Le Réunionnais Johny Guichard fait découvrir son thé d’exception à l’UNESCO

Johny Guichard avec sa femme et Philippe Franc, ambassadeur de la France auprès de l'UNESCO/ Johny Guichard avec Jérémy Tamen, expert en thé (©  DR

Le Réunionnais Johny Guichard fait découvrir son thé d’exception à l’UNESCO

Ce lundi 10 juin, 16 producteurs de thé du monde entier ont été invités par l’UNESCO à présenter leurs productions. Cet événement, qui s'est tenu au siège de l’institution à Paris, a réuni plus de 250 invités. Ils ont ainsi pu se familiariser avec des thés venus de Chine, du Pérou, du Maroc, ou encore de France. Parmi les invités se trouvait Johny Guichard, fondateur de Labyrinthe En Champ Thé. Le Réunionnais, qui a lancé son activité en 2005, a longtemps été le seul producteur de thé français. Il est désormais le plus ancien et l’un des plus prolifiques. Fort de 20 ans d’expérience, c’est un nouveau chapitre qu’il souhaite, aujourd’hui, écrire.

 

C’est dans le cadre de la Journée internationale du thé, célébrée le 21 mai dernier, que l’UCA (UNESCO Community Association) a organisé, il y a quelques jours, un événement autour de la boisson la plus consommée au monde, après l'eau. « Consciente de l’importance que revêt le thé pour permettre le développement rural et assurer des moyens de subsistance durables, l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé de proclamer le 21 mai Journée internationale du thé, afin de sensibiliser le public à cet enjeu et d’encourager la mise en place d’actions collectives et de mesures favorables à une production et une consommation durables de thé », peut-on lire sur le site de l’ONU. 

Dans ce contexte, l’événement de l’UNESCO auquel Johny Guichard a été convié était une occasion unique de présenter toute la richesse de ses productions issues de son exploitation de 6 hectares. Celle-ci est située dans le Sud de La Réunion, à Grand Coude, dans les hauteurs de Saint-Joseph. « Présenter notre thé à l’UNESCO était une chance incroyable », indique le producteur. « Les retours ont été très positifs et plusieurs contacts ont manifesté leur intérêt pour nos produits. C’est une reconnaissance inestimable de notre travail et cela nous encourage à aller plus loin. »

Johny Guichard a présenté à l'UNESCO toute la richesse de ses productions issues de son exploitation de 6 hectares © DR

Sauvegarder le patrimoine

En tant que pionnier de la relance de la production de thé en France, c’est donc tout naturellement que Jérémy Tamen, président fondateur de l'Association des Producteurs de Thé Français, expert auprès de l’UNESCO, a pensé au Réunionnais pour représenter la France à cet événement célébré pour la quatrième année consécutive. « C’était un petit événement en 2021. En 2022, nous avons eu la présence de 10 pays producteurs. En 2023, ça s’est encore agrandi. En 2024, j’ai proposé d'intégrer la France puisque nous sommes producteurs de thé, historiquement depuis 1726, puis de façon contemporaine dans les années 50, et encore plus proche de nous en 2005 lorsque Johny et Emmanuelle Guichard ont repris la production. Cela faisait sens qu’ils soient là. » Labyrinthe En Champ Thé, c’est une histoire de thé, mais c’est également une histoire familiale et une farouche volonté de préservation du patrimoine réunionnais. « La plantation date des années 50 mais elle était à l’abandon », raconte Johny Guichard. « Le but c'était à l'origine de sauver le patrimoine agricole de Grand Coude. Nous voulions mettre en valeur notre petit village mais aussi cette production qui a fait rayonner le thé français dans le monde, il n’y a pas si longtemps. On a grandi avec le thé. Nous voulions préserver cela tout en montrant la richesse de notre village. C’est pour cela que vous pouvez visiter le labyrinthe, si vous le souhaitez ! » 

L’exploitation, qui va bientôt avoir 20 ans, fonctionne grâce à 11 personnes : beaucoup de membres de la famille mais surtout des habitants du village. « Tous les jours, nous récoltons le thé. Nous faisons également l'entretien des champs. Il faut savoir que nous sommes certifiés ‘Agriculture Bio’ et que nous avons remporté la médaille d’or avec notre thé blanc impérial, au Concours AVPA, qui célèbre les thés du monde ». Parmi les autres produits commercialisés, on peut retrouver du thé vert ainsi que du thé noir. « C’est un thé qui est issu d’un terreau très jeune. Le sol est volcanique. Il est très aromatisé même si on ne met rien dedans. À La Réunion, ce qui fonctionne le plus, c’est le thé blanc parce qu’il est doux naturellement et a des saveurs très boisées. Mais nous visons aujourd’hui d’autres régions du monde, qui ont d’autres attentes. »

Vers de nouveaux marchés

Avec une production de plus d’une tonne par an, Johny Guichard se dit plutôt satisfait de sa clientèle fidèle et diversifiée. « Il y a ceux qui vivent à La Réunion, bien sûr, mais aussi les touristes et, dans l’Hexagone, on peut acheter sur internet ou dans les enseignes TEA & TY.. Aujourd’hui, nous voulons être reconnus au niveau international, aussi ce rendez-vous à l’UNESCO est une grande étape. Nous remercions d’ailleurs l’Île de la Réunion Tourisme ( IRT) et le GAL Sud ( NDLR : Le GAL (Groupe d'Action Locale) "Grand Sud, Terres de Volcans" ) de nous avoir accompagnés pour que nous puissions arriver jusque-là ». Néanmoins, pour Labyrinthe En Champ Thé, le chemin est encore long. Toute l’équipe a dû s’adapter pour se former à de nouvelles méthodes de production afin de séduire d’autres marchés. Une autre difficulté se présente pour les producteurs français. « Se faire connaître, c’est compliqué. Il y a aussi ceux qui emballent leur thé en France et qui disent que c'est du thé de France… » Johny Guichard ne se décourage pas, loin de là. Après avoir travaillé sur de nouvelles formules, il se prépare déjà à la prochaine étape : un voyage en Chine, entre octobre et novembre 2024, pour échanger sur les différentes techniques de production, mais pas que... « Ceux qui étaient là ont aimé notre thé noir. On veut le faire découvrir à la Chine. »

Johny  Guichard avec Jéremy Tamen, expert en thé, (à droite) et un producteur du Yunnan (au centre) © DR

Abby Said Adinani