La Réunion traverse une période économique difficile, marquée par une conjoncture dégradée au quatrième trimestre 2024. Les dernières tendances publiées par l'Institut d'émission des départements d'Outre-mer (IEDOM) soulignent un recul de l'indicateur du climat des affaires, qui perd 1,2 point pour s'établir à 94,4, en deçà de sa moyenne de longue période (100). Cette tendance s'inscrit dans une dynamique baissière amorcée depuis début 2023.
Les chefs d'entreprise expriment un pessimisme croissant quant aux perspectives économiques. Leurs prévisions d'investissement pour 2025 se dégradent, tandis que les soldes de gestion (trésorerie, charges d'exploitation et délais de paiement) restent négatifs. La consommation des ménages demeure faible, en témoigne l'augmentation de 28,8 % des dossiers de surendettement déposés à l'IEDOM en un an. Les importations de biens de consommation durables reculent de 8,6 % sur le trimestre, traduisant une demande atone.
Un marché du travail stagnant
La situation de l'emploi peine à s'améliorer. Le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A progresse de 1,0 % sur le trimestre, atteignant 115 460 personnes. Le secteur privé commence à enregistrer des pertes d'emplois, tandis que l'intérim poursuit son repli (-14,5 % sur un an). Les contrats aidés en parcours emploi compétence diminuent de 9,4 % sur le trimestre, accentuant la fragilité du marché du travail.
Des secteurs économiques sous tension
L'activité dans le secteur du commerce reste morose. Le marché automobile se montre instable, avec une baisse de 15,9 % des immatriculations de véhicules neufs sur un an. Le tourisme subit une légère dégradation, avec un recul de 2,1 % du nombre de nuitées hôtelières au quatrième trimestre. Le secteur manufacturier enregistre une contraction de son activité pour le troisième trimestre consécutif. En revanche, la construction et l'agroalimentaire montrent des signes de stabilisation en fin d'année.
L'impact attendu du cyclone Garance
Alors que l'économie réunionnaise peine à retrouver son dynamisme, l'arrivée du cyclone Garance suscite des inquiétudes supplémentaires. Les chefs d'entreprise craignent une détérioration supplémentaire des prévisions d'activité et d'investissement pour le début de l'année 2025. Malgré une inflation qui ralentit et passe sous les 2 % (+1,3 % en glissement annuel), la relance de la consommation et de l'investissement reste incertaine. L'évolution de la conjoncture au premier trimestre 2025 dépendra en partie des conséquences du passage du cyclone sur les infrastructures et les activités économiques de l'île.
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Damien Chaillot
