Guyane : Les professionnels de santé de la Croix Rouge victimes d'intimidation

Guyane : Les professionnels de santé de la Croix Rouge victimes d'intimidation

Alors qu'une équipe de la Croix-Rouge intervenait ce lundi 20 septembre à Cayenne, des manifestants sont intervenus sur le site, au pied de Petit-Lucas, scandant leur désapprobation quant à l'obligation vaccinale, avant de tenter de démonter l'installation du site. L'intervention des ouvriers des moyens généraux appelés en renfort, puis des gendarmes, ont permis le départ des équipes sans heurt.

À l'image des violences verbales quotidiennes déplorées dans des centres de vaccination, l'intervention de manifestants sur le site mobile de la Croix-Rouge, installé piste Tarzan afin d'opérer auprès des populations les plus défavorisées, est une nouvelle étape de difficultés rencontrées par les équipes de soignants depuis la mise en œuvre du pass sanitaire.

Installé aux alentours de 10 heures ce lundi 20 septembre au pied du mont Petit-Lucas, là où de nombreuses associations s'installent régulièrement depuis des années pour venir au contact des habitants les plus précarisés des alentours dans le cadre de missions de prévention ou de consultations médicales, trois médiateurs, trois secrétaires, quatre infirmiers et un médecin recevaient le public sous les barnums installés pour l'occasion. 

Environ une heure plus tard, un groupe de manifestants investissait les lieux, haut-parleur à la main, scandant contre la politique mise en œuvre, la vaccination et le pass sanitaire. Des habitants venus sur place ont alors commencé à quitter les lieux, tandis que des manifestants venaient grossir les rangs des opposants, formant un groupe d'une cinquantaine de personnes.

Il était reproché à la Croix-Rouge de vacciner des gens en grande précarité, démunis, faibles, qui ne pouvaient pas se défendre. Devant le nombre de manifestants, dont certains ont souhaité démonter les tentes de consultation, les salariés, aidés des ouvriers des moyens généraux appelés en renfort, ont dû ranger le matériel et quitter les lieux. Les gendarmes sont arrivés, facilitant le départ des salariés”, explique la Croix-Rouge.

La directrice de l'Agence Régionale de Santé (ARS) de Guyane, Clara de Bort, a immédiatement réagi, apportant “son soutien plein et entier aux professionnels de santé et associations qui interviennent sur le territoire”, et rappelant que cet événement relevait “d’actes inacceptables, qui tombent sous le coup de la loi”. Cette altercation n'est pas une première sur le territoire, à l'image d'une intervention de la Croix-Rouge programmée vendredi 17 septembre au Village chinois à Cayenne, bloqué par des cadenas surmontés d'une pancarte “Non au vaccin Covid-19”, ou encore les actes d'intimidation verbales, parfois extrêmement virulents, constatés au centre de vaccination de l'Encre à Cayenne.

Souvent, relate l'un des soignants du centre, il s'agit de tentative d'obtention de passe-droits, des personnes tentant d'obtenir le pass sanitaire sans se soumettre à la vaccination requise : “C’est quand cela leur est refusé qu’ils s’énervent, qu’ils te prennent de haut, que ça commence à dégénérer. Cela arrive plusieurs fois par jour”. Au centre hospitalier de Kourou également, à l’Apajh, ou encore hier matin devant l’Esat Ebène, à Cayenne. L’ARS a notamment été informée d’un incident “entre la chef de service et des grévistes qui se sont introduits dans l’enceinte. Il y a eu une vive altercation lorsqu’elle a découvert qu’ils bloquaient l’accès à une porte de secours, afin de pouvoir rentrer dans l’établissement. En outre, ils avaient mis les caméras de surveillance hors d’état de fonctionner”.

La directrice de l'ARS, Clara De Bort, a annoncé avoir saisi le procureur de la République. Une position réaffirmée sur twitter : “Intimidations inacceptables de professionnels de la Croix-Rouge, et de personnes vulnérables venues se faire vacciner. Je saisis de nouveau le Procureur de la République et adresse mon soutien indéfectible aux professionnels de santé de Guyane”.

Damien Chaillot