UNOC-3 : Le Tamataroa, le requin-marteau polynésien et le Fani Maoré le volcan sous-marin mahorais, deux « totems » sous surveillance et à préserver

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UNOC-3 : Le Tamataroa, le requin-marteau polynésien et le Fani Maoré le volcan sous-marin mahorais, deux « totems » sous surveillance et à préserver

Après l'inauguration du Pavillon France 3 Océans, les visiteurs ont plongé dans les profondeurs marines des territoires d'Outre-mer lors de cette première journée. La Polynésie a mis à l'honneur l'un des « totems » de sa biodiversité et de sa culture avec le Tamataroa. Dans l'océan Indien, le jeune volcan sous-marin de Mayotte était aussi au coeur des échanges et des conférences sur le Pavillon France 3 Océans. Retour sur cette première journée.

Dès l'ouverture, le Pavillon France 3 océans a su séduire petits et grands avec une programmation riche et passionnante. Les enfants ont été mis à l'honneur grâce à la conférence « les petits lopins de mer » qui a transporté les visiteurs dans les profondeurs des grands fonds luminescents. A travers des jeux ludiques et pédagogiques le jeune public a pu découvrir les différentes espèces marines et s'initier aux phénomènes fascinants de la bioluminescence, de la phosphorescence et de la fluorescence.

Ce lieu dédié aux territoires ultramarins a rencontré un franc succès hier jusqu'à sa fermeture, attirant un public nombreux venu assister à des conférences de  qualité. L'Association Mokarran Protection Society a notamment marqué les esprits avec son intervention sur les actions de sensibilisation à la protection du Tamataroa, le grand requin marteau, qui est aujourd'hui en danger critique d'extinction.

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Le sculpteur Maona Butscher a rappelé la place particulière de cet animal pour le peuple polynésien. A travers sa sculpture Tāura, il a souligné que le requin-marteau est bien plus qu'un simple animal marin : il est un symbole, un ancêtre protecteur. La sensibilisation à sa préservation passe par de nombreuses actions éducatives, notamment dans les établissements scolaires. 

Depuis 2006, la Polynésie française protège toutes les espèces de requins et de raies de la pêche et de la commercialisation, au même titre que les cétacés depuis 2002, faisant de ce territoire océanique de 5 millions de km2 le plus vaste sanctuaire marin pour ces animaux préhistoriques en grave danger, victimes de surpêche et d'une réputation injustifiée. Les sociétés ancestrales polynésiennes accordent d'ailleurs une place particulière aux requins, souvent incarnations de divinités ou d'ancêtres, symbolisant la protection (lire encadré). 

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Autre temps fort : une conférence dédiée à l'activité volcanique sous-marine de Mayotte. Depuis 2018, des centaines de séismes ont été recensés à Mayotte. En mai 2019, un nouveau volcan sous-marin a été découvert au large de l'île, baptisé « Fani Maoré ». Afin de mieux protéger la population, le réseau de surveillance volcanologique et sismologique de Mayotte (REVOSIMA) a été mis en place. Longtemps considérée comme une région géologiquement stable, l'île connaît depuis 2018 un phénomène inédit : plus de 1 800 secousses ont été enregistrées, révélant une activité volcanique nouvelle après plus de 4000 ans de calme. 

Cette conférence a permis de mieux comprendre ces évènements et l'importance des actions mises en place pour mieux connaître les fonds marins et ces phénomènes volcaniques. « Mayotte est un centre de recherches en devenir autour de ce sujet. Nous portons un travail partenarial sur ce sujet avec d'autres pays de la région comme La Réunion ou encore l'Afrique » a  ainsi expliqué Raïma Fadul, biologiste écologue et ethno-botanique qui œuvre au Département de Mayotte pour la connaissance et la préservation du patrimoine naturel terrestre et marin de Mayotte.

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Que sont les « Tāura », totem ou « incarnations de l’esprit de certains ancêtres défunts »

Dans les sociétés polynésiennes ancestrales, de la Nouvelle-Zélande (Tīpua) à Hawaii (‘Aumaka) en passant par les Marquises (Pa’io’io), Tahiti ou les Tuamotu (Tuputupua), les Tāura sont les « incarnations de l’esprit de certains ancêtres défunts » (Tāura dans la culture polynésienne, Cécile Vibarel et Frédéric Torrente). « Ils ont une fonction protectrice ou destructrice selon les circonstances et sont considérés comme l’ancêtre totémique d’une famille ou d’un clan ».

Les Tāura peuvent être des animaux terrestres, comme le chien (Pi’ihoro), le lézard ou le gecko, le cent-pied (viri), certains oiseaux et autres insectes ailés. Parmi les animaux marins, on retrouve la baleine, la raie, la tortue, la murène et bien sûr le requin, quelle que soit son espèce d’ailleurs. 

« Dans de nombreuses sociétés insulaires du Pacifique, le requin bénéficie d’une image positive contrairement aux représentations négatives de cet animal dans les sociétés occidentales. Les Polynésiens connaissent le comportement des requins par leurs observations fines depuis des millénaires et vivent en harmonie avec lui tout en étant conscient de leur éventuelle dangerosité. Les Polynésiens ont ainsi attribué au requin de nombreux rôles dans leur société : dieu-requin, protecteur familial, vecteur de communication symbolique entre le visible et l’invisible. Le requin symbolise essentiellement le pouvoir des chefs et incarne, par son caractère sauvage, la capacité de destruction et la force masculine des guerriers ».