En présence du préfet de Mayotte, le recteur Jacques Mikulovic a présenté le projet académique du département pour la période 2023- 2027. Les constructions scolaires et la maîtrise des savoirs fondamentaux sont au cœur des préoccupations. Précisions avec notre partenaire France Mayotte Matin.
Pour le recteur, trois objectifs centraux pour ce projet académique : renforcer par tous les moyens la maîtrise des savoirs fondamentaux. Le recteur regrette que 46% des élèves soient encore en situation d'illettrisme à la fin de l'école primaire ce qui handicape forcément la poursuite de leur éducation et complique la réussite scolaire. L'académie de Mayotte devient expérimentale pour pouvoir adapter les parcours aux qualités de chacun et permettre ainsi de lutter contre le décrochage et d'accentuer la réussite ; c'est une démarche expérimentale qui verra le jour à la rentrée. Enfin la volonté pour l'académie de Mayotte est de pouvoir développer la voie professionnelle sur le département pour mieux orienter les jeunes, diversifier les formations pour les intéressés et surtout faciliter leur insertion professionnelle sur des métiers en tension.
Cependant la difficulté à laquelle est confrontée le rectorat, est purement démographique. En 10 ans, de 2016 à 2025 les écoles de Mayotte vont devoir absorber quelques 20 000 élèves supplémentaires ce qui constitue un challenge considérable, les effectifs augmentent dans le premier degré, donc tel un vase communicant, ils augmentent ensuite dans le 2nd degré puis au lycée. Pour la rentrée prochaine, le déficit en place est d'environ 5 300 places ; les collèges vont pouvoir accueillir 24 988 enfants quand 30 299 sont attendus… Les conditions d'apprentissage des enfants seront donc forcément impactées, le déficit au lycée pour la rentrée sera de 2 200 places. Il faut donc construire beaucoup plus et beaucoup plus rapidement, le rectorat s'oriente donc vers la mise en place de cités scolaires qui regroupent sur un même site un collège et un lycée quand bien même les 2 établissements sont indépendants, la cité scolaire offre la possibilité de mutualiser des hubs de transport, les cuisines scolaires et également les infrastructures sportives. Ils ont le désavantage de concentrer sur la même zone beaucoup beaucoup d'enfants avec tous les risques de débordement que cela peut impliquer en termes de sécurité. Cette stratégie pour construire les établissements scolaires est aussi un moyen de limiter les délais de construction dès qu'un foncier est maîtrisée, on utilise tous les espaces pour répondre aux besoins. C’est ainsi qu’un collège sera rajouté sur le terrain du lycée des métiers du bâtiment à Longoni.
Le recteur a aussi fait un point sur la rentrée scolaire, il espère que pour le 18 août tous les postes d'enseignants seront pourvus ce qui pour l'instant n'est pas encore acquis, les recrutements sont en cours confirme-t-il. Il confirme également : « Chaque établissement du 2nd degré est équipé d'une cuve pour les sanitaires, nous allons tout faire pour ne pas être obligé de fermer les écoles en journée car on le sait les journées sans école c'est du temps scolaire qui manque aux enfants pour leur réussite ». Si l'eau pour les sanitaires semble sous contrôle, la disponibilité de l'eau potable, elle, reste en suspens. Il appartiendra probablement aux parents de fournir l'eau potable de leurs enfants au travers des gourdes qui pourraient leur être remises. Une rentrée 2023 qui risque d'être perturbée par la crise de l'eau en plus des tensions importantes sur les effectifs d'élèves à scolariser.
Par Anne-Constance Onghéna pour France-Mayotte Matin