Faire des RUP « des centralités de l’Europe et non des périphéries» dans leurs bassins régionaux, tel est le leitmotiv du président de la Conférence des RUP. Durant deux jours à Bruxelles, Serge Letchimy a défendu les nouvelles orientations stratégiques que ces régions souhaitent mettre en oeuvre dans le cadre du renouvellement de leur partenariat stratégique avec la Commission Européenne sur la période 2021-2027.
Au cours de cette mission bruxelloise qu'il a qualifié de « déterminante», Serge Letchimy Président du Conseil Exécutif de Martinique et Président de la Conférence des Présidents des Régions ultrapériphériques (CPRUP) s'est entretenu avec plusieurs commissaires européens dont Thierry Breton Commissaire européen au marché intérieur à la Commission européenne et Nicolas Schimt, Commissaire européen à l’emploi et aux droits sociaux à la Commission européenne. Il a également échangé avec les députés européens Younous Omarjee et Stéphane BijouX ainsi que Philippe Leglise-Costa, le Représentant permanent de la France auprès de l'Union européenne.
Dans la ligne de mire de Serge Letchimy : porter et défendre les positions des régions ultrapériphériques notamment en matière d’agriculture, de pêche et de développement économique et commercial alors que la Commission européenne s'apprête à définir une nouvelle relation partenariale avec les RUP pour la programmation 2021-2027. «Il nous faut convaincre la Commission Européenne de prendre une orientation compatible avec les nouvelles orientations et propositions que nous formulons.» a indiqué Serge Letchimy.
Dans ce contexte, Serge Letchimy appelle à une « mise-à-jour du système » du développement à la foi économique et social des RUP. « La notion de Régions ultrapériphériques est une notion qui est destinéeà prendre en compte les contraintes et handicaps de nos pays mais cette notion-la, abusivement, nous entraîne vers une marginalisation assez particulière et négative» précise Serge Letchimy. Aujourd'hui, il milite pour les régions ultrapériphériques deviennent des centralités de l’Europe et non des périphéries. « On a tellement mis ces régions à la périphérie et non au centre de dynamique de développement qui leur seraient propres. De mon point de vue, il faut inverser cela assez rapidement. A partir de ces régions qui sont aussi des lieux centraux dans leurs bassins géographiques, on pourrait développer des politiques de développement exemplaires en matière de connectivité numérique, de connectivité aériennes et maritimes.».
Faire des RUP des acteurs de croissances et de développement
Pour Serge Letchimy, ce changement de paradigme permettrait aux RUP de sortir d'une situation de dépendance en matière de consommation économique, d'une situation où l'handicap est davantage privilégié que la prise en compte structurelle du mal-développement mais de placer les RUP comme des terres de production . « Les RUP ne sont pas seulement des vitrines de l'Europe. Personne ne parle des valeurs écosystémiques de ces régions. Quelle est la valeur écosystémique que nous apportons et comment intégrer cette valeur écosystemique et l'évaluer sur le marché. Quelle est la position vis-à-vis de la valeur géostratégique (océanique par exemple). La puissance maritime que l'Europe et la France détiennent à travers ces régions devraient être prise en compte. Ce seraient ces nouvelles valeurs qui devraient guider le développement économique. A ce moment, on pourrait par l'attractivité économique fixer mieux la population », ajoute Serge Letchimy précisant que « les RUP sont au rendez-vous d'une nouvelle conquête qu'il faut saisir ». A l'orée de la nouvelle stratégie pour les RUP, Serge Letchimy incite sur la nécessité « d'être acteur de la croissance et du développement, posséder une économie où les investissements sont mieux partagés, une meilleure redistribution des gains».
Serge Letchimy espère que cette mission de défense des RUP et la volonté de construire une nouvelle dynamique de développement pour ces régions ultramarines pesera dans les deux prochains rendez-vous qui détermineront l'avenir des relations entre les RUP et l'Union Européenne parmi lesquels le 3 mai prochain où la Commission Européenne donnera un avis sur la nouvelle stratégie proposée par les RUP. « Je pense que cela est incontournable et de bon sens. Il va falloir trouver un nouveau système pour faire évoluer notre système économique. Il faudra adapter la réalité juridique, autrement les directives, pour permettre que cette nouvelle donne puisse s'appliquer de manière concrète ». Pour cela, le président de la Conférence de Régions ultrapériphériques souhaite qu'un paquet législatif européen entérine les propositions de la déclaration des RUP actée préalablablement. « La notion de paquet législatif, qui a d'ailleurs été utilisée dans le cadre de processus différents, pourrait permettre de sortir une quinzaine à une vingtaine de textes pour traduire très concrètement les directives que nous proposons. Si la présidence française, avant le 21 juin, se positionne politiquement, nous pourrons obtenir que cette stratégie soit adoptée, et ainsi obtenir cette protection législative réglementaire qui permettra à nos actions d'être effectives».