Portrait – Dee Lay : « Jouer dans le film d’un réalisateur américain est une affirmation pour moi et une belle concrétisation ! »

© DEE LAY

Portrait – Dee Lay : « Jouer dans le film d’un réalisateur américain est une affirmation pour moi et une belle concrétisation ! »

Animatrice TV et Radio...présentatrice, productrice et réalisatrice TV... mais aussi comédienne, Dee Lay aime cultiver sa pluralité.
De passage à Paris pour le tournage d'un court-métrage, Outremers 360 vous propose de découvrir son parcours, ses ambitions et ses passions.


Depuis plusieurs jours, Dee Lay a troqué son micro d'animatrice radio à RCI Guadeloupe pour incarner le rôle d'une espionne dans les rues parisiennes, dans le cadre du nouveau court-métrage du réalisateur américain : John Gray, auteur de la série américaine à succès « Ghost Whisperer avec l'actrice Jennifer Love Hewitt. « J'avais déjà travaillé avec John Gray il y a quelques années de cela, sur un court-métrage intitulé « French Kiss ». Le feeling était très bien passé entre nous et grâce aux réseaux sociaux, nous sommes restés en contact. Récemment, il m'a contacté car il souhaitait que je fasse partie de son nouveau court-métrage, je ne me suis pas posée de question, j’ai tout de suite accepté !» nous indique Dee Lay.

Dee Lay accompagnée du réalisateur John GRAY et sa femme  © DEE LAY

Etre pluridisciplinaire a toujours été une évidence pour la jeune femme, qui a grandi dans un univers où se mêlait différents arts. « Depuis ma tendre enfance, j'avais la musique dans la peau, je n’arrêtais pas de sautiller, de danser lorsque j’entendais le groupe KASSAV alors que je ne savais qu’à peine marcher ! De fil en aiguille, j'ai toujours baigné dans l'art. J'ai commencé très jeune le piano et le solfège, à l'âge de 9 ans... je filmais mes premiers documentaires à 11 ans grâce à mon grand-père qui m’a élevé, et qui était fan de dernières technologies et s'était acheté une caméra professionnelle... à 16 ans je faisais déjà de la scène en chant et danse et mon manager me faisait tourner dans toute la région, puis à 18 ans j’ai commencé à tourner dans des publicités, des clips et des courts-métrages... à 23 ans j’étais dans un groupe de R’n’B et nous écumions les scènes, à côté de cela je faisais aussi des photos de mode et de beauté pour les magazines avant de travailler moi-même dans la presse écrite... »

Cependant, c’est l'univers musical, la scène qui ont toujours animé Dee Lay et en secret le monde du cinéma. « Je ne vivais que pour la musique : être connu, faire des albums et des concerts ! Je voulais également être actrice c’est vrai, mais dans les années 80-90, il y avait très peu d'acteurs français noirs auxquels s'identifier. Etre actrice était alors pour moi à l'époque, un rêve enfoui, irréalisable ».

© DEE LAY

Les rencontres de la vie ont amené Dee Lay vers la radio. Elle fera ses premiers pas radiophoniques d'abord sur NRJ en province, puis sur Tropiques FM, s’en suivra Guadeloupe 1ère plusieurs saisons. Dee Lay poursuivra également sa route à la télévision où elle animera une émission politique quotidienne « La vraie émission » sur la chaine panafricaine Télésud diffusée dans plus de 25 pays d’Europe, toute la France, les Etats-Unis et tout le continent Africain ; émission traitant de l'actualité politique internationale, avant de pouvoir grâce aux énormes audiences mondiales engendrées, devenir très vite productrice de son propre talk-show « Don’t Lie With Dee Lay » diffusé lui sur 2 chaines TV dont Télésud. « L'ironie, est que plus jeune, je n'ai jamais voulu travailler à la télévision, ni à la radio. On dira que le destin nous réserve bien des surprises ! et le hasard des rencontres m'a conduit vers ces supports médias. Avec le recul, je me dis que c'est une chance incroyable ! ».

« Je suis aussi actrice, comédienne et ce depuis toujours »

Mais la plus grande force de Dee Lay réside dans sa détermination. Elle n'oublie pas ses premières passions. A l'âge de 16 ans, elle s'initie au théâtre, suit une formation en école de cinéma, intègre une école d'acteurs avec le Studio Pygmalion. Dee Lay sera notamment coaché à plusieurs reprises par le coach américain Jack WALTZER (ayant travaillé avec Sigourney Weaver, ou encore Dustin Hoffmann) sur les techniques de l'actor studio. «J'ai eu la chance de tomber sur les bonnes personnes mais je me suis créée cette chance aussi car il faut le dire : cela ne tombe pas du ciel ! ».

Sur le tournage du film © Mélissa JO PELTIER


Une chance que la comédienne savoure pleinement aujourd'hui à l'orée de ce nouveau rôle. «Il est très difficile pour les Noirs de s'intégrer dans le cinéma. Si des acteurs noirs aujourd'hui reconnus comme Firmine Richard, Aissa Maïga ou encore Omar Sy, ont trimé pour arriver à leur rang actuel, la tâche est encore plus ardue pour moi, Dee Lay, d'autant que je me suis expatriée en Guadeloupe pour des raisons exclusivement familiales , liées à mon grand-père. Tourner ce film aujourd’hui, je le vis comme une affirmation plutôt que comme un retour à une première passion... la route est encore longue et j’espère de tout cœur à d’autres belles concrétisations et une consécration un jour dans ce domaine ».

Il s'agit aussi pour Dee Lay de montrer sa pluralité. « En étant aujourd'hui sur RCI Guadeloupe, on pourrait penser que je me suis repliée sur mon île loin de tout et du cinéma. Lorsque vous faites un métier publique, tel que animateur radio ou présentatrice télé, on ne vous voit que comme cela, on vous enferme dans une case. C’est une mentalité purement française ; on oublie que c’est tout à fait possible de pouvoir aussi évoluer dans d’autres domaines. Nous sommes plurielles, je suis plurielle, et je fais plein de choses à côté, comme la déco ou encore de l’équitation. Pour revenir au cinéma, ces cases dans lequel on aime nous enfermer rend parfois difficile le fait d’exister en tant que comédienne et d'être crédible afin de sortir de ce carcan dans lequel nous sommes identifiés. Je suis aussi actrice et comédienne et ce depuis toujours. Jouer dans le film de ce réalisateur américain est une affirmation ! je fais aussi ce métier et cela fait partie de moi.»

 © Mélissa JO PELTIER
Sur le tournage du film © Mélissa JO PELTIER
Sur le tournage du film © Mélissa JO PELTIER
© DEE LAY

« Ce tournage fût un moment formidable ! Tourner avec un réalisateur américain et cette super production française qu’est FROGGIE dans de magnifiques lieux : en face de la Tour Eiffel, à Opéra, sur le Pont Alexandre III, près de Rivoli, etc... pour moi qui n'habite plus à Paris aujourd'hui c’est formidable, car je vois ces lieux différemment. Et pour couronner le tout, je suis sur ce tournage avec mon meilleur ami que je considère comme mon frère. Que demander de plus ! »

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Par son incroyable parcours, Dee Lay espère inspirer à son tour aujourd'hui d'autres personnes à saisir les différentes opportunités qui leur sont présentées : « Je veux montrer à la jeunesse, que tout est possible. Il ne faut pas attendre qu'on nous donne notre chance, il faut aller la chercher, il faut se la créer. Dans cette vie, lorsqu'on pense très fort à quelque chose, tout chemine vers cet objectif, tout converge véritablement à ce que cela puisse se réaliser. C'est toute la puissance de l’attraction naturelle de la pensée positive. Il faut le penser sincèrement avec son cœur, avec ses tripes et faire preuve de détermination et d’humilité. Toujours restez humble face aux personnes qui croisent notre chemin car c’est peut-être elles qui vont nous emmener sans qu’on le sache vers notre objectif.
« Ma pensée pour tous ceux et celles qui liront cette interview : tout est possible dans la vie à celui qui y croit, car avec le travail et la détermination, chacun d’entre nous peut réaliser le plus beau de ses rêves ! » conclut Dee Lay.

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