En 2022, soit deux ans après la création du Centre National de la Musique (CNM), son président, Jean-Philippe Thiellay, se rendait à La Réunion, à Mayotte, en Guadeloupe, puis en Martinique… Ne manquait plus que la Guyane pour compléter la liste des DROM. Ce sera bientôt chose faite, puisque le représentant de l’organisme public sera en déplacement sur le territoire du 11 au 17 novembre prochains. Objectifs ? Rencontrer les acteurs de l’industrie musicale et les institutions, observer la réalité de ce que vivent les professionnels sur place, continuer à contribuer à la structuration de cette filière et, surtout, poursuivre la communication sur les différentes aides qui peuvent être proposées. De la formation au financement, en passant par le conseil, le CNM peut être le levier manquant pour les acteurs dans cette structuration, qui doit également être réfléchie sous un prisme économique.
Quatre ans après la naissance du Centre National de la Musique (CNM), l’organisme reste plus que jamais engagé dans sa mission : soutenir les acteurs de l’industrie musicale, y compris ceux qui évoluent dans des territoires souvent éloignés des grandes infrastructures nationales. « Pour moi, la France, c’est l’Hexagone bien sûr, mais c’est aussi les Outre-mer. C’est pour cela que j’ai voulu que, dès 2021, pendant la crise COVID, ces territoires aient leur place au Centre National de la Musique, afin qu’on puisse les aider. Parce que cet éloignement et cette insularité rendaient la situation encore plus difficile ». À cette époque, face à la complexité des défis rencontrés par les professionnels de la musique, le CNM avait lancé un fonds d’urgence de 1 million d’euros à destination des Outre-mer. Ce fonds est aujourd’hui toujours en place, malgré la fin de la pandémie.
600 000 euros pour soutenir les territoires ultramarins
« L’éloignement, l’insularité, la difficulté d’organiser des tournées ou de promouvoir les artistes sont des réalités indéniables dans les Outre-mer », rappelle Jean-Philippe Thiellay. C’est pour répondre à ces défis que le CNM a instauré le Fonds Outre-mer, reconduit chaque année. Ce fonds, doté de 600 000 euros au titre de l’année 2024, soutient la diffusion musicale, la présence digitale des artistes, la structuration des entreprises et la mobilité des professionnels de la musique. Il permet de financer des projets variés, comme l’organisation de concerts, la captation audiovisuelle ou encore la promotion en ligne. « L’idée était d’accompagner les artistes ultramarins dans leur développement, en leur donnant des outils adaptés à la réalité de leurs territoires ». À ce jour, près de 200 projets ont bénéficié de ces aides. « Certes, il reste encore beaucoup à faire, mais les projets avancent. Nous sommes là pour accompagner ces talents et ces structures, pour qu’ils puissent grandir dans leur environnement tout en ayant une visibilité nationale et internationale ». Plus qu’une question financière, il s’agit également de faciliter l’accès à des ressources qui seraient difficilement accessibles autrement.
« Ce que j’entends souvent, c’est que c’est trop compliqué… Moi-même, quand j'ai pris mes fonctions il y a 5 ans, je trouvais cela extrêmement compliqué. Il y a donc une complication objective quant au fait de développer une activité, ainsi qu'une complication liée au paysage administratif… Entre les normes sur la sécurité des lieux de spectacle, les contraintes de la licence d'entrepreneur de spectacle, la fiscalité… Cela paraît presque insurmontable ! Il ne faut pas hésiter à poser des questions, à demander des explications, à se faire aider… Le service public est là pour ça ! Car on a besoin de musique, on a besoin d'artistes dans notre pays ». En effet, au-delà du volet financier, le CNM tend à faciliter les nombreuses démarches administratives qui peuvent en rebuter plus d’un. Des programmes d’accompagnement, des formations, des conseils personnalisés sont mis en place pour orienter les artistes et les producteurs dans cet environnement complexe. « Nous offrons une expertise précieuse aux artistes et producteurs qui, parfois, sont perdus face à la multitude de démarches à effectuer dans ce parcours de professionnalisation », confirme le président de l’institution.
De l’importance de s’affilier au CNM
Pour être accompagné, encore faut-il être affilié. L’affiliation est gratuite et peut se faire en ligne, sur le site internet du Centre Nationale de la Musique. Cette inscription ouvre les portes à un ensemble de dispositifs, parmi lesquels le programme de soutien à la mobilité des artistes et des professionnels de la musique. « Organiser des tournées pour un artiste ultramarin dans l’Hexagone, c’est une montagne à gravir, à cause des coûts et de la logistique. Le CNM a donc mis en place des aides à la mobilité pour rendre cela plus facile ».
Les aides automatiques et sélectives sont aussi un autre volet à prendre en compte en tant qu’adhérent à la structure. « Lorsqu’on organise des concerts live, il existe une taxe sur la billetterie, collectée par le CNM. Cette taxe peut revenir à l’organisateur sous forme d’aides automatiques ou sélectives. L’objectif, c’est de faire connaître ce dispositif et de montrer à quel point il est avantageux pour les organisateurs et les artistes, car il permet de financer des projets et d’assurer une pérennité économique ». Sensibiliser, communiquer vers les professionnels pour leur permettre de bénéficier de ces dispositifs, voilà l’un des autres objectifs de Jean-Philippe Thiellay, qui se rendra donc en Guyane dans quelques semaines pour rencontrer les acteurs locaux. « Cela nous permet aussi de voir des lieux de spectacles, d’échanger avec les institutionnels, de voir si nous ne sommes pas à côté de la plaque en nous confrontant au terrain… », glisse le président en souriant.
Le planning du 11 au 17 novembre sera chargé : réunions d’information à Remire-Montjoly mais également à Saint-Laurent-du-Maroni, visites des lieux de spectacles, rencontres avec les élus locaux, discussions avec les entrepreneurs de la musique, mais également participation à la finale du prestigieux concours « Voix des Outre-mer », qui se tiendra cette même semaine. « Ce concours est très cher à mon cœur. J’ai toujours été impressionné par les participants, et je suis ravi d’en être membre du jury cette année », nous confie Jean-Philippe Thiellay. Au-delà des rencontres institutionnelles, ce déplacement est aussi une occasion de découvrir les talents guyanais. « Avant chaque visite, je demande à mon équipe de me constituer une playlist d’artistes locaux aussi d’avance je me réjouis. Je vais découvrir des musiques et des voix incroyables, encore une fois ».
Abby Saïd Adinani