À Mayotte, 5ème visite pour Manuel Valls entre relance, gestion des déchets, reconstruction et défis environnementaux

©Ministère des Outre-mer

À Mayotte, 5ème visite pour Manuel Valls entre relance, gestion des déchets, reconstruction et défis environnementaux

Le ministre des Outre-mer a effectué sa cinquième visite à Mayotte depuis sa nomination. Entre rencontres avec les forces de l’ordre, gestion des déchets, infrastructures scolaires sinistrées par le cyclone et chantiers environnementaux, il a dressé un état des lieux des avancées réalisées mais aussi des difficultés persistantes. Un sujet de notre partenaire France Mayotte Matin.

Le ministre des Outre-mer Manuel Valls s’est posé hier matin avec un peu de retard sur le 101e département français. C’est sa 5e visite sur l’île depuis qu’il a été nommé ministre d’État, ministre des Outre-mer en décembre dernier. Après une première séquence de travail à la préfecture autour du préfet et des cadres, il a pu entamer les visites sur le terrain. Comme à son habitude, il a passé beaucoup de temps à écouter et à questionner pour comprendre précisément les points de blocage.

Il a commencé par aller à la rencontre des policiers de la DTPN, un moment plutôt convivial qui a permis de faire une grande photo de famille mais également de se rendre compte que certaines personnes affectées à Mayotte, originaires de l’île, ont milité de manière volontaire pour pouvoir rentrer en famille et protéger la population. « Ça fait plaisir de revenir chez soi, j’ai déjà été affecté ici par le passé avant de partir, là je voulais vraiment revenir, c’est la galère d’arriver à venir mais j’y suis et je suis heureux », explique un policier nouvellement affecté sur l’île alors qu’il en est originaire.

Puis le ministre a poursuivi sa route vers une visite du collège Bouéni M’titi à Labattoir avant de se rendre au Sodicash de Labattoir. Manuel Valls peaufine son texte de loi pour encadrer la vie chère dans les Outre-mer, il a donc pu avoir une attention toute particulière sur les prix. Il s’est d’ailleurs intéressé au prix de l’eau pour découvrir la réalité vécue par les Mahorais lorsqu’ils passent à la caisse.

Le ministre est ensuite allé sur le site TDF des Badamiers, un site exploité par le Sidevam et qui est l’une des zones tampons de déchets mises en place après le passage du cyclone Chido. Lors d’une de ses précédentes visites, 50 tonnes de déchets étaient stockées sur ce site. Il n’en reste plus aujourd’hui que 10, montrant les progrès.

« La gestion des déchets avec la reprise de l’activité économique et la vie de tous les jours provoque des difficultés qu’il faut traiter. Il reste beaucoup à faire et ça prend du temps. On est passé d’une zone tampon de 50 tonnes à 10 tonnes, on mesure le travail fait. Nous nous étions vus à l’occasion de l’un de mes premiers déplacements, nous avons dit que c’était une priorité, l’État et le préfet ont été mobilisés avec des dépenses d’urgence, 19 millions d’euros versés à ce titre », explique le ministre avant de poursuivre : « Dans le cadre de la loi d’urgence votée en début d’année, j’ai défendu et obtenu que le Sidevam soit exonéré de la TGAP. Puis j’ai défendu la prolongation de cette exonération, je l’ai obtenue jusqu’en 2030 ».

Une vraie bouffée d’oxygène pour les finances du Sidevam, sans aucun doute, mais qui ne résout pas l’un des problèmes structurants de la gestion des déchets en Petite Terre : celui de la barge, qui ne permettra pas, au rythme actuel, de tenir les objectifs fixés de débarrasser le site TDF des Badamiers pour le mois de novembre. Les spécialistes du Sidevam ont demandé au ministre de l’aide pour venir à bout de ce dossier.

Ali Omar, le vice-président du Conseil départemental chargé entre autres de la gestion des barges, a rappelé que trois barges étaient toujours en réparation et que le rythme actuel était sûrement insuffisant pour satisfaire les besoins du Sidevam. Et c’est à cette occasion que le vice-président a pu expliquer au ministre que la rédaction des cahiers des charges pour acheter les nouvelles barges de grande capacité, censées faire la liaison entre le port de Longoni et la Petite Terre, était en cours de rédaction, bien loin des engagements pris face à la population de pouvoir rapidement faire fonctionner ce service public pourtant indispensable. Le temps passe, le dossier progresse sûrement trop lentement.

Puis le ministre a pris le chemin de la Grande-Terre. Il a pu poursuivre sa route et aller jusque dans le sud de l’île où il devait d’abord inaugurer la maison des services publics, un outil dédié aux habitants pour leur faciliter les démarches administratives et éviter les déplacements coûteux et fastidieux jusqu’à Mamoudzou. Il est descendu ensuite vers l’école élémentaire d’Hagnoundrou. Le cyclone avait arraché de nombreux toits des bâtiments. Le ministre a pu se rendre compte de l’évolution de la situation : les travaux d’urgence dans cette école avaient été réalisés par le bataillon de reconstruction de l’armée.

Le ministre a ensuite poursuivi ses discussions et ses échanges à Tsimkoura autour des problématiques de la mangrove. L’occasion a été donnée de rappeler que le lagon a souffert lui aussi du passage du cyclone. Même si à l’œil nu c’est peu visible, pour la mangrove les séquelles se voient clairement. Mais l’envasement du lagon s’est accéléré, de nombreux déchets liés au cyclone se sont retrouvés dans l’eau et les coraux ont été largement cassés.

Le temps est sûrement venu pour les autorités de se rendre compte de l’ampleur du problème de l’environnement et de la biodiversité. Il faudra des millions d’euros pour remettre la nature dans son état initial d’avant Chido, état initial qui n’était déjà pas très favorable. La remise en état pourra-t-elle se faire alors que l’État est plus qu’exsangue financièrement ? Dans sa remontée vers Mamoudzou, le ministre s’est arrêté à Ironi Be sur le chantier de l’usine de dessalement avant de s’entretenir avec le président Ben Issa au Conseil départemental.

Anne-Constance Onghéna pour France Mayotte Matin