Trois mois après le cyclone Chido, les habitants attendent toujours la reconstruction. Malgré 42,7 millions d’euros collectés par la Fondation de France et 65 projets engagés, la reconstruction tarde à être visible pour la population. Les sinistrés, souvent sans assurance ni titre de propriété, vivent toujours dans la précarité. Entre urgence et tensions, l’attente demeure. Un sujet de notre partenaire France Mayotte Matin.
Trois mois après le cyclone Chido, la Fondation de France dresse un premier bilan de son action. Grâce à un élan de solidarité, l’organisation a récolté 42,7 millions d’euros auprès de 338 000 donateurs. 6,2 millions d’euros ont été engagés pour financer 65 projets, dont cinq spécifiquement dédiés à « mettre à l’abri les populations et sécuriser l’habitat ».
Les premières aides ont permis de répondre aux urgences : distribution alimentaire, soutien logistique et prévention d’une catastrophe humanitaire. Mais sur le terrain, les défis restent nombreux. « La situation à Mayotte demeure très préoccupante. Malgré les dispositifs mis en place, en particulier par les associations que nous soutenons, des difficultés persistent, notamment en matière de distribution des aides de première nécessité (eau, alimentation). Un autre défi majeur est d’arriver à donner de la visibilité aux habitants sur les aides disponibles et les délais d’attente », explique Karine Meaux, responsable du pôle Urgences de la Fondation de France.
Si une crise sanitaire a pu être évitée, le climat social, lui, reste sous tension. Les besoins sont immenses et l’impatience grandit. Environ 35 millions d’euros restent à répartir, et la priorité pour beaucoup est désormais la reconstruction. De nombreuses familles ne peuvent toujours pas regagner leur domicile, faute de travaux engagés, voire vivent dans des conditions dégradées avec des logements partiellement détruits. La réalité locale complique encore la situation.
À Mayotte, une grande partie des sinistrés ne sont pas assurés et occupent leur logement sans titre de propriété, un phénomène courant sur l’île. Pourtant, ils ne sont pas sans droit ni titre, mais des occupants coutumiers. Une problématique de fond qu’il faudra résoudre, mais qui, pour l’heure, laisse de nombreux habitants sans solution viable. Il s’agit d’abord de leur permettre de retrouver un toit et de vivre dans des conditions dignes. Observer les étoiles ou dormir à la belle étoile peut avoir un charme poétique, mais à Mayotte, c’est surtout le désespoir qui l’emporte avec les nombreux logements aux toitures toujours éventrées.
« Le mois dernier, nous nous sommes rendus sur place pour lancer des projets pilotes visant à sécuriser les habitats fragilisés, prévenir les risques de glissements de terrain et accompagner les habitants dans la réparation de leurs logements », précise Karine Meaux. L’espoir que les dons accélèrent la reconstruction est là, mais la lenteur du processus pèse lourdement sur le moral des sinistrés.
Anthony Maltret pour France Mayotte Matin