La Police nationale a officiellement lancé hier à Cayenne le dispositif « Police Connected », un bouton d’alerte géolocalisé directement relié aux forces de l’ordre. Initialement conçu pour les commerçants, ce dispositif a été adapté et déployé auprès d’une trentaine de professionnels de santé, grâce au soutien financier de l’Agence Régionale de Santé (ARS). L’objectif : renforcer la sécurité des médecins et infirmiers libéraux souvent confrontés à des situations d’agression a indique la lettre de l'ARS.
Le déploiement de ce dispositif intervient dans un climat marqué par une insécurité croissante en Guyane. Neuf mois après le drame de Saint-Laurent-du-Maroni, où la pharmacienne Hélène Tarcy-Cétout a perdu la vie lors d’une agression en pleine rue, les professionnels de santé continuent de dénoncer les risques auxquels ils sont exposés. Vols, agressions et menaces touchent fréquemment les praticiens, en cabinet ou lors de visites à domicile. Awatef Argoubi, référente sécurité à l’URPS infirmiers, rappelle l’agression récente d’une infirmière à Kourou, où une patiente lui a fracturé le nez.
Ce climat d’insécurité pèse sur l’attractivité du territoire et complique l’accès aux soins pour les populations locales. C’est dans ce cadre que le dispositif « Police Connected » a été pensé pour rassurer les professionnels et dissuader les actes malveillants.
Fonctionnement et avantages du bouton connecté
Le bouton d’alerte, désormais équipé d’un système de géolocalisation, permet aux professionnels de santé d’alerter directement l’état-major de la Police nationale.
Selon le Dr Jawad Bensalah, référent sécurité à l’URPS médecins, cette nouvelle version du dispositif représente une amélioration significative.
« L’ancien système alertait nos proches ou une société de gardiennage. Désormais, nous sommes en lien direct avec la police, ce qui permet une réactivité accrue, notamment lors de visites à domicile », explique-t-il.
Le fonctionnement est simple : une double pression sur le bouton déclenche une alerte envoyée au Centre d’information et de commandement (CIC), qui gère les appels d’urgence. En cas de réponse, le CIC évalue la situation avec le professionnel. En l’absence de réponse, une patrouille est immédiatement envoyée sur place.
Une phase de test avant une éventuelle extension
Pour le moment, environ 25 infirmiers et 10 médecins de Cayenne ont été équipés de ce dispositif, après avoir signé une convention avec la Police nationale. La phase d’expérimentation se poursuivra jusqu’à la fin février. À cette date, un bilan sera dressé pour évaluer l’efficacité du système et envisager une possible pérennisation.
« Si les résultats sont concluants, nous pourrons élargir le dispositif à d’autres professionnels et à d’autres zones, en concertation avec les forces de gendarmerie », précise Awatef Argoubi. Le financement de cette adaptation, notamment la géolocalisation, a été assuré par l’ARS.
Une réponse aux attentes des professionnels
Le Dr Bensalah se montre confiant quant à l’impact de cette initiative. « L’objectif est de permettre aux professionnels de santé de continuer leur mission dans tous les quartiers, malgré l’insécurité. Ce dispositif est une preuve concrète que le problème est pris à bras-le-corps », souligne-t-il.
Si la phase de test s’avère concluante, « Police Connected » pourrait devenir un outil essentiel pour garantir la sécurité des professionnels de santé en Guyane, tout en favorisant une meilleure continuité des soins dans ce territoire particulièrement exposé.
Damien CHAILLOT