L'Assemblée nationale a rejeté mercredi, dès l'ouverture des débats, une proposition de loi de report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie, une tactique du camp gouvernemental pour répondre à un "barrage" d'amendements assumé par LFI, qui y voit le premier pas vers une réforme institutionnelle de l'archipel.
Cette proposition de loi organique, déjà adoptée au Sénat, vise à reporter des élections provinciales cruciales pour la composition du Congrès et du gouvernement de l'archipel. Programmées d'ici au 30 novembre, la version sénatoriale prévoit de les décaler au 28 juin 2026 "au plus tard".
Soutenue par le gouvernement, la loi serait un premier pas dans la difficile réforme institutionnelle de la Nouvelle-Calédonie, qui, à ce stade, doit passer par un accord signé à Bougival cet été entre l'État et les délégations indépendantistes et non-indépendantistes.
La motion de rejet, déposée par deux députés du groupe macroniste, a été adoptée par 257 voix contre 105, avec les voix du camp gouvernemental et de l'alliance RN-UDR. La proposition de loi, déjà adoptée au Sénat, ira vers une commission mixte paritaire entre députés et sénateurs avant un dernier vote dans chaque chambre.
"Le texte va désormais suivre son cours. Ma boussole est la même: construire dans l’écoute et le respect. Mon objectif n’a pas changé: donner une chance au dialogue pour construire l’avenir de la Nouvelle-Calédonie", a réagi auprès de l'AFP la ministre des Outre-mer Naïma Moutchou (Horizons), qui se rendra "très bientôt" en Nouvelle-Calédonie.
Cette "CMP" se tiendra lundi à 16H30 selon une source au sein de l'exécutif, avant un dernier vote nécessaire dans chaque chambre, probablement mardi à l'Assemblée et mercredi au Sénat.
C'est "une réponse politique à une démarche politique" visant à "torpiller le débat", a lancé le rapporteur Philippe Gosselin (LR) aux Insoumis. Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a lui accusé "macronie et PS" de "tourn(er) le dos aux indépendantistes Kanaks".
Le camp gouvernemental a voté pour la motion forçant l'avancée du texte, tout comme le RN et son allié, même s'ils sont eux opposés au report des élections. Cela "ne répond ni aux besoins du territoire, ni à l'exigence de légitimité démocratique", a argué Yoann Gillet (RN).
Les socialistes, qui soutiennent le report, n'ont pas voté la motion visant à contourner les amendements.
Les débats, parfois tendus, se sont fait silencieux lors d'une intervention de Nicolas Metzdorf. "On était deux à Bougival dans cette salle", a-t-il dit en rendant hommage à son collègue indépendantiste Emmanuel Tjibaou. "Rien ne se fera les uns sans les autres. Il y a 50% d'indépendantistes, 50% de non indépendantistes", a-t-il lancé.
Philippe Gosselin souligne lui que "le mouvement indépendantiste est divisé sur le sujet".
Signataire de l'accord de Bougival, l'Union nationale pour l'indépendance avait appelé mardi les députés à "voter en faveur du report des élections provinciales" en "soutien au compromis, à la responsabilité et à la paix".
Avec AFP























