Délinquance à Mayotte : La section de lutte contre la cybercriminalité sera effective en juin

Délinquance à Mayotte : La section de lutte contre la cybercriminalité sera effective en juin

La semaine dernière, la mairie de Mamoudzou publiait un communiqué pour alerter sur les faux profils Facebook portant le nom du maire ; une affaire loin d’être inédite mais qui soulève tout de même la question du traitement de la cybercriminalité. Quels sont les ressorts en vigueur pour lutter contre ce fléau, certes encore minime dans le 101ème département, mais qui gagne à se propager dans les temps à venir ? Un article de notre partenaire France Mayotte Matin

 

Face à ce délit des temps modernes et sa perpétration à Mayotte, les réactions de la gendarmerie et du parquet de Mamoudzou sont similaires : « l’enjeu actuel de la cybercriminalité à Mayotte n’est pas celui qu’on a ailleurs. On a d’autres problèmes prioritaires ». A la vue des nombreuses dérives de la délinquance sur l’île au lagon, on a effectivement vite fait d’oublier ce qui pourrait sembler un sujet de niche, surtout au sein d’un territoire indéniablement marqué par sa fracture numérique. Pourtant, il existe à cette heure un enquêteur nouvelle technologie à la section de recherche de la gendarmerie, qui officie sur le sujet.

En cas de plainte liée à une attaque cybernétique ( escroquerie en ligne, etc.), la brigade territoriale de la gendarmerie prend la plainte, et si besoin d’investigation, les enquêteurs de la brigade sont à même de pouvoir opérer des actes techniques soit sur des objets saisis, directement sur internet, ou en faisant des réquisitions auprès d’opérateurs internet avec qui il existe déjà des conventions, des protocoles de travail : il s’agit alors d’une simple réquisition à mener. L’enquêteur officier de police judiciaire, comme nous l’explique la gendarmerie, a déjà des connaissances et une formation sur le travail d’investigation à mettre en œuvre.

En revanche, la tâche peut s’avérer plus ardue avec des opérateurs auprès de qui la gendarmerie n’a encore établi aucune convention, ou ceux pas encore ciblés par des protocoles officiels. Lorsque cela devient trop compliqué pour l’enquêteur (l’officier de police judiciaire), c’est l’enquêteur nouvelle technologie de la section de recherche qui récupère le dossier pour mener à bien les investigations.

Et si à Mayotte ce type de contentieux est loin d’être « celui qui fait le plus de mal » selon la gendarmerie, un deuxième service s’apprête à voir le jour. En juin, les agents de la nouvelle section opérationnelle de lutte contre la cybercriminalité seront formés. Ces professionnels seront amenés à intervenir sur des procédures, ou à intervenir sur des investigations techniques, etc.... Des agents qui se montreront utiles sur tous les types d’enquêtes liées au web d’une façon ou d’une autre.

Un axe de délinquance peu prioritaire ?

Selon le parquet de Mamoudzou, la cybercriminalité n’est pas «un contentieux prioritaire à Mayotte », ni « une priorité du parquet ». Certes, à la vue des problématiques actuelles du 101ème département et vu l’ampleur de la violence physique qui y règne presque quotidiennement, le sujet semble presque dérisoire. Pourtant la problématique est bien réelle, et
pourrait gagner en ampleur dans les temps à venir. La cybercriminalité existe bien à Mayotte. Chaque année, l’émergence de faux comptes Facebook de maires en atteste, avec récemment la multiplication de ceux d’Ambdilwahedou Soumaila, ou encore ceux de Mohammed Majani il y a quelques temps. Des faits qui peuvent sembler anodins mais qui relèvent, dans les faits, de l'usurpation d’identité.

Et si Mayotte réussit à relever ce défi majeur qu’est l’abolition de cette fracture majeure du numérique à laquelle est soumis le territoire, une problématique sur laquelle nombre d’acteurs se penchent, notamment via la création des Assises du Numérique, la question de la cybercriminalité pourrait devenir entière, et l’anticipation sera alors de mise.

Mathieu Janvier pour France Mayotte Matin