Biodiversité : Le petit duc de Mayotte, une espèce endémique menacée par la déforestation

© GEPOMAY

Biodiversité : Le petit duc de Mayotte, une espèce endémique menacée par la déforestation

À une heure où la préservation de l’environnement s’affiche sur le devant de toutes les scènes, la question de la valorisation du patrimoine de biodiversité mahoraise prend d’autant plus d’importance. Des nombreuses espèces qui peuplent l’île au lagon, il en est certaines plus menacées que d’autres. Des animaux en péril d’extinction imminente à ceux, plus communs, dont la pérennité semble assurée, les lignes tendent à se flouter tant les pressions anthropiques sont intenses sur l’île. C’est le cas du petit duc de Mayotte dont la population est considérée stable à ce jour mais sur lequel la déforestation massive pourrait bien avoir un impact...Un article de notre partenaire France Mayotte Matin 



Appartenant à la famille des Strigidés, le petit duc de Mayotte est de ces rapaces nocturnes inféodés aux milieux forestiers que l’on n’aperçoit quasiment jamais en plein jour. Se cachant jusqu’à la nuit tombée, le volatile est dificilement observable et l’on en sait encore peu sur l’espèce, en dépit de ses hululements facilement reconnaissables. Du haut de ses 24 centimètres et doté d’un plumage brun tirant sur le gris, le petit duc se nourrit principalement d’insectes, mais les scientifiques supposent qu’il se nourrit également de petit vertébrés. Bien qu’il soit le seul hibou de Mayotte, l’on ignore également beaucoup sur l’écologie de l’animal, tout comme les modalités de sa reproduction et ses comportements nuptiaux.

D’abord considéré comme une sous-espèce du petit duc malgache, le petit duc de Mayotte a finalement été reconnu en tant qu’espèce à part entière, qui plus est endémique de Mayotte, et qui
n’existe donc nulle part ailleurs. Contrairement à bon nombre de volatiles mahorais, la population du hibou mahorais est relativement stable, classée parmi les espèces dont la préoccupation est
jugée mineure au sein de la liste rouge de l’UICN. Et pourtant, à l’instar de l’ensemble de l’environnement local d’une île classée hotspot de biodiversité mondiale, cela n’empêche pas l’espèce d’être confrontée à des périls liés aux pressions anthropiques. Et parmi celles-ci, la déforestation occupe une place majeure. Il y a un an, l’UICN publiait une lettre ouverte annonçant que près de 1400 hectares de forêts ont disparu entre 2011 et 2016, soit un taux de déforestation annuel de 1,2 %. Face à la destruction généralisée de son environnement, difficile d’imaginer un avenir radieux pour le petit duc, à l’instar de ses congénères aîlés...

Bonne nouvelle néanmoins, la création le 3 mai dernier de la réserve naturelle des forêts de Mayotte, un espace de 2801 hectares dédiés à la préservation de la forêt primaires. L’occasion peut-être, selon l’association Gepomay tout du moins, de mettre en place de nouveaux suivis scientifiques pour en apprendre plus sur cette espèce qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde.
 

Mathieu Janvier