Jusqu’au 5 janvier 2025, le Palais de Tokyo à Paris présente sa nouvelle collection intitulée « Tituba, qui pour nous protéger ? ». Une exposition collective qui réunit onze artistes issues des diasporas caribéennes et africaines et qui explore les liens entre mémoire, deuil, migration et protection spirituelle et de l’ancestralité. Une façon aussi de relire l’histoire diasporique entre Afrique, France, Caraïbes et Etats-Unis. Visite guidée.
Inspirée du roman « Moi Tituba sorcière noire de Salem », de la célèbre autrice guadeloupéenne Maryse Condé, une fiction historique qui met au cœur l’expérience d’une femme de la Barbade au sein du monde esclavagiste du XVIIème siècle, l’exposition « Tituba, qui pour nous protéger ? » s’articule autour de la protection spirituelle et propose une réflexion poétique et spirituelle autour du deuil et de la mémoire. Une immersion dans les liens invisibles entre passé et présent. Tituba est ici invoquée comme une figure protectrice et un symbole narratif qui accompagne le dialogue entre les œuvres présentées.
Une expérience sensorielle et immersive
Cette exposition qui met en scène des peintures, des films, des photographies, des installations imaginées et créées par onze artistes issues des diasporas africaines et caribéennes, dont les œuvres des artistes guadeloupéennes Naomi Lulendo également franco-congolaise et Claire Zaniolo, éclairent les questions de deuil, de mémoire et d’ancestralité. « Ce projet s’entend comme une expérience sensorielle et immersive qui s’inspire d’une ambiance de cérémonie ou de veillée permettant au visiteur d’entrer dans un mode plus réceptif face à des univers alternatifs et intérieurs », confie la curatrice et commissaire de l’exposition, Amandine Nana.
En témoignent les chants et prières de l’œuvre vidéo de l’artiste haïtienne Myriam Charles qui accompagnent le parcours du visiteur, les symboliques afro-caribéennes élaborées par l’artiste américano-haïtienne Abigail Lucien qui établissent un lien entre culture et mémoire partagée ou encore le travail de la photographe et plasticienne congolaise et guadeloupéenne Naomi Lulendo sur la figure du « Potomitan », une notion qui désigne à la fois la colonne centrale d’un temple vaudou et la figure maternelle protectrice dans la culture créole.
Dialogue entre littérature et arts visuels
Dans cette exposition, il est aussi question de luttes transatlantiques à l’instar de la révolution haïtienne à laquelle fait référence la photographe russo-ghanéenne Liz Johnson Artur qui explore avec sa pièce « Time Don’t Run Here » la question de la protection, de la mort et du rôle que cela joue dans la compréhension des luttes politiques, tandis que de son côté l’artiste et poétesse londonienne Rhéa Dillon s’intéresse à la charge affective que portent les objets avec son œuvre « A Caribbean Ossuaire » (Un ossuaire caribéen). On retrouve aussi ce dialogue entre enjeux historiques et contemporains dans l’œuvre de l’artiste pluridisciplinaire guadeloupéenne Claire Zaniolo qui explore la photographie comme un espace de mémoire avec la création de cet album familial contemporain à transmettre en héritage.
« Tituba, qui pour nous protéger ? » propose également un dialogue entre littérature et arts visuels en référence au roman de Maryse Condé qui avait su trouver les mots justes. « J’ai voulu montrer comment, de la littérature aux arts visuels, des dialogues se tissent et enrichissent les mêmes thèmes », plaide Amandine Nana pour qui, dans cette exposition, « les mots de Tituba guident le visiteur et lui apportent ainsi une sorte d’esprit protecteur ». Il reste quelques jours pour visiter cette inspirante exposition.
E.B.
« Tituba, qui pour nous protéger ? »
Exposition collective
Jusqu’au 5 janvier 2025 – 12h – 22h
Palais de Tokyo
13, avenue du Président Wilson
75116 Paris
Renseignements : https://www.palaisdetokyo.com