Quelles solutions pour réduire le coût de la vie dans les Outre-mer ?

Quelles solutions pour réduire le coût de la vie dans les Outre-mer ?

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Le rapport d’information réalisé au nom de la Délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale sur le coût de la vie dans les Outre‑mer, présenté début décembre par les députés Claire Guion-Firmin (LR, Saint-Martin et Saint-Barthélemy) et Lénaïck Adam (LREM, Guyane), avance toute une série de recommandations pour s’attaquer au différentiel des prix en défaveur des territoires ultramarins.

La réalité de la cherté de la vie dans les régions d’Outre-mer et les différences de prix parfois exorbitantes entre ces territoires et l’Hexagone est connue et régulièrement dénoncée. Les rapporteurs du texte sur le coût de la vie dans les Outre-mer rappellent quelques données  frappantes : « Selon la dernière étude menée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) en date de 2015, les prix dans les départements ultramarins s’avèrent plus élevés qu’en Hexagone de 12% aux Antilles (12,5% en Guadeloupe et 12,3% en Martinique), de 11,7% en Guyane et de 7% à La Réunion et à Mayotte (6,9% hors loyers) ».

Si les habitants de l’Hexagone effectuaient leurs achats sur un territoire ultramarin, pour un panier moyen hexagonal, l’écart est plus marqué et atteindrait 17% aux Antilles, 16% en Guyane et à Mayotte et 10,6% à La Réunion. Sur les prix des produits alimentaires, la situation semble totalement hors contrôle. « Ce différentiel par rapport à l’Hexagone s’élève à plus de 37% à La Réunion, de 42% en Guadeloupe, de 45% en Guyane et atteint même 48% en Martinique selon l’enquête de l’INSEE précitée. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’en Outre-mer les dépenses alimentaires représentent 16% à 17% des dépenses de consommation excepté à Mayotte où elles s’élèvent jusqu’à 24%. »

Depuis cette dernière étude de l’Insee, et il est regrettable qu’il n’y en ait pas une plus récente selon nombre de personnes auditionnées pour le rapport d’information, force est de constater que les choses ont peu changé. Cependant des pistes existent pour sortir de cette situation d’inégalité des coûts, qui conduit de nombreuses familles vivant dans les Outre-mer à la précarité, accrue par la crise socio-économique engendrée par la pandémie de coronavirus. Une grande partie du texte est consacrée aux solutions, autour de trois thèmes principaux : garantir une concurrence effective, atténuer les handicaps structurels, et accroître la souveraineté alimentaire.

Les rapporteurs recommandent dans un premier temps d’améliorer les dispositifs de contrôle de la concurrence. Pour cela, ils souhaitent ni plus ni moins revenir à la rédaction initiale de l’article L. 752-27 du code du commerce relatif au pouvoir d’injonction structurelle de l’Autorité de la concurrence pour faire cesser tout abus de position dominante, « à savoir réunir ces deux conditions cumulatives : la première serait une position dominante détenue par le groupe ou le groupe d’entreprise et la deuxième se réfèrerait à la notion de préoccupation de concurrence du fait de prix ou de marges élevés pratiqués par l’entreprise ou le groupe en tenant compte du niveau de rentabilité du capital habituellement constaté dans le secteur économique concerné ». Le rapport incite également à s’assurer de la mise en place effective des Observatoires des prix des marges et des revenus, à renforcer les moyens alloués à ces structures, et à leur permettre de participer aux négociations du bouclier qualité prix.

Concernant les handicaps structurels, le texte préconise notamment d’accroître la compétitivité des ports par la réalisation de travaux d’infrastructures afin de faciliter leur accès par des navires à forte capacité, « en utilisant résolument les crédits des plans de relance tant national qu’européen » ; d’intégrer davantage les marchés dans leurs bassins géographiques en privilégiant les circuits régionaux pour les importations ; et d’adapter le commerce en ligne en encourageant « l’envoi  groupé de colis en permettant l’accomplissement d’une seule formalité douanière afin de faire baisser les coûts de livraison », ainsi qu’en « étudiant la modulation du taux de l’octroi de mer pour les
produits vendus en ligne. »
Enfin, en vue d’accroître la souveraineté alimentaire, le rapport recommande de «mieux structurer les filières pour permettre une plus grande coordination et un développement de la production locale », d’ « obliger la grande distribution à mieux valoriser la production locale en incitant à la négociation entre producteurs locaux, distributeurs et importateurs afin d’accroître l’offre locale », et de « contraindre les entreprises de la grande distribution de plus de 1000 mètres carrés à réserver une surface de vente de 30% dédiée à l’offre de produits locaux afin de suivre les dispositions de la loi du 20 novembre 2012 relative à la régulation économique Outre-mer ».
PM