Lutter contre le travail illégal dans le BTP, c’était le but de la réunion qui s’est tenue ce vendredi, à Fort-de-France. En Martinique, le travail au noir concerne 8 % de l’activité dans le bâtiment et participe à mettre en péril le secteur. Un sujet de notre partenaire RCI Martinique.
La lutte contre le travail illégal dans le BTP, c’était l’objet de d’une réunion organisée ce vendredi matin (21 février) entre les professionnels du secteur la préfecture, au Karibéa Squash Hotel, à Fort-de-France. En Martinique, le travail au noir représente environ 8 % de l’activité dans le bâtiment, contre en moyenne 2% dans les autres secteurs.
Le travail illégal fragilise la profession
Et il participe à fragiliser la profession, comme l’explique Jean-Yves Bonnaire secrétaire général de la Fédération régionale du BTP Martinique : « Quand les entreprises n’ont plus suffisamment d’activité, elles se battent et elles pratiquent des prix anormalement bas. Et dans le prix anormalement bas, il y a peu de possibilités de jouer sur les prix de matériaux. Il n'y a pas de possibilité de jouer sur les prix du matériel. La variable d'ajustement, c'est la main d'œuvre. Et la main d’œuvre en trichant. En n'assurant pas suffisamment d'activité aux secteurs, nous nous piégeons nous mêmes et nous favorisons l'émergence de pratiques déviantes. On explique aux gens que pratiquer ce genre de choses en fait conduit à la fin à avoir des gens qui ont travaillé toute leur vie et qui se retrouvent avec des retraites dérisoires. C'est aussi se préparer à un avenir difficile. Et quand les gens n'ont plus les moyens de subvenir à leur vie et à leurs besoins essentiels, on voit bien ce que ça donne dans ce pays. Donc il faut que nous rentrions dans un schéma de responsabilité partagée. Parce qu'au-delà de la survie immédiate des entreprises, il y a des enjeux aussi territoriaux qui sont importants ».
Des contrôles renforcés
Quatre organisations patronales et neuf syndicats ont apposé leur signature sur une convention de lutte contre le travail au noir dans leur secteur. Cette convention prévoit de renforcer les contrôles menés par la direction du travail et d’accentuer la communication en direction des entreprises et du grand public, comme l’explique Yannick Decompois, directeur de la DEETS, direction de l’emploi, de l’économie, du travail et des solidarités.
« Ce sont principalement des personnes qui sont employées sans contrat de travail, ce qu'on appelle traditionnellement ici les jobs. Des personnes qui sont soit françaises, soit venues de l'extérieur, notamment Haïti, Sainte-Lucie, et qui se retrouvent en situation de travail illégal et en plus en interdiction de séjour. Il faut qu'on voie baisser le nombre de personnes en situation de travail illégal, sachant qu'il n'y a pas de statistiques officielles du travail illégal, ça n'existe pas puisque par nature c'est dissimulé. Par contre, on peut aussi mesurer l'efficacité au regard des actions qu'on mène en termes de contrôle et au regard des actions qu'on mène en termes d'information. Parce que ce sont les deux principaux axes de travail dans la convention qu'on a signée. Augmenter les contrôles, les rendre plus efficaces, plus ciblés et, d'autre part, informer. Parce que je crois qu'il y a vraiment une nécessité de donner aux entreprises, aux donneurs d'ordres, aux salariés eux-mêmes, toutes les informations nécessaires à réfléchir sur cette pratique du travail illégal, en voir la dangerosité pour eux-mêmes salariés et pour l'entreprise elle-même, parce qu'il y a des conséquences derrière et faire évidemment reculer le phénomène ».
Katleen Bilas-Coppet pour RCI Martinique