Le Rhum AOC de la Martinique fête ses 25 ans à l'orée de nouveaux défis

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Le Rhum AOC de la Martinique fête ses 25 ans à l'orée de nouveaux défis

Le rhum AOC de Martinique, seul rhum au monde à disposer de ce label, a fêté ses 25 ans le mardi 10 novembre au Sénat, en présence de la sénatrice Catherine Conconne, d'élus, de producteurs de rhum martiniquais mais aussi de responsables de la filière. Un anniversaire qui met en exergue le chemin parcouru mais aussi les défis que la filière doit relever.


 

C'est par un décret du 5 novembre 1996 relatif à l'appellation d'origine contrôlée "Martinique" que le rhum de Martinique serait labellisé rhum  AOC. Une labellisation, fruit d'une longue bataille entamée dès les années 1972 avec la création de l’Association professionnelle des producteurs-embouteilleurs de rhum agricole de la Martinique (APPERAM).  Cette Appellation d'Origine Controllée avait pour but d'étendre la protection déjà accordée aux rhums et tafias des départements d'outremer et aux rhums agricoles afin de les distinguer des autres zones et modes de production. Actuellement la Martinique est le seul département d'outre-mer et dans le monde à bénéficier d'une AOC.

Aujourd'hui, 25 ans plus tard, cette appellation a permis au rhum martiniquais de se distinguer tant sur le marché national qu'international, comme le souligne Marc Sassier lors de cet évènement. «Depuis cette obtention d'Apellation d'Origine Controlée sur le rhum martiniquais en 1996, nous avons réussi à conquérir de nouveaux marchés,  le rhum martiniquais jusqu'ici restait sur un marché franco-français.  Grâce aux barmans, nous avons réussi à faire évoluer le rhum comme un ingrédient majeur. C'est un rhum de qualité, avec des arômes puissants. On a même créé la mode du rhum agricole qui fait  face à de nombreuses copies avec des rhums de Martinique en Chine, au Pérou. Sur ce point , L'Etat français a aidé à combattre ces usurpations. Nous avons aussi  défendu le  rhum agricole au niveau de l'Europe. C'est un bilan très positif car nous avons montré que le rhum n'est pas seulement un alcool, c'est un produit noble avec un terroir. Cette notion de terroir est importante car les visiteurs actuels en Martinique viennent visiter les distilleries. Aujourd'hui, avec le spiritourisme, on arrive à vendre une identité même si la canne n'a pas eu un passé glorieux mais nous avons réussi à sublimer cette partie. Mais la canne est un secteur qui a de l'avenir».

Aujourd'hui, la Martinique produit plus de 17 millions de litres de rhum AOC dont 8 millions sont exportés. Dans cette production, le spiritourisme représente 30% de la consommation locale. 

Faire face au poids des normes environnementales

Fort de ce succès, le Rhum AOC de Martinique fait face à de nouveaux défis, outre la concurrence féroce du marché : étendre la surface agricole de la canne nécéssaire à la production du rhum tout en respectant des normes phytosanitaires et environnementales de plus en plus strictes.  « Les règles changent très vite et d'ici deux ans, nous n'aurions plus de solutions. Nous manquons de main d'oeuvre pour arracher l'herbe et il existe un surcout pour l'arrachage qu'il faut compenser. C'est notre plus grand défi, car sans canne, nous n'avons pas de rhums. L'autre défi que nous avons réalisé est de réviser l'aire géographique l'année dernière. Cette révision nous a permis de gagner quelques hectares non AOC, car ils avaient été oublié. Cela nous a permis de donner un nouveau souffle à l'Appellation. Mais à terme, il nous faut de la canne car nos ventes continuent de progresser», souligne Marc Sassier. 

Le rhum de Martinique est présent dans une centaine de pays dans le monde avec des volumes conséquents en Espagne, en Italie, aux États-Unis, au Canada et en Belgique. Actuellement, le rhum est en tête des ventes des alcools blancs, devant la vodka et le gin mais il est devancé sur le marché mondial des spiritueux, par le whisky et le brandy.