Martinique :  Aux assises de l'eau et de l'assainissement, des enjeux majeurs en question

© Préfet de Martinique

Martinique :  Aux assises de l'eau et de l'assainissement, des enjeux majeurs en question

Organisées dans le cadre du Plan Eau DOM, les assises de l'eau et de l'assainissement doivent permettre d'améliorer la gestion des services publics d’eau potable et d’assainissement dans les départements et régions d’Outre-mer. Précisions avec notre partenaire RCI Martinique.

 

Lancé ce mardi, cet événement majeur s’inscrit dans le cadre du Plan Eau DOM (PEDOM), initiative phare qui consiste à améliorer durablement la gestion des services publics d’eau potable et d’assainissement dans les départements et régions d’outre-mer.

Durant trois jours, élus, experts, opérateurs et acteurs de la société civile de Martinique, Guadeloupe, Guyane, de la Réunion, de Mayotte, de Saint-Martin et de Saint-Pierre-et-Miquelon vont ainsi aborder les défis uniques des territoires ultramarins en matière de gestion, de gouvernance, d’ingénierie ou encore de changement climatique au travers de tables rondes, d’ateliers thématiques et de visite de terrain.

Justin Pamphile, maire du Lorrain et président de l'association des maires, insiste sur le fait que "l'organisation de la distribution sur la question des EPCI fait aujourd'hui l'objet d'une réflexion urgente". «On a vu lors du dernier carême, la difficulté que l'on peut avoir sur le territoire Centre. Il y a des foyers qui sont restés pendant plus de 26 jours sans eau. Et vous avez dû entendre comme moi toutes les polémiques qui ont pu naître entre le Nord et le reste du territoire. Et il me semble que l'eau ne doit pas diviser les Martiniquais. Bien au contraire, l'eau doit être le point d'ancrage et le point de lien entre nous, les Martiniquais»

Le manque d'eau n'est pas lié uniquement à la sécheresse. C'est aussi ce que souligne le premier magistrat lorrinois. Sa commune dispose pourtant deux usines de production d'eau potable sur son territoire. «Ce qui est le plus difficile à comprendre, c'est que quand nous sommes en période de carême, nous ne sommes pas impactés comme les autres territoires peuvent l'être, notamment le centre. Par contre, la question de la clarence de l'eau, il faut appeler les choses comme ça, on a plus de difficultés au niveau de la distribution d'eau quand il pleut énormément. Parce que l'usine de Lagrange immédiatement est à l'arrêt parce que l'eau, à ce moment-là, n'est pas potable et on ne peut pas la distribuer»

Un plan sur 10 ans

Si au niveau local, les problématiques sont bien prégnantes, le plan eau Dom (PEDOM) lancé en 2016, pour une période de 10 ans vise à soutenir ces collectivités d’outre-mer dans cette question de la ressource en eau. C'est ce que souligne Célia De Lavergne, directrice de l’eau et de la biodiversité au ministère en charge de l’écologie. «Le plan Eau DOM et le sujet de l'eau et de l'assainissement est souvent un sujet de long terme puisqu'il faut investir dans des infrastructures de taille, que ce soit des stations de traitement, des forages ou des réseaux. Et donc nous en sommes à quelques années avec un travail conséquent des collectivités qui sont compétentes en la matière, qui ont posé des diagnostics sur leurs besoins techniques et financiers et que l'État accompagne à la fois par du renforcement des capacités des agents dans les structures qui gèrent l'eau et l'assainissement, mais aussi par des financements pour financer ces infrastructures»

Un plan dont l'application peut être mise à mal par les catastrophes climatiques. « Nous avons aussi face à nous un dérèglement climatique qui accentue les crises, que ce soit de la sécheresse, des cyclones ou des événements violents extrêmes. Donc nous cherchons des solutions, d'abord en anticipant grâce à la recherche les évolutions climatiques que les territoires ultramarins vont connaître, mais aussi en appliquant derrière des solutions plus résilientes et partager notamment entre territoires les bonnes pratiques de ce qui fonctionne dans une île et qui pourra fonctionner dans une autre et qu'on peut reproduire»

Investissements pour contrer la sécheresse

En Martinique, depuis 2020, ce sont les épisodes de sécheresses qui perturbent le plus la distribution d'eau potable dans le centre et le Sud de l'île. Arnaud René-Corail, conseiller exécutif en charge des finances et de la commande publique à la CTM, se veut confiant à l'approche du carême. «Vu les travaux que nous avons réalisés, vu les travaux de la CTM sur l'usine de Vivé, nous pensons effectivement que la Martinique ne devrait pas manquer d'eau. Maintenant, on n'est pas à l'abri de perturbations parce que parfois, on manque d'eau du fait de la turbidité de l'eau. Ce qui peut arriver en ce moment, malgré les fortes pluies, les usines, c'est automatique, ça s'arrête, ça s'ensable. Donc, continuons à investir, mais en 2025, à mon avis, dans le Sud, nous ne devrions pas avoir par rapport à des différents travaux, par rapport aux différents les réservoirs que nous allons mettre en service et particulièrement le réservoir de Morne Pitault, pour éviter ces problèmes que connaissent les populations Lamentinoises, Ducossaises et Franciscaines. Malgré tout, il y a des choses à faire en matière de canalisation. Et nous faisons aussi des recherches pour envisager une production à partir de la nappe de Ducos»

Fernand Odonnat, président de la commission Grands Travaux de la CTM, se livre quant à lui au chiffrage de ces investissements : «Des sommes très importantes ont été investies parce qu'il y a 500 kilomètres de canalisation. Jusqu'à 2023, on a investi une centaine de millions d'euros. Et sur la période qui a commencé, qui va jusqu'au 31 décembre 2025, ce seront 140 millions d'euros qui seront investis pour remplacer des canalisations, pour moderniser des réservoirs, pour en construire de nouveaux, pour mettre des vannes d'un sectionnement, etc. Alors évidemment, en termes de travaux, ça ne se fait pas du jour au lendemain parce qu'il faut lancer des consultations, lancer des appels d'offres, choisir des entreprises, réaliser les travaux, monter les dossiers techniques, tout ça prend du temps. Mais les financements sont là et c'est ce qui est le plus important»

Par RCI Martinique