L’origine de la canne à sucre dévoilée grâce à une étude internationale

© Prospection de canne à sucre en Polynésie. © M. Vitrac

L’origine de la canne à sucre dévoilée grâce à une étude internationale

Une équipe de chercheurs du Cirad, en collaboration avec le Joint Genomic Institute (États-Unis), a retracé pour la première fois l’histoire évolutive de la canne à sucre. Les résultats de cette étude, publiés le 14 octobre 2025 dans la revue Cell, apportent un nouvel éclairage sur l’origine et la domestication de cette plante cultivée à l’échelle mondiale.



Culture majeure, la canne à sucre représente environ 80 % de la production mondiale de sucre et est également utilisée pour la fabrication de bioéthanol. Malgré son importance économique, ses origines restaient jusqu’ici incertaines, en raison de la complexité de son génome, comme l’explique Angélique D’Hont, coordinatrice de l’étude au Cirad – UMR Agap :
« La canne à sucre moderne est, parmi les plantes cultivées, celle qui a le génome le plus complexe, car elle a un nombre de chromosomes très élevé qui proviennent de plusieurs espèces. Cette complexité a ralenti la compréhension de son origine, de sa diversité et de l’architecture de son génome »,

Une domestication ancienne en Nouvelle-Guinée et un ancêtre sauvage encore inconnu

En s’appuyant sur le séquençage de 390 accessions représentatives et sur des méthodes innovantes d’analyse du génome, les chercheurs ont pu confirmer que Saccharum officinarum, la canne à sucre cultivée, a été domestiquée à partir de l’espèce sauvage S. robustum il y a environ 8.000 ans en Nouvelle-Guinée et dans les îles voisines. Le génome de la plante actuelle apparaît comme une mosaïque issue de différents sous-groupes de cette espèce sauvage.

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L’étude met également en évidence la contribution d’un ancêtre sauvage inconnu, probablement originaire de Mélanésie orientale, ayant participé à la formation de la plupart des variétés modernes. Deux foyers anciens de diversification ont été identifiés.
En Asie continentale, où des transports humains il y a environ 3.000 ans ont entraîné des hybridations avec l’espèce sauvage S. spontaneum.
Dans les îles mélanésiennes et polynésiennes, où la canne à sucre domestiquée a été introduite lors des migrations humaines entre 3.500 et 500 ans avant notre ère, impliquant des hybridations avec un ancêtre inconnu et avec le genre Miscanthus.

De nouvelles perspectives pour l’avenir de la culture

Ces travaux offrent une compréhension sans précédent de la diversité génétique de la canne à sucre et ouvrent la voie à la création de variétés plus résistantes aux maladies et au changement climatique.
« Les espèces sauvages sont de potentielles sources de diversité allélique pour s’adapter au changement climatique. Dans ce cadre, il serait important de retrouver le contributeur inconnu, s’il existe toujours, car il représente un réservoir de diversité génétique potentiellement exploitable », souligne Olivier Garsmeur, premier auteur de l’étude (Cirad – UMR Agap).

La découverte de cette diversité sauvage encore inexploitée constitue ainsi une nouvelle ressource pour le développement futur de cannes à sucre, potentiellement plus résilientes face aux défis environnementaux.