Florence Faberon, professeure de droit public et chargée de mission handicap à l’Université de Guyane, prend la plume sur le site d’Outremers360 pour expliquer les nombreux dispositifs et outils mis en place par l’établissement d’enseignement lui permettant « de déterminer et promouvoir des démarches résolument inclusives, (…) au service de la promotion et de la dignité des personnes ».
Depuis sa naissance en 2015, l’Université de Guyane s’est engagée dans un ensemble d’actions au service de l’inclusion. Ses services et composantes sont ainsi mobilisés pour accompagner étudiants et personnels en raison de leurs besoins propres : DOSIP, SUMPS, direction des ressources humaines, départements de formation et de recherche, INSPE, IUT... Qu’il s’agisse de la formation, de la recherche, de l’accessibilité y compris documentaire, de la mobilité nationale et internationale, de la vie de campus…, elle a toujours veillé à être présente pour chacun de manière adaptée à ses besoins spécifiques.
Consciente de ses responsabilités académiques, sociales et sociétales, elle se dote d’un schéma directeur handicap (ce schéma est actuellement soumis au vote des instances), déroulant 31 actions structurées autour de 4 axes chacun subdivisé en objectifs opérationnels. Ainsi, l’Université de Guyane souhaite inscrire sa politique handicap et plus largement de cohésion et d’inclusion dans une stratégie pluriannuelle. Elle propose un ensemble de mesures aux personnes concernées et elle s’appuie sur l’ensemble de sa communauté universitaire en appui avec les acteurs de ses territoires d’implantation.
Sensibiliser fait partie de ses leitmotivs et sans relâche valoriser l’engagement. Elle y procède par des entrées multimodales et en prenant place, comme partenaire, dans des programmes, à l’instar d’ « Handicap et citoyenneté », initié en 2018 par les universités Clermont Auvergne et de Saint-Boniface (Manitoba, Canada). Au titre de ce programme, elle est membre d’un consortium international, qui vient d’obtenir un soutien de l’Agence Erasmus + pour l’action « Handicap et enseignement supérieur ». Il s’agit de construire un ensemble d’outils à destination des établissements d’enseignement supérieur en vue d’accompagner leur politique handicap. Ce programme se structure en trois axes : Gouvernance, étudiants et recherche.
L’Université de Guyane s’engage par la mise en place d’accompagnements spécifiques mais encore en conduisant des actions scientifiques, culturelles et sportives sur le handicap ou avec des dynamiques d’inclusion sans forcément que la manifestation soit exclusivement axée sur le handicap. La question du handicap et plus largement de l’inclusion doit nous interroger dans l’ensemble de nos actions et doit, pour pouvoir toucher le plus grand nombre, ne pas se limiter à des sphères exclusivement centrées sur le handicap. Elle y réussit et elle y procède en partenariat. C’est ainsi par exemple que dans le cadre des programmes « Handicap et citoyenneté » et « Sociétés, cultures et politiques », elle conduit tout au long de l’année des actions de sensibilisation et de valorisation de la recherche en matière de handicap : conférences, colloques, concours, expositions, performances artistiques, spectacles vivants...
Si depuis 2019, elle propose un ensemble de conférences en lien avec le handicap, si en 2020, elle a organisé, à distance, un colloque sur le thème « Handicap, éducation et enseignement supérieur », en juillet 2022, une délégation de l’Université de Guyane s’est rendue en Nouvelle-Calédonie pour un temps majeur consacré à la jeunesse : « Handicap, jeunesse et vie sociale ». Cette manifestation internationale était coorganisée par l’Université de Guyane, l’Université Clermont Auvergne et le Collectif handicaps de Nouvelle-Calédonie. Elle a réuni de nombreux participants à l’Université de la Nouvelle-Calédonie et a permis de proposer des actions dans des établissements scolaires et au Centre culturel Tjibaou.
Au-delà de chercheurs, des étudiants de l’Université de Guyane, de l’IRDTS de Guyane et de l’Université Clermont Auvergne ont été particulièrement impliqués : les uns, doctorants, par des communications scientifiques ; d’autres en proposant des performances artistiques ; d’autres encore en réalisant des capsules vidéos ; des étudiants se sont impliqués dans l’organisation d’un concours d’éloquence sur la thématique du handicap ; un jeu de société a même été créé par une étudiante et a été expérimenté lors du déplacement calédonien…
Ces différentes activités donnent ou donneront lieu à des retours sur les campus des établissements dont sont issus les étudiants. Les étudiants ont également contribué à des activités de promotion des activités physiques et sportives et des valeurs de l’olympisme et du paralympisme alors que 2024 nous engage collectivement. Certains ont organisé des activités de sport partagé et de découverte du handisport et d’autres ont participé à des activités nautiques sur le territoire calédonien. C’est une véritable aventure scientifique, culturelle, sportive et humaine qui a été offerte à tous les membres de la délégation et pas uniquement les étudiants grâce aux soutiens des établissements organisateurs et de nombreux partenaires publics et privés à l’instar à l’échelle des programmes du ministère des Outre-mer, du ministère de la culture, de la région Auvergne-Rhône-Alpes, de la collectivité territoriale de Guyane, du département du Puy-de-Dôme, de la ville de Clermont-Ferrand et son label « L’égalité, c’est toute l’année »...
Cette aventure se poursuit en Guyane, en octobre, avec un travail sur la mémoire et les traumatismes post guerre permettant aussi d’appréhender les handicaps invisibles, avec une résidence d’artistes et des ateliers, à Cayenne et Saint-Laurent, sur le thème Handicap-altérité, associant trois compagnies, avec une restitution le 28 octobre 2022, à Saint-Laurent du Maroni. Ce même jour, des conférences et une table ronde sur les représentations du handicap et sur le handicap dans l’Ouest Guyanais seront proposés. Des expositions accompagneront l’ensemble des activités comme cela s’est fait en Nouvelle-Calédonie et dans les nombreuses manifestations qui se sont déroulées depuis 2018. Cette aventure collective se poursuivra début novembre au Brésil, à l’UNIFAP et à l’Université de Sao Paulo.
En novembre, l’Université de Guyane accueillera pour la semaine de l’insertion professionnelle des personnes handicapées des collègues de l’Université Hassan 2 (Maroc) et des collègues et étudiants de l’Université Clermont Auvergne. L’Université propose encore en lien avec l’Université Clermont Auvergne des concours de performance oratoire et de dessins, peintures, photos : « Regards » propose chaque année une entrée handicap sans se limiter à cette entrée. Le handicap doit prendre sa place en tout lieu et à tout moment. La semaine du 24 octobre, les actions handicap prendront place à côté d’une riche programmation scientifique sur « Le régime des autochtones et populations locales des Outre-mer français. Droits et politiques comparés ».
Les actions sont riches et multiples, les regards et les pratiques se transforment, des priorités s’affirment avec détermination, des personnes et des établissements s’engagent, des partenariats se structurent. In fine, c’est toute une communauté universitaire et un territoire qui se mobilisent permettant à l’Université de Guyane de déterminer et promouvoir des démarches résolument inclusives, des démarches au service de la promotion et de la dignité des personnes.
Florence Faberon, professeure de droit public et chargée de mission handicap à l’Université de Guyane