« La Mémoire des hauts-fonds » : une exposition collective d’une vingtaine d’artistes issus des Outre-mer et des territoires des 3 océans à la Cité internationale des arts à Paris

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« La Mémoire des hauts-fonds » : une exposition collective d’une vingtaine d’artistes issus des Outre-mer et des territoires des 3 océans à la Cité internationale des arts à Paris

Jusqu’au 6 avril 2024 une vingtaine d’artistes issus des territoires ultramarins et des 3 océans présentent leur travail au cours d’une exposition collective intitulée « La Mémoire des hauts-fonds » à la Cité internationale des arts à Paris. Une traversée subjective dans la création de ces artistes et qui tente de suivre des courants, des tracées, des intensités et des refus pour construire un sens et une poésie du lieu et de l’histoire d’où ils sont originaires.

Plus grande résidence d’artistes au monde, la Cité internationale des arts située au cœur de Paris réunit tout le long de l’année des artistes de toutes les nationalités, de toutes les générations et dans toutes les disciplines et leur permet de mettre en œuvre un projet de création ou de recherche dans toutes les pratiques.

Outil de valorisation du travail en cours et d’accompagnement des artistes accueillis en résidence, la programmation artistique et culturelle de la Cité internationale des arts affirme le rôle de la résidence comme « moment de l’expérimentation et d’échanges d’idées ». Ainsi, se déploie durant toute l’année une programmation foisonnante, éclectique et dédiée à la création la plus contemporaine dans toutes les disciplines et toutes les formes (ateliers ouverts, expositions, concerts, performances, débats d’idées…).

Une poésie de la cohabitation des contraires

C’est dans cet esprit et ce cadre que s’inscrit l’exposition « La Mémoire des hauts- fonds » qui présente le travail de vingt-deux artistes, anciens et actuels résidents de la Cité internationale des arts originaires des territoires ultramarins et des trois océans (Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Nouvelle-Calédonie, Polynésie), mais aussi Haïti, La République Dominicaine, Trinidad ou Samoa, et parmi lesquels on retrouve quelques artistes connus tels la Réunionnaise Estelle Cappolani, la Calédonienne Shivay La Multiple, la Tahitienne Marie-Hélène Villierme ou encore le Guadeloupéen David Gumbs.

Cette exposition nous plonge dans une traversée subjective et non exhaustive dans la création de ces vingt-deux artistes. Par cet oxymore, cette association de termes opposés – hauts fonds – l’idée est de produire « une poésie de la cohabitation des contraires », nous explique les initiateurs de cette exposition. Ces hauts fonds ouvrent aussi l’espace de la « métaphore et de la méthode » où « récits littéraires, artistiques, politiques, théoriques et critiques de l’humanisme convergent et se disjoignent pour repenser une nouvelle conception de l’humain », selon l’idée empruntée à l’autrice et universitaire américaine Tiffany Lethabo King. 

Une exposition en résonance avec des lieux en perpétuelle mutation et transformations constantes 

Sans chercher à reprendre par thèmes ou à rassembler en aires géographiques ou même en générations les pratiques de ces artistes, l’exposition « La Mémoire des hauts- fonds » tente plutôt de suivre des courants, des tracées, des intensités et des refus qui, temporairement, construisent « un sens et une poésie du lieu et de l’histoire ». Elle met aussi l’accent sur les transformations et les mutations des langues héritées de la colonisation au contact des langues autochtones, qu’elles émanent d’Afrique, d’Asie ou d’Amériques. Des langues qui peuvent parfois permettre de construire de nouvelles cosmogonies et créer d’autres narrations du vivant à même de « mieux contrecarrer la violence inscrite dans le corps par le projet colonial ».

En ce sens, « La Mémoire des hauts- fonds » est en résonance avec ces lieux en perpétuelle mutation et en transformations constantes marquées par tant d’histoires douloureuses et par des récits de résistances et de luttes recouvrant des champs de bataille ou de trésors anciens d’où sont originaires ces artistes. Pas étonnant donc que cette mémoire soit vue et traduite comme des « hauts- fonds » par ces artistes. Comme pour souligner l’ambivalence et la fragilité de ces lieux, à la fois terres de sang et de larmes, terres en péril et terres d’avenir.

E.B.

Exposition « La Mémoire des hauts- fonds »

Jusqu’au 6 avril 2024

Cité internationale des arts 

18, rue de l’Hôtel de ville

75004 Paris

Infos et programme sur :  www.citedesartsparis.fr