C’est en présence de le maire de la Ville de Cayenne, Sandra Trochimara, de la Banque des Territoires représentée par Christian Moutton, et du directeur territorial de la Guyane et le directeur général de l’EPFA Guyane, Denis Girou, qu’a été signé la convention «Démonstrateurs de la Ville durable» sur l’Opération d’Intérêt National Tigre-Maringouins, encadrant l’un des premiers éco-quartiers amazoniens durables, qui mise sur le vivre ensemble et la valorisation de la nature.
L’appel à manifestation d’intérêt « Démonstrateurs de la Ville Durable », a pour objectif d’accompagner la transition écologique des territoires par la création d’un réseau national de démonstrateurs, à l’échelle d’îlots ou de quartiers, illustrant la diversité des enjeux de transition écologique et de développement durable des espaces urbains français. Ce programme s’inscrit dans la stratégie d’accélération « Solutions pour la ville durable et les bâtiments innovants » et la démarche « Habiter la France de Demain », lancée par le Gouvernement en faveur de villes sobres, résilientes, inclusives et productives.
Le comité de sélection a retenu 39 lauréats, annoncés les 8 janvier et 17 mars 2022. Les lauréats bénéficient en phase d’incubation du projet d’une durée de 36 mois maximum, d’un accompagnement financier et technique par l’État. Arrivés à maturité, les projets bénéficient du soutien de France 2030, opéré par la Banque des Territoires pour le compte de l’État, pour la mise en œuvre des actions innovantes en phase de réalisation.
Au-delà du soutien financier, le programme vise à accompagner les porteurs de projets dans la définition et la réalisation de leur démonstrateur ; soutenir l’émergence d’outils et de méthodes innovantes, pour une transformation durable des filières de la conception, de la réalisation et de la gestion des espaces urbains ; ou encore de favoriser l’émergence d’innovations et d’acteurs économiques capables de créer de la valeur en France et à l’international, la ville durable constituant un terrain d’expérimentation et un marché potentiel considérables.
A l’entrée de ville de Cayenne, le secteur Tigre-Maringouins fait partie des zones prioritaires de l’Opération d’Intérêt National. Dans ce projet d’écoquartier, sur un délaissé urbain, l’EPFA Guyane, avec ses partenaires, souhaitent appliquer le concept de « ville-nature » par la mise en valeur des aménités naturelles, désenclaver le secteur pour qu’il devienne un catalyseur pour les nouvelles mobilités sur l’île de Cayenne et accueillir et insérer des populations spécifiques. Les premières livraisons sont prévues en 2026 sur 40 ha, tandis que 2.000 logements sont attendus à terme, soit 5% de l’objectif de construction de logements pour l’ensemble de la Guyane en 2030.
Dans le cadre du projet, Tigre-Maringouins se veut être un terrain propice D’expérimentations pour construire un modèle de ville amazonienne durable, intégrant les transports en commun, la renaturation d’un corridor écologique très dégradé, la gestion intégrée des eaux pluviales, la prévention du risque d’inondation, l’amélioration de la gestion hydraulique des quartiers voisins et la création d’une mixité fonctionnelle et sociale. L’éco-quartier se développera sur une friche urbaine qui relie la montagne du Tigre, le Mont des Maringouins et la montagne Leblond, véritable refuge pour la biodiversité.
Pour développer le concept de ville nature, le cahier de préconisations architecturales et urbaines paysagères et environnementales fixe les lignes directrices, parmi lesquelles le respect des principes de l’architecture bioclimatique, la limitation de l’imperméabilisation des sols par la mise en place de parkings perméables et la mise en place de 30% d’espaces verts dont 10% d’un seul tenant, l’axe des énergies renouvelables par la mise en place de panneaux d’eaux chaudes solaires en toiture, et de récupérateur d’eaux pluviales, ou encore le regroupement de plusieurs activités afin de contribuer à l’attractivité du secteur et de la vie de quartier, entre-autres.
Pour Sandra Trochimara, maire de Cayenne « La Ville de Cayenne, ville d’histoire et de patrimoine, présente une forte artificialisation qu’il est désormais urgent de compenser en réduisant l’empreinte écologique des projets. C’est donc avec un réel engouement que je prends part à la promotion de cet aménagement respectueux des objectifs de préservation des rares corridors écologiques encore présents sur Cayenne en cohérence avec des enjeux non moins prégnants de réalisation de logements adaptés au mode d’habitat, de déplacements et enfin d’attractivité et de vivre ensemble ».
Pour Denis Girou, directeur général de l’EPFA Guyane, « Nous sommes fiers, avec nos partenaires que sont la Banque des Territoires qui opère pour le compte de l’État, la Ville de Cayenne, les collectivités territoriales, les professionnels de l’aménagement et de la construction, que Tigre-Maringouins soit identifié comme un démonstrateur urbain. C’est une opération d’aménagement qui traduit un haut niveau d’ambition sociale et environnementale, réplicable, qui mobilise une approche prospective, des solutions innovantes techniques, servicielles, organisationnelles, d’usages, de procédés sur le bâti, les espaces publics ou les réseaux. Toute cette ingénierie, cette intelligence collective est embarquée pour répondre aux enjeux de la Ville en Guyane en traitant la ville inclusive, l’habitat informel et l’auto-construction, la construction en zone tropicale, la prospective stratégique, la culture partenariale et la mobilisation citoyenne ».
L’une des forces du projet et axe principal mis en avant dans sa conception, la valorisation de la richesse paysagère et de la biodiversité, par une séquence appelée ERC, pour Eviter, Réduire, Compenser, proposée à l’occasion du dépôt loi sur l’eau. Il s’agit de la plus ambitieuse que l’EPFA Guyane ait conçue dans le cadre de sa mission d’aménageur urbain avec, entre autres, la renaturation d’un corridor très dégradé et la sanctuarisation d’une réserve à orchidées pour une espèce non protégée mais caractéristique de la Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF).
Elle prévoit pendant la phase travaux de : maintenir, restaurer, végétaliser le corridor écologique boisé Montagne du Tigre, Montagne Maringouin et Mangrove Leblond englobant la forêt marécageuse contenant la future réserve à orchidées Aspidogyne Longicornu, de mener un suivi environnemental du chantier avec un écologue, d’ intégrer les aménagements paysagers boisés avec des espèces végétales locales favorisant le déplacement de la faune, d’élaborer et mettre en place un plan de lutte contre les espèces exotiques envahissantes, de maintenir l’évitement de la population de la plante Bromelia plumieri et de la mare du secteur sud de la Zac. Le bois et le corridor seront conservés et enrichis par d’un parcours sportif de 1100 m linéaires.
À noter également, le volet expérimentations et innovations durables, puisque le quartier permettra d’expérimenter des innovations durables grâce à l’effet de levier et de volume attendu sur plusieurs filières durables locales : la filière végétale et la filière des éco-matériaux locaux.
Damien Chaillot