La Réunion : Campagne sucrière 2024, un bilan alarmant pour le territoire selon la chambre d'agriculture

© Emmanuel Virin / IRT

La Réunion : Campagne sucrière 2024, un bilan alarmant pour le territoire selon la chambre d'agriculture

La campagne sucrière 2024 s’achève sur un constat historique : avec seulement 1,13 million de tonnes de cannes broyées et une richesse saccharimétrique de 12,96, elle s'inscrit comme la pire saison jamais enregistrée dans l’histoire sucrière de La Réunion. Ces chiffres confirment une tendance préoccupante pour la filière, marquée par un déclin continu.


Selon les données de la Chambre d’agriculture, le tonnage de cannes broyées est non seulement inférieur à celui de 2023, mais aussi bien en deçà des moyennes décennales. En comparaison, 2015 avait atteint 1,89 million de tonnes, et la richesse saccharimétrique culminait à 13,91 en 2014. Cette année, la filière a perdu près de 750.000 tonnes et un point de richesse par rapport à la décennie précédente.

Une campagne marquée par des difficultés

Outre les résultats décevants, la campagne 2024 a été perturbée par divers problèmes : retards dans les livraisons, pannes techniques, et grèves ont rythmé les 49 semaines de travail nécessaires à la réception et à la transformation des cannes dans les 12 centres du département. Les usines de Bois-Rouge et du Gol ont d’ailleurs clôturé leurs opérations avec deux semaines de retard.

La dégradation de la filière est attribuée à une combinaison de facteurs : Manque de main-d’œuvre ; Réduction des terres agricoles disponibles ; Limitation des solutions alternatives pour la lutte contre les adventices ; Aléas climatiques impactant les récoltes ; Revenus insuffisants pour les planteurs, avec 42,7 % des ménages agricoles vivant sous le seuil de pauvreté.

Des mesures urgentes demandées

Face à cette situation critique, la Chambre d’agriculture appelle à des actions rapides et concrètes. Parmi les demandes, figurent : Le versement anticipé des aides, dont le solde de campagne et la prime bagasse, pour garantir la trésorerie des planteurs ; La reconnaissance de l’état de calamité agricole pour la filière canne ; Une aide exceptionnelle pour soutenir les exploitants les plus touchés.

Des perspectives pour 2025

Pour redresser la filière, plusieurs initiatives sont en cours. Le préfet de La Réunion a sollicité une étude sur les modes de paiement des cannes, avec des résultats attendus avant la mi-2025. Par ailleurs, des États généraux de la canne et de l’agriculture réunionnaise sont programmés pour le premier trimestre 2025, avec pour objectif de bâtir une filière plus résiliente et durable.
Enfin, une réforme des statuts du Comité Technique Interprofessionnel de la Canne et du Sucre (CTICS) est réclamée pour garantir une meilleure représentation des planteurs.
Le défi est immense pour relancer une culture emblématique de La Réunion et assurer la pérennité d’une filière essentielle à l’économie locale. 

Damien CHAILLOT