Saint-Pierre-et-Miquelon : Un marché immobilier sous tension, selon l’IEDOM

Saint-Pierre-et-Miquelon : Un marché immobilier sous tension, selon l’IEDOM

D’après l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (IEDOM), la demande en logement à Saint-Pierre-et-Miquelon est soutenue pour une offre parfois inadaptée, alors que paradoxalement la population diminue régulièrement depuis une vingtaine d'années. Dans son étude, cet organisme note que le marché de la vente reste porté par l’accroissement du nombre de ménages, consécutif au phénomène de décohabitation. Les prix de vente et de location ont fortement augmenté depuis 2010, et l’offre du marché locatif, notamment social, est insuffisamment développée.

En 2020, d’après l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), Saint-Pierre-et-Miquelon comptait 3297 logements, dont 2639 résidences principales, 498 résidences secondaires et occasionnelles et 160 logements vacants ; 81% des logements sont situés sur l’île de Saint-Pierre, qui concentre près de 90% des résidences principales. L’île de Miquelon-Langlade demeure le lieu de séjour estival préféré des Saint-Pierrais : plus des deux tiers des résidences secondaires s’y trouvent, essentiellement sur Langlade. 

« De 2010 à 2020, le nombre de résidences principales dans l’archipel a augmenté de 1,1%. Or, au cours de la même période, la population totale de Saint-Pierre-et-Miquelon a diminué de 2,6%, suggérant de moindres besoins en matière de logements. La croissance du parc immobilier de Saint-Pierre-et-Miquelon s’explique par la hausse du nombre de ménages dans le territoire, consécutive au phénomène de décohabitation », souligne l’IEDOM. Aussi, le marché local de l’immobilier s’est traduit par une forte demande, due par la volonté d’accéder rapidement à la propriété.

Seulement, les coûts de construction ont sensiblement augmenté durant les six dernières années, de même que ceux des coûts du fret pour les importations de matériaux. Les prix des logements anciens marquent également une hausse. « Par ailleurs, la part importante et croissante des salariés du secteur public dans l’emploi total (49,4% en 2020 contre 43,8% en 1999) alimente la hausse des prix. Les compléments de rémunération des fonctionnaires d’Outre-mer sont en effet un facteur d’accroissement des prix comme cela a été souligné par la Cour des comptes en 2023, le secteur de l’immobilier ne faisant pas exception », relève le rapport. 

Citant la Direction générale des finances publiques, ce dernier précise qu’entre « le 1er janvier 2010 et le 30 juin 2023, le prix médian des transactions du bâti immobilier a progressé de 93% à Saint-Pierre, avec une hausse de 13% pour la seule année 2021 ». Cette augmentation est nettement plus rapide que celle de l’indice des prix à la consommation, qui a progressé de 44% sur la même période. « Rapporté à la surface, le prix médian au m² pour l’acquisition d’un logement à Saint-Pierre est comparable à celui d’une ville comme Dunkerque, Le Mans ou Pau. Il s’élève ainsi à 1790 euros par m² en 2022/2023 selon les prix observés sur les biens financés sur la période ».

Par ailleurs, l’IEDOM déplore que le marché de la location soit insuffisamment développé. Selon l’Insee, ajoute l’institut, seulement 19,1% des résidences principales étaient louées en 2020, alors que dans l’Hexagone, cette part s’élève à 40%. « Ce déséquilibre se traduit dans l’évolution du prix des loyers à Saint-Pierre et Miquelon. Entre mars 2012 et septembre 2023, les loyers ont en effet progressé de 28,4%, selon l’indice des prix à la consommation publié par la préfecture, contre une hausse de 9,1% au cours de la même période dans l’Hexagone ». L’IEDOM constate aussi que le parc locatif social est trop peu développé, ne logeant que 5% des ménages de l’archipel, contre 17% pour la France hexagonale. 

En conclusion, l’IEDOM écrit que « les difficultés pour se loger apparaissent aujourd’hui comme un frein à l’attractivité du territoire qui peine à faire revenir la population jeune partie étudier à l’extérieur de l’archipel mais également à attirer des ménages qui auraient le projet de s’installer à Saint-Pierre-et-Miquelon ». L’organisme suggère notamment que l’offre de logements disponibles soit centralisée sur une plateforme unique, qu’une réflexion soit menée par les acteurs locaux afin que les prix de vente des biens puissent être évalués à leur valeur réelle, et que l’offre de logements de plus petite surface (T1 ou T2) progresse pour réussir à détendre le marché, ce modèle de biens répondant à une demande croissante au regard de la baisse de la taille des ménages.

PM