Desserte aérienne : La compagnie aérienne de Mayotte Ewa Air pilotée par des Mahorais

Desserte aérienne : La compagnie aérienne de Mayotte Ewa Air pilotée par des Mahorais

Les conditions sanitaires s’améliorent à Mayotte, les personnes dont le processus de vaccination est arrivé à terme vont pouvoir se passer des motifs impérieux pour se déplacer en dehors de l’île, les vacances approchent, les uns et les autres espèrent pouvoir profiter d’un peu de répit après un début d’année 2021 rempli de restrictions, de contraintes et de lourdes incertitudes. Un sujet de France Mayotte Matin. 

Le Gouvernement pendant la crise sanitaire a maintenu un certain nombre de dispositifs d’aides pour soutenir les entreprises « quoi qu’il en coûte », il commence maintenant à parler activement de plan de relance et du maintien des aides mais cette fois en met- tant en avant le « cousu main ». 

Plusieurs secteurs d’activité́ ont été touchés notamment celui du tourisme or ce secteur est pourvoyeur de nombreux emplois locaux. Il est en un que l’on connait mal c’est celui de pilote d’aéronef. Or Mayotte compte plusieurs pilotes d’avion qui ont suivi les qualifications, deux sont en poste chez Ewa Air, Fernand Keisler et Zidine Abdallah sont les deux pilotes de la compagnie, ils sont mahorais. D’autres jeunes gens, au moins 5, sont actuellement dans des écoles de formation pour devenir eux aussi des pilotes mahorais. 

Passionnés d’aviation, Fernand Keisler et Zidine Abdallah ont suivis des études en aéronautique avant de choisir l’un et l’autre de revenir sur leur île pour participer au développement de celle-ci. La formation de pilote dure deux années au minimum puis les pilotes poursuivent les qualifications pour pouvoir voler sur différents types d’appareil. Zidine travaille chez Ewa depuis deux ans, avant il était pilote chez ATR et Fernand a rejoint l’entreprise en 2016, c’est lui qui a convoyé l’un des deux avions neuf qu’Ewa a acheté́ il y a quelques années depuis l’usine de production dans l’Hexagone jusqu’à l’île au lagon. 

Pour l’un comme pour l’autre, si l’aviation est une passion, la compagnie Ewa Air est un choix murement réfléchi. Pour les deux pilotes deux raisons majeures à ce choix ; la première, participer au développement de Mayotte. L’autre raison c’est travailler dans une entreprise dynamique. « Une carrière chez Ewa, c’est comme une carrière dans une autre compagnie, l’entreprise offre à ses pilotes et plus largement à son personnel des évolutions de carrière qui nous laissent la possibilité d’envisager des trajectoires intéressantes » justifie Fernand Kesleir. 

Les deux pilotes mahorais expliquent aussi qu’ils sont assez surpris d’entendre dire que Ewa n’est pas une compagnie mahoraise. Ils rappellent que le capital social est détenu en grande partie par des mahorais dont la Chambre de Commerce et d’Industrie. Ils précisent également que 80% des salariés de la compagnie sont des mahorais, ceux qui ne le sont pas c’est plutôt faute de compétences locales que pour une autre raison. 

Ils expliquent aussi que la compagnie est en développement sur la zone, avant la fin de l’année Ewa va proposer des vols vers l’île de La Réunion puis vers l’île Maurice. Ce développement nécessite l’obtention d’un certificat de transport aérien, des postes spécifiques doivent être créés à cette fin, ce sont des mahorais qui les prendront et mieux encore des salariés qui évoluent dans l’entreprise. 

Par ailleurs, l’acquisition d’un avion permettant d’effectuer des vols moyen courrier va permettre aussi aux pilotes de se positionner. Si Zidine Abdallah réfléchit à cette possibilité de voler sur ce type d’appareil, ce qui nécessiterait pour lui de se former pour acquérir les certificats nécessaires, Fernand Kesleir envisage plutôt sa trajectoire professionnelle en pilote instructeur. Grâce aux programmes de formation interne, il a déjà̀ réussi à devenir instructeur pour les échanges entre l’avion et l’ensemble des acteurs qui opèrent autour de celui-ci, c’est-à-dire les clients à bord, mais aussi les tours de contrôle, les personnels des aéroports ... 

Néanmoins, les deux pilotes se disent frustrés par la situation actuelle, depuis 1, 5 ans ils ont très peu volé et ont maintenu leurs certificats grâce à la formation interne. Ils ont hâte que le ciel rouvre. Ils entrevoient l’avenir avec de l’optimisme. En effet, le ciel comorien est déjà rouvert, Madagascar se préparerait également à rouvrir le sien pour le début du mois de juillet. En attendant, les frontières de Mayotte sont encore fermées aux vols commerciaux venant de l’étranger jusqu’au 9 juin. Le préfet devra ensuite préciser si la fermeture est prolongée ou si l’ouverture des frontières se met de nouveau en place.

Si les frontières ouvrent, Ewa pourra reprendre sans délai ses rotations vers l’Union des Comores, en 48h, les avions pourront de nouveau décoller. Les vols vers Dar Es Salam pourront aussi reprendre dans les mêmes délais. S’agissant de Madagascar, une source proche du dossier avance que les vols en provenance de l’étranger pourraient être autorisés vers Tamatave et Nosy Be. Bonne nouvelle pour Ewa, cette dernière est une destination régulière. Les deux pilotes se disent très heureux de reprendre leurs places dans le poste de pilotage dans les prochaines semaines. 

Anne Constance Onghéna pour France Mayotte Matin.