La Martinique devient la région la plus âgée de France, naissances et décès sont en baisse en Guadeloupe, et la fécondité reste élevée en Guyane (Insee)

Vue d’un marché en Guyane ©Outremers360

La Martinique devient la région la plus âgée de France, naissances et décès sont en baisse en Guadeloupe, et la fécondité reste élevée en Guyane (Insee)

Les trois départements d’Outre-mer du bassin Atlantique présentent des disparités mais aussi des similarités. Sur l’année 2022, en Guadeloupe et en Martinique, le recul démographique et le vieillissement s’accentuent, faisant de la Martinique le département le plus âgé de France. A contrario, en Guyane, la croissance démographique se poursuit. Les naissances sont moins nombreuses qu’en 2021 mais la fécondité du territoire reste bien supérieure à celles des Antilles et de l’Hexagone.

 

Selon les derniers chiffres de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la Martinique est dorénavant la région la plus âgée de France. Au 1er janvier 2023, la population martiniquaise était estimée à 347.686 habitants, soit 4519 habitants de moins que l’année précédente. « Le recul démographique se poursuit et la région perd 1,0% de sa population en moyenne par an : depuis 2013, l’île a perdu 37.865 habitants soit l’équivalent des communes de Ducos et de Schœlcher réunies », détaille l’organisme statistique. Les naissances ont été moins nombreuses et le nombre des décès demeure élevé, même si le taux de mortalité a diminué par rapport aux années précédentes. En comparaison, dans la même période, sur les dix dernières années, la population de la France hexagonale a augmenté en moyenne de 0,3% par an.

 

« La deuxième composante de la dynamique démographique est le solde migratoire, c’est-à-dire la différence entre le nombre d’arrivées et le nombre de départs du territoire. Il reste fortement déficitaire en Martinique en 2022 (-3844 habitants), comme il l’est depuis 15 ans. Les départs du territoire des jeunes adultes à la recherche d’un emploi ou pour continuer leurs études restent importants, fragilisant un peu plus chaque année la structure démographique de l’île », ajoute l’Insee. À l’inverse, les seniors sont de plus en plus nombreux. En 2023, l’île est devenue la région française avec la part la plus élevée de personnes de 60 ans et plus (33%), devant la Nouvelle-Aquitaine (32%). Le vieillissement de la population se poursuit inéluctablement, à un rythme plus marqué que dans l’Hexagone. L’indice de vieillissement martiniquais est de 1,14 (114 personnes âgées de 65 ans ou plus pour 100 jeunes de moins de 20 ans), contre 0,92 pour la France.

En Guadeloupe, au 1er janvier 2023, la population était estimée à 375.845 personnes, soit 2631 habitants de moins que l’année précédente. « Le recul démographique amorcé depuis 2012 se poursuit et la région continue de perdre des habitants. En dix ans, l’île a perdu 0,7% de sa population en moyenne par an soit une baisse totale de 26.274 habitants, l’équivalent de la commune du Gosier », précise l’Insee. Les causes sont sensiblement les mêmes qu’en Martinique : des naissances toujours moins nombreuses (en 2022, 4196 enfants sont nés en Guadeloupe, soit 148 de moins qu’en 2021), et une baisse du nombre de femmes en âge de procréer. Le document relève que « la population féminine âgée de 20 à 39 ans, période où les femmes ont le plus souvent des enfants, diminue depuis 2000 ». En Guadeloupe, sur dix ans, le nombre de femmes de cette tranche d’âge est passé de 60.000 environ en 2003 à 40.000 en 2023. 

Le nombre des décès diminue (en 2022, 4027 personnes sont décédées en Guadeloupe, soit 562 de moins que l’année précédente marquée par l’épidémie de Covid-19), entraînant également un vieillissement de la population. « Les seniors sont de plus en plus nombreux : en 2023, les Guadeloupéens de 60 ans et plus représentent 30% de la population contre 21% dix ans plus tôt. La Guadeloupe est le 2e DROM dont la part des 60 ans et plus est la plus élevée derrière la Martinique (33 %). » L’Insee rappelle encore que la deuxième composante de la dynamique démographique est le solde migratoire. « Il reste déficitaire : du fait des migrations, la Guadeloupe perd 2843 habitants en 2022. Ce déficit s’explique notamment par des départs du territoire de jeunes adultes à la recherche d’un emploi ou pour continuer leurs études, lesquels fragilisent un peu plus chaque année la structure démographique de la région. Les moins de 25 ans représentaient 33 % de la population guadeloupéenne en 2013, ils n’en représentent que 28% en 2022. » 

La situation est bien différente en Guyane. En dix ans, la population a augmenté en moyenne de 2,1% par an pour une hausse totale de 56.981 habitants. Au 1er janvier 2023, la population de la Guyane était estimée à 301.099 habitants, soit une hausse de 1,7% en un an. Malgré un recul des naissances en 2022, la fécondité des femmes reste élevée. Le taux de natalité reste l’un des plus hauts des régions françaises et atteint 25,8‰. Par ailleurs, en 2022, la croissance de la population guyanaise est restée fondée sur un solde naturel très excédentaire : +6504. « En effet, les naissances sont bien plus nombreuses que les décès. La jeunesse de la population soutient à la fois un fort taux de natalité et un faible taux de mortalité. En 2022, 55% de la population a moins de 30 ans », souligne l’Insee.

Bonne nouvelle pour la collectivité, le nombre de décès diminue et l’espérance de vie augmente. Après la hausse observée en 2021 liée à la pandémie de Covid-19, le nombre de décès est en baisse. « En 2022, 1200 personnes domiciliées en Guyane sont décédées, soit 165 de moins qu’en 2021. Néanmoins ce nombre de décès reste élevé par rapport à la situation avant la crise sanitaire (1020 décès en 2019) », constate l’Insee. En conséquence de cette baisse, l’espérance de vie à la naissance a augmenté l’année dernière. Elle passe de 73,6 ans en 2021 à 76,4 ans pour les hommes et de 80,4 ans à 82,6 ans pour les femmes. « L’écart entre les deux sexes se réduit passant de 6,8 ans en 2021 à 6,2 ans en 2022. Il est plus élevé qu’en France métropolitaine (5,9 ans) », conclut le document.

 

PM