Une récente enquête de l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (IEDOM) révèle un ralentissement de l'économie martiniquaise au deuxième trimestre de 2024, confirmant une tendance déjà observée au premier trimestre. De plus en plus de chefs d'entreprises anticipent une dégradation future, suggérant une détérioration continue dans les mois à venir. La consommation des ménages est fragilisée dans un contexte d'inflation qui tend à se stabiliser. L'emploi stagne (+0,1%), tandis que le nombre de demandeurs d'emploi augmente (+0,6%) pour la première fois depuis quatre ans.
Les prix à la consommation ont légèrement baissé (-0,2% entre mars et juin 2024), malgré des hausses pour l'alimentation (+0,6%), les produits manufacturés (+0,4%) et de l'énergie (+0,5%). Sur un an, l'inflation reste élevée (+3,2%), surtout pour l'énergie (+11,5%) et l'alimentation (+3,8%), dépassant le niveau national (+2,2%). Toutefois, moins d'entreprises déclarent une hausse des prix de vente au trimestre 2024.
Le nombre de demandeurs d'emploi a légèrement augmenté (+0,6%) après quinze trimestres de baisse, affectant surtout les jeunes et les femmes. Par ailleurs, « Les indicateurs de vulnérabilité des ménages évoluent défavorablement ce trimestre avec une hausse sensible du nombre de dossiers déposés à la commission de surendettement (+13,4 % par rapport au premier trimestre, +43,6% par rapport au deuxième trimestre 2023) », constate l’IEDOM.
En mai, la Martinique a été placée pour la première fois en situation de crise sécheresse, ce qui a conduit le préfet à imposer des restrictions d’eau. Ces mesures ont affecté l'économie, notamment certaines entreprises qui ont dû réduire leur activité. « Dans le secteur agricole et agroalimentaire, l’activité a fléchi au cours du trimestre. Les exportations de produits agricoles reculent (-16,8%), principalement du fait de la forte baisse d’expédition de bananes (-21,7%). Concernant la filière animale, l’abattage est également orienté à la baisse (-0,9%) », écrit l’IEDOM. Les exploitations font face à des difficultés financières accrues avec des charges élevées et des trésoreries dégradées, bien que les effectifs, les délais de paiement et les prévisions d’investissement soient stables.
Le secteur des services aux entreprises a aussi vu une baisse d'activité, les carnets de commandes se réduisant. Cependant, les charges d'exploitation et les délais de paiement se sont améliorés, malgré une détérioration de la trésorerie. Le secteur du tourisme/hôtellerie a connu une légère progression ce trimestre, malgré une baisse des nuitées de 2,3% sur les cinq premiers mois de l'année. Les trésoreries et délais de paiement se sont améliorés, mais les charges d’exploitation ont à nouveau augmenté. Les intentions d’investissement des entreprises de ce secteur sont plus optimistes qu’au trimestre précédent.
Selon l’étude, « dans le secteur du commerce, l’activité baisse encore ce trimestre et les chefs d’entreprise ne sont pas optimistes pour celui à venir. Les charges d’exploitation et les délais de paiement continuent de se dégrader ». Toutefois, les effectifs ont augmenté et les intentions d'investissement se sont améliorées. Dans le secteur des autres industries, l'activité a progressé après une baisse le trimestre précédent. Les prévisions d'investissement sont positives, et les effectifs augmentent, mais les trésoreries et les délais de paiement se détériorent.
Dans le BTP, l'activité progresse légèrement, mais les prévisions pour le trimestre suivant sont moins favorables, d’après l’IEDOM. Le nombre de logements résidentiels autorisés à la construction a fortement baissé, et les effectifs ont diminué de 1,5% sur un an. La trésorerie et les délais de paiement se dégradent, malgré une amélioration des charges d'exploitation. Les prévisions d'investissement sont plutôt négatives.
PM