Littérature : L’autrice antillaise Laëtitia Juraver et l’historien et universitaire réunionnais Bruno Maillard primés à la 21ème édition du Prix Fetkann ! Maryse Condé

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Littérature : L’autrice antillaise Laëtitia Juraver et l’historien et universitaire réunionnais Bruno Maillard primés à la 21ème édition du Prix Fetkann ! Maryse Condé

Au terme d’un long processus de sélection, les Prix Fetkann ! Maryse Condé dans les catégories « Recherche » et « Poésie » ont été attribués respectivement à l’auteur réunionnais Bruno Maillard pour son ouvrage « La vie des esclaves en prison » paru chez Plon et à l’autrice antillaise Laëtitia Juraver pour son recueil de poésie « Exodus. Journal de bord d’une atypique », paru aux éditions Neg Mawon. Des œuvres qui célèbrent la dignité humaine et contribuent à la compréhension de l’histoire des pays du sud.

 

Porté par le Cifordom (Centre d’information, de formation, recherche et développement pour les originaires d’outre-mer) présidé par le Guadeloupéen José Pentoscrope, le Prix littéraire Fetkann ! Maryse Condé « Mémoire des pays du sud, Mémoire de l’Humanité », récompense chaque année depuis plus d’une vingtaine d’années des autrices et des auteurs de langue francophone dans quatre catégories (Mémoire, Recherche, Jeunesse et Poésie). Ce Prix vise à encourager et à récompenser des œuvres littéraires en faveur des principes républicains, à valoriser la culture du monde noir et à prévenir toute forme d’intolérance contre les droits fondamentaux de l’être humain.

Un vibrant hommage rendu à Maryse Condé

Lancée cette année en février dernier, la 21ème édition du Prix Fetkann ! Maryse Condé a reçu et collecté des centaines d’œuvres, dont certaines ont été éditées en Algérie, au Sénégal, au Canada, en Roumanie, en Belgique ou en Suisse. A l’issue d’un long processus de sélection, le jury réuni au célèbre Café de Flore, a livré son verdict et a attribué ses différents prix, non sans avoir au préalable, rendu un vibrant hommage à Maryse Condé, autrice guadeloupéenne et figure majeure de la littérature francophone, disparue en avril dernier et dont le Prix Fetkann porte le nom.

Parmi les quatre récipiendaires dans les quatre catégories du Prix Fetkann ! Maryse Condé 2024 figurent deux auteurs ultramarins, dont l’auteur réunionnais Bruno Maillard pour son ouvrage « La vie des esclaves en prison » paru en 2024 chez Plon et l’autrice antillaise Laëtitia Juraver pour son recueil de poésie « Exodus. Journal de bord d’une atypique », paru en 2024 aux éditions Neg Mawon, une petite maison d’édition guadeloupéenne, dont douze ouvrages étaient en lice dans plusieurs catégories pour le Prix Fetkann.

L’univers insolite des esclaves en prison reconstitué

Dans son livre « La vie des esclaves en prison », Bruno Maillard, par ailleurs docteur en histoire, universitaire et membre du conseil scientifique de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage (FME) jette une lumière crue sur la vie des esclaves dans les prisons à La Réunion entre 1767 et 1848. IL nous fait découvrir leurs rapports corrosifs avec des gardiens violents et alcooliques. Il reconstitue un univers insolite où « séquestrer les nègres et les négresses » pour les soumettre, va de soi. Mais il met aussi l’accent sur les résistances des esclaves pour survivre dans les prisons et préserver leur identité, leur dignité et leur intégrité physique, leur rendant ainsi leur humanité.

Une invitation à l’évasion et au dépassement

Quant à Laëtitia Juraver, son recueil de poésie « Exodus. Journal de bord d’une atypique » est une invitation à l’évasion, à l’émerveillement. Une expérience immersive pour tenter de se dépasser, de s’affirmer et de s’affranchir de paraître pour (mieux) être.

Dans les deux autres catégories « Mémoire » et « Jeunesse », ce sont respectivement les autrices franco- rwandaise Beata Umubyeyi Mairesse pour son œuvre « Le Convoi » paru en 2024 chez Flammarion et la Nancéienne Elise Fontenaille pour « Missak et Mélinée, une histoire de l’Affiche rouge » (Arles 2024) qui ont été récompensées.

A noter que dans la catégorie « Mémoire » et « Recherche », le jury a décerné deux mentions spéciales : L’une à Alice Kaplan, écrivaine et historienne pour le dernier volet de sa trilogie algérienne « Baya ou le grand vernissage », édition Le Bruit du monde et l’autre à l’historien et directeur de recherche du CNRS Gilles Havard pour « Les Natchez : une histoire coloniale de la violence » (édition Taillandier).

E.B.