Le conseil des ministres de Polynésie a validé ce mercredi, dans des projets de délibération qui restent à être votés à l’assemblée, le versement d’aides financières à des associations humanitaires œuvrant au Vanuatu, tout juste touché par un séisme destructeur, et à Mayotte, balayée par le cyclone Chido. Un appel public aux dons financiers pourrait compléter cette aide, ainsi que la mobilisation de soignants polynésiens pour renforcer les secours coordonnés par l’armée. Mais pour Moetai Brotherson, il n’est pas question d’affréter le Tahiti Nui ou de lancer une campagne de dons en nature, des options jugées trop coûteuses ou pas assez efficaces. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Une même discussion pour deux catastrophes ce matin, en conseil des ministres. Le gouvernement polynésien avait déjà prévu d’étudier un geste financier à l’égard de Mayotte, dévastée samedi dernier par le passage du cyclone Chido. S’est ajouté, lundi, un désastre beaucoup plus proche de la Polynésie : le Vanuatu a été secoué par un puissant tremblement de terre qui a provoqué d’importants dégâts, jusqu’à des effondrements d’immeubles entiers, dans la capitale Port-Vila.
Les opérations de secours sont toujours en cours, et à ce stade, 9 morts ont été officialisés par les autorités, dont un ressortissant français retrouvé dans les décombres d’un bâtiment effondré dans le centre-ville. Le bureau des Affaires humanitaires de l’ONU s’attend à des conséquences bien plus graves : « quelque 116 000 personnes pourraient être affectées par les pires impacts du séisme » comme le relate l’AFP.
C’est dans ce contexte que l’exécutif polynésien a adopté deux projets de délibération, qui reste à être votés à Tarahoi. Ils prévoient une aide financière de 3 millions de Fcfp (25 140 euros) à l’égard de Mayotte, et de 5 millions (41 900 euros) pour le Vanuatu.
La Croix-Rouge au Vanuatu, un organisme à définir à Mayotte
Des montants fixés « en fonction des possibilités budgétaires » et « en référence à ce qui s’est fait par le passé », précise le président Moetai Brotherson. En 2017, quand l’ouragan Irma avait frappé Saint-Barthélemy et Saint-Martin, le gouvernement Fritch avait débloqué 3 millions de francs par collectivité.
Les aides, si elles sont validées par l’Assemblée locale, qui doit ouvrir une session extraordinaire ce jeudi, « vont être fléchées vers les organismes les plus efficaces », reprend le président du Pays. Au ministère de l’Intérieur de les désigner pour ce qui est de Mayotte. « Pour le Vanuatu on a eu une réunion hier avec le Haut-commissariat, dont les services sont en relation avec le dispositif Franz (France – Australie – Nouvelle-Zélande) qui est déjà déployé. On nous a fait remonter que l’organisme adéquat serait la Croix-Rouge ».
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Les particuliers pourront-ils participer à cet effort de solidarité, notamment pour le Vanuatu, comme certains en ont exprimé la volonté ? À voir. « On proposera peut-être aux Polynésiens de se joindre à l’action du gouvernement en faveur de la Croix-Rouge pour le Vanuatu, ce sera le plus simple », répond Moetai Brotherson. « Envoyer des vêtements, de l’eau et les produits de première nécessité, depuis la Polynésie, ça serait assez inefficace. Le voisin le plus direct c’est la Nouvelle-Calédonie et tous les premiers secours sont déjà en route. Le plus efficace, c’est une contribution financière en faveur de la Croix-Rouge, qui est sur place ».
Pas d’affrètement de bateau, mais des soignants « mobilisables » pour le Vanuatu
Le Pays avait aussi, lors de certaines catastrophes naturelles passées, mis en œuvre ses moyens humains et logistique : l’affrètement du Tahiti nui après l’éruption du Hunga Tonga à Tonga début 2022, ou l’envoi de pompiers lors des graves incendies qu’avaient connu l’Hexagone quelques mois plus tard.
Dans l’autre sens, la Polynésie avait reçu des renforts de soignants de l’Hexagone et de la Nouvelle-Calédonie pendant la grande vague Covid de 2021. « On a du personnel soignant mobilisable dans le cadre du dispositif Franz pour le Vanuatu et ils sont dans l’attente, il ne s’agit pas de déployer des personnes dont on n’aurait pas besoin une fois arrivés là-bas. On attend d’avoir les retours, deux fois par jour, de ce qui est déjà déployé », précise le président du Pays, ajoutant que ces envois de soignants ou d’autres personnels militaires et civils venus de Polynésie sont « coordonnés par l’armée ».
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Quant à la possibilité d’affréter un bateau de la flottille administrative, elle est exclue. « L’affrètement du Tahiti Nui, c’est 20 millions. C’est une dépense fixe qui viendrait obérer tout le dispositif qui serait mis en œuvre ». Le maire de Pirae Édouard Fritch a en outre proposé au Haut-commissaire « de constituer une équipe intercommunale de sapeur-pompiers » pour « s’associer aux secours organisés en faveur de nos frères et voisins du Pacifique ». Une proposition qui n’a pas encore trouvé de réponse officielle du côté de l’État.
L’aide française au Vanuatu, perturbée par la réponse massive des autorités à la situation de Mayotte, mais tout de même importante, puisque 2300 ressortissants vivent dans l’archipel de Mélanésie, est coordonnée depuis la Nouvelle-Calédonie. Comme le relate notre partenaire LNC, un Casa de l’armée, chargé de matériels et produits de premiers secours, a décollé depuis la Tontouta ce mercredi matin (jeudi sur place) vers Port-Vila où l’aéroport a été fermé à la circulation commerciale, et où des ingénieurs français avaient déjà installé des équipements de communication et avaient déjà déclaré la piste opérationnelle.
L’Australie et la Nouvelle-Zélande avaient déjà déployé, la veille, plusieurs dizaines de professionnels de santé et des secouristes. Les États-Unis, dont l’ambassade fait partie des immeubles effondrés par le séisme, ont aussi proposé leur aide.
Charlie René pour Radio 1 Tahiti