Le président de la Polynésie française a pris quatre engagements ce vendredi au One Ocean Summit de Brest, concernant la protection et la préservation de la ZEE polynésienne, la plus vaste de France. Il s’agira notamment de créer des réserves de biosphères, des zones côtières réservées à la pêche traditionnelle ou encore, la création d’une aire marine « d’au moins 500 000 km2 ».
« Nous, peuples du Pacifique, sommes les acteurs, les témoins mais aussi les victimes potentielles des effets du changement climatique et de l’état de la santé des océans » a déclaré le président polynésien Édouard Fritch, à la tribune du One Ocean Summit, ce vendredi à Brest.
Rappelant les dispositifs déjà existants en Polynésie comme le classement de la ZEE de 5 millions de km2 en sanctuaire pour mammifères marins, oiseaux, requins, tortues marines, raies et mobula ou encore, la création de l’Air marine gérée « Tainui Atea » sur l’ensemble de la ZEE, Édouard Fritch a en introduction de son discours décliné la politique de protection de l’environnement de cette Collectivité d’Outre-mer ou encore, la politique de « pêche durable et raisonnée » en Polynésie, interdite aux pêcheries étrangères, Édouard Fritch a d'abord déroulé la « vision » politique de la Collectivité pour la protection de l'environnement.
« Notre vision place l’humain au centre de cette protection et pour nous, l’humain est lié à la terre, à la mer et aux aires. Elle est globale et systémique, et nous voulons l’inscrire dans la durée. Elle vise des objectifs d’amélioration de la qualité et du niveau de la vie, de la réappropriation de concepts et de savoir-faire traditionnels et de création d’une véritable solidarité entre les générations et les peuples », a-t-il expliqué.
Selon Édouard Fritch, cette « vision » se décline « en quatre ambitions » : « « mou’a ti’a », la préservation du cœur de nos îles ; « tai ‘uta », la restauration du lien terre-mer ; « tai nui atea », la protection et la gestion durable de notre zone économique ; et enfin, « te moana nui a Hiva », la construction du grand mur bleu du Pacifique ». « La Polynésie va s’engager » a-t-il ajouté, déroulant ainsi « une avalanche d’engagement » a salué Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur aux Pôles et chef d’orchestre de l’événement.
Les quatre grands engagements de la Polynésie
Premier engagement : « multiplier les réserves de biosphère ». « Nous finalisons le processus d’inscription des îles Marquises au Patrimoine mondial de l’UNESCO et de désignation des îles Australes en réserve de biosphère. Cet engagement qui porte sur une superficie maritime de près de 7 000 km2 s’ajoute d’une part, aux espaces polynésiens déjà labellisés (le marae Taputapuatea et l’atoll de Fakarava, ndlr) et d’autre part, à la réserve intégrale de quatre atolls que nous venons d’acquérir ».
Le deuxième engagement concerne la protection des zones côtières et la pêche traditionnelle et artisanale. « Un zonage côtier d’une superficie maritime de près de 500 000 km2 réservé uniquement à la pêche artisanale et vivrière sera finalisée avant la fin de l’année en relation avec les populations de nos archipels » a annoncé Édouard Fritch, soit « un retrait de 20% des zones actuelles de pêche professionnelle », insistant sur le fait que celles-ci sont exclusivement réservées aux Polynésiens.
« Le troisième engagement, il s’agit là de protéger les lagons et les coraux. Avant la fin de l’année, nous protégerons toutes les espèces de coraux existants en Polynésie. Nos écosystèmes coralliens représentent une superficie de 15 000 km2 et cette action va concerner 20% des atolls dans le monde » a poursuivi Édouard Fritch, qui entend également « créer des zones de mouillage obligatoire afin de limiter l’impact des mouillages sauvages sur nos écosystèmes fragiles ». « Ces trois premiers engagements polynésiens représentent plus de 500 000 km2 de surface maritime protégée ».
Enfin, l’engagement le plus important selon le président de la Collectivité d’Outre-mer du Pacifique sud, c’est la création d’ « une nouvelle aire marine protégée de plus de 500 000 km2 ». « Cette année, à l’occasion des 20 ans de notre sanctuaire marin, nous lancerons le projet Rahui Nui : une Aire marine protégée d’au moins 500 000 km2 située dans la partie sud-est de notre zone économique », a déclaré Édouard Fritch. Un projet qui devrait voir le jour d'ici 2030. Ces quatre engagements représentent donc plus d'un million de km2 sur les 5 millions de la ZEE polynésienne, soit « près du double de la superficie de l'Hexagone ».
Un One Island Summit à Tahiti en 2023
Le président polynésien s’est aussi engagé à « poursuivre le classement des zones naturelles intégrales de certaines de nos îles, lancer une vaste stratégie d’acquisition des connaissances de nos quelques 500 monts sous-marins recensés à ce jour, initier des études pour la désignation de nouvelles aires de biosphère, solliciter enfin la reconnaissance de la Polynésie française en zone marine particulièrement vulnérables ».
« Nous savons pouvoir compter sur la France pour nous accompagner et réaliser » ces engagements a conclu le président Édouard Fritch, qui a profité de la tribune pour lancer une invitation à organiser un One Island Summit avant septembre 2023 à Tahiti. « Engagement pris » a répondu le président Emmanuel Macron, qui a assuré le soutien de l’État « pour approfondir la connaissance de cet espace pour la création et la gestion des différentes aires et veiller à la reconnaissance internationale du dispositif ».
Outre la Polynésie, les trois bassins océaniques ultramarins étaient représentés avec les élus de La Réunion, de Nouvelle-Calédonie ou encore, des Antilles.