âge occupent par contre des postes plus qualifiés de cadres et mieux rémunérés, notamment dans l’agriculture, les activités immobilières, et la fonction publique.
En 2022, les personnes âgées de 55 à 64 ans représentaient 13 % de la population, une part qui a doublé en vingt ans. Parmi ces seniors, 44% d’entre eux avaient un emploi, contre 57% dans l’Hexagone. Cependant, observe l’Insee, « le taux d’emploi des seniors augmente sensiblement depuis 2014 (+4 points). En effet, comme ailleurs en France, les salariés âgés sont amenés à rester plus longtemps en emploi, conséquence notamment des réformes des retraites visant depuis 2010 à augmenter l’âge de départ à la retraite et la durée de cotisation nécessaire à l’obtention d’une pension à taux plein. C’est encore plus le cas à La Réunion où les seniors sont moins nombreux à bénéficier d’une retraite à taux plein ».
Les femmes seniors sont moins souvent employées que les hommes (4 sur 10 contre 5 sur 10) même à un niveau de formation équivalent dans le supérieur (toujours un point d’écart). « Les femmes de 55 ans ou plus en emploi occupent majoritairement des emplois peu qualifiés, d’employés ou d’ouvriers : c’est le cas de 6 femmes seniors sur 10 en emploi, contre 4 hommes sur 10 du même âge. Elles occupent aussi des emplois moins qualifiés que leurs cadettes de 30 à 54 ans, qui bénéficient d’un niveau de formation initiale plus élevé en moyenne », note le rapport.
Quelque 65% des seniors, soit 33 000 personnes, exercent dans le secteur privé, y occupant 16% des emplois, contre 24% dans la fonction publique. D’après l’Insee, « dans le privé, les seniors sont surreprésentés dans quatre secteurs d’activité, dont trois qui offrent des métiers plutôt peu qualifiés: les services aux ménages, l’hébergement médico-social et l’action sociale, et l’agriculture ». Dans le secteur des ménages, la part des seniors est la plus élevée : 35%, deux fois plus en moyenne que dans les autres secteurs du privé. Ce sont quasi exclusivement des femmes qui y travaillent, comme aides à domicile, aides ménagères ou encore assistantes maternelles. Huit fois sur dix, elles sont non diplômées.
C’est dans l’agriculture que les seniors sont les plus représentés avec 30% des emplois. Sur les 2200 agriculteurs environ de 55 ans ou plus, 80% pour cent sont des hommes. « La grande majorité de ces agriculteurs gèrent une exploitation de petite taille : ils sont producteurs de fruits et légumes, de céréales ou encore éleveurs indépendants. Ainsi, seulement 23% des seniors travaillant dans ce secteur sont salariés contre 38 % de ceux âgés entre 30 et 54 ans », souligne l’Insee. Leur niveau de formation est faible : 69% n’ont pas de diplôme contre 56% pour l’ensemble des seniors.
Les seniors sont également très représentés dans le secteur de l’immobilier avec 22% des effectifs du secteur. Les hommes y sont largement majoritaires à 66%. « Dans ce secteur, les emplois offerts sont en moyenne plus qualifiés que dans les autres secteurs du privé. Ainsi, 16% des seniors en emploi sont cadres et 19% exercent une profession intermédiaire. Ces seniors ont un niveau de formation en moyenne plus élevé. Seuls 21% n’ont pas de diplôme et à l’inverse, 25% d’entre eux sont détenteurs d’un diplôme du supérieur », précise l’Insee.
Les seniors sont très présents aussi dans la fonction publique territoriale, y occupant 12 700 emplois, tout en étant sous-représentés dans la fonction publique d’État et la fonction publique hospitalière. Cependant, souligne l’Insee, « Dans la fonction publique territoriale, la majorité des agents seniors ne sont pas titulaires et n’ont pas le statut de fonctionnaire. En effet, à La Réunion, comme dans les autres Drom, les collectivités territoriales ont un recours plus fréquent aux contrats aidés afin de lutter contre le chômage structurel et stimuler l’insertion des personnes les plus défavorisées face à l’emploi, en premier lieu les jeunes et les personnes peu qualifiées, incluant donc les personnes plus âgées. Elles jouent ainsi un rôle d’amortisseur social ».
PM