Guyane : Visite du secrétaire national de l’UFAP au centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly

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Guyane : Visite du secrétaire national de l’UFAP au centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly

Le centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly a reçu, lundi 27 mai 2025, la visite d’Emmanuel Chambaud, secrétaire national du syndicat UFAP-UNSa Justice. Ce déplacement s’inscrivait dans le cadre du congrès régional de l’UFAP, qui s’est tenu deux jours plus tôt en Guyane et qui a vu la réélection de Stève Bertrand au poste de secrétaire régional. Focus grâce au reportage de nos partenaires de Radio Péyi.

Une visite qui intervient dans un contexte particulièrement sensible, marqué par le suicide récent d’un détenu et les déplacements successifs du député Davy Rimane et du ministre de la Justice, Gérald Darmanin. 

Interrogé sur la situation locale, Emmanuel Chambaud a pointé du doigt des difficultés structurelles persistantes : « J’étais passé ici en 2023, aujourd’hui pas grand-chose n’a changé, si ce n’est une surpopulation carcérale qui s’est accrue, et ce n’est pas en mettant une couche de peinture sur quelque chose qui est dégueulasse qu’on va faire du neuf. C’est difficile, on est sur un établissement d’une capacité de 600 places, et on a plus de 1.100 détenus qui sont hébergés ». 

Il souligne les conséquences de cette surpopulation sur le travail des agents : « Du coup, notre collègue qui normalement doit avoir en charge un certain nombre de détenus, voit ce nombre de détenus multiplié par 2, donc forcément, le travail on ne peut pas le faire comme on doit le faire ».

Concernant les effectifs, le responsable syndical a fait état d’échanges réguliers avec les autorités : « Sur les effectifs c’est compliqué, on a eu régulièrement, depuis la prise de poste de monsieur Darmanin, des rendez-vous concernant ces problèmes d’effectifs. (…) On veut créer une deuxième école nationale d’administration pénitentiaire, aujourd’hui on en a une seule qui se trouve à Agen, et qui est complètement saturée ». 

Par ailleurs, Emmanuel Chambaud s’est exprimé sur le projet de construction d’un établissement de haute sécurité à Saint-Laurent-du-Maroni : « Cette prison, elle est issue des accords de 2017 de Guyane. Elle aurait dû voir le jour en 2023. Aujourd'hui, on est en partie satisfait puisqu'on harcelait le ministère et la directrice de cabinet sur la construction de cet établissement qui est plus que nécessaire au regard de la sur surpopulation pénale du centre pénitentiaire de Guyane de Rémire-Montjoly ».

Cependant, il estime que la capacité prévue est insuffisante : « Il va être construit, néanmoins, il n'est pas suffisamment grand puisqu’il aujourd'hui il n’aura que 495 places, et lors de nos échanges qu’on a eu la semaine dernière avec la directrice de cabinet, il semblerait qu’il y ait une possibilité à l’intérieur de cet établissement de rajouter un bâtiment ».

Le secrétaire national de l’UFAP plaide aussi pour des structures alternatives, notamment des centres modulaires : « Nous avons un deuxième vecteur sur lequel nous échangeons, sur le fait qu’on puisse construire des modulaires. (…) Et il y aura une nécessité sur Saint-Laurent-du-Maroni, pour placer des gens qu’on ne peut pas mettre en bracelet électronique parce qu’ils n’ont pas accès à l’électricité (…) On pourrait les placer en semi-liberté, ça éviterait d’envoyer des gens en prison qui sont déjà suffisamment encombrés ».

Enfin, Emmanuel Chambaud a réagi favorablement à la récente adoption par l’Assemblée nationale d’une loi sur la création de Quartiers de Lutte contre la Criminalité Organisée (QLCO), qui seront notamment expérimentés à Saint-Laurent : « Ces Quartiers de Lutte contre la Criminalité Organisée QLCO vont être mis en place dans l’hexagone à partir du 31 juillet. C’est un quartier spécifique renforcé en termes de sécurité qui permettra de mettre à l’intérieur des détenus aujourd’hui qui, malgré le fait qu’ils sont incarcérés, continuent à gérer leurs affaires à l’extérieur ».

Il précise les modalités de cette expérimentation : « On va avoir l’expérimentation dès le 31 juillet sur le centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil dans le Nord (…) Il y a effectivement une formation spécifique qui est en train de se dérouler pour les collègues (…) puisque c’est un régime de détention totalement dérogatoire où, pour vous donner un ordre d’idée, quand 5 détenus vont se déplacer, il y aura toujours au moins 8 surveillants qui vont les accompagner ».

La visite d’Emmanuel Chambaud aura donc été l’occasion de dresser un état des lieux préoccupant et de relayer les attentes du personnel pénitentiaire local auprès des autorités nationales. 

Damien Chaillot