Selon l’Agence régionale de santé de Guyane (ARS Guyane), tous les services du Centre hospitalier de Cayenne vont désormais prendre en charge des patients infectés par la Covid-19, et plus seulement l’Unité des maladies infectieuses et tropicales (Umit).
Pour le professeur Félix Djossou, chef de l’Unité des maladies infectieuses et tropicales (Umit) à l’hôpital de Cayenne : « Avec la quatrième vague qui arrive, tout le monde doit se préparer dès aujourd’hui à accueillir des patients atteints de la Covid-19. Dans une situation où l’on manque de personnels paramédicaux, et même médicaux, on ne peut plus ouvrir d’unité spécifique pour la Covid. Prendre en charge des patients Covid ne nécessite pas une haute expertise en termes d’infectiologie. » « On va avoir des poussées épidémiques régulièrement et nous aurons des patients Covid pendant très longtemps », assure le médecin.
D’où la décision, depuis le premier août, de répartir des lits de médecine Covid-19 sur l’ensemble des secteurs (médecine interne, diabétologie, neurologie, médecine post-urgences, pneumologie, hépato gastro-entérologie, soins de suite et de réadaptation (SSR)…) et placés sous la responsabilité des services concernés. « Deux clefs de répartition ont été calculées, pour 30 ou 40 patients atteints de Covid-19 », précise l’ARS Guyane. D’après l’organisme, tous les patients atteints de Covid-19 nécessitant une hospitalisation conventionnelle ou des soins critiques sont pris en charge, cependant « non toujours sans grand mal et générant parfois des difficultés capacitaires pour les patients non-Covid ».
« Avec la quatrième vague, on s’attend à ce que les unités sanctuarisées et la répartition entre les secteurs ne suffisent pas. Il faudra sans doute inventer d’autres unités », déclare aussi le Pr. Félix Djossou, qui alerte sur la situation du personnel médical et paramédical, « déjà très sollicité, et épuisé ». L’infectiologue invite fermement les Guyanais à se faire vacciner pour se protéger des formes graves de la Covid-19, et ainsi participer à faire baisser la tension capacitaire des soins critiques.
Toujours en termes d’organisation, une unité d’oxygénation à haut débit (OHD ou Optiflow) a été créée à l’hôpital de Cayenne en secteur post-réanimation depuis le 28 juillet. « Cette unité vient compléter les 16 lits de réanimation Covid-19 et 8 lits de réanimation non Covid-19 qui étaient ouverts à cette date. La surveillance des patients est assurée par une garde médicale 24/24 pour laquelle sont sollicités l’ensemble des médecins de l’établissement, hors chirurgiens et médecins réalisant déjà des gardes dans leur service. S'agissant de l'organisation paramédicale, des infirmiers et des aides-soignants de l’ensemble des secteurs sont redéployés pour faire fonctionner cette unité », indique l’ARS Guyane.
Concernant la situation sanitaire, l’incidence a augmenté de 43% sur le territoire au cours de la semaine du 9 au 15 août, a relevé Santé publique France dans son point épidémiologique paru aujourd’hui, avec une prédominance du variant Delta. « La barre des 1000 cas en une semaine a été franchie pour la première fois depuis la fin mai », ajoute l’ARS Guyane. « Les dix-huit premiers mois de l’épidémie nous apprennent que parmi ces mille personnes infectées la semaine dernière en Guyane, une centaine seront hospitalisées, dont une vingtaine en réanimation, et que sept mourront. Dans l’Île-de-Cayenne, l’incidence hebdomadaire a atteint les 600 contaminations pour 100 000 habitants. C’est déjà la moitié des Antilles. Depuis lundi, la hausse se poursuit », prévient l’Agence régionale de santé.
PM
