Guyane : Le Centre Spatial Guyanais fait le point sur le programme 2021, une année passionnante s’annonce pour le site français

Guyane : Le Centre Spatial Guyanais fait le point sur le programme 2021, une année passionnante s’annonce pour le site français

© Centre Spatial Guyanais-CNES

Le Centre Spatial Guyanais (CSG) a publié un résumé des événements à venir pour l’année 2021. Un millésime qui s’annonce chargé avec 7 à 9 lancements programmés, fort de plusieurs missions exceptionnelles, dans un contexte de regain d’intérêt pour différents programmes spatiaux, notamment depuis l’essor de SpaceX.

Après une année 2020 ralentie par la crise sanitaire, mais qui aura tout de même vu le CSG procéder à 10 lancements et à la mise en orbite de 166 satellites, l’année 2021 s’annonce passionnante pour différents programmes spatiaux. Un nouvel essai pour la fusée Vega, le lancement du télescope James Webb, la poursuite des tests pour les lanceurs réutilisables Thémis et Callisto, 2021 sera définitivement une année à suivre pour tous les passionnés d’aérospatiale.

Nouvel essai pour Vega

Le lanceur léger de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) en service depuis 2012, dont la mission est de placer sa charge utile en orbite terrestre basse (en dessous de 2.000km), reprendra du service malgré son récent échec. Pour sa dernière mission en date, après plusieurs annulations du lancement en raison de conditions défavorables, le lanceur, qui transportait 2 satellites européens, avait finalement quitté le sol terrien fin novembre, avant de rencontrer une anomalie de trajectoire 8 minutes après le décollage.

Premier test de Vega-C

Vega-C est le successeur de Vega en tant que lanceur léger. L’ajout de la lettre C, signifiant « Commun », tient au fait que le lanceur partagera un étage, équipé du propulseur P120C, propulseur commun au lanceur lourd Ariane 6. Une substantielle augmentation des performances en termes de puissance et de capacité d’emport, mais surtout un moyen de rationaliser les coûts des deux programmes. Le futur lanceur léger de l’ESA effectuera son premier vol cette année.

Le James Webb Space Telescope

Mainte fois retardé, le programme du James Webb Space Telecope (JWST) devrait enfin trouver son dénouement en 2021, décollant à bord d’une fusée Ariane 5 depuis le CSG.
Projet annoncé comme une révolution dans le domaine de l’observation spatiale, il est le fruit du travail conjoint de l’ESA, la NASA, et l’Agence Spatiale Canadienne (ASC). Surpassant les capacités de l’iconique télescope spatial Hubble dans l’observation des infrarouges, il pourra générer une image 9 fois plus rapidement que celui-ci, et sera notamment dédié à l’observation des premières étoiles et galaxies formées après le Big Bang.
Placé au point Lagrange L2, à 1,5 millions de kilomètres de la Terre, ses réserves de combustibles lui permettront d’effectuer les ajustements de trajectoires nécessaires à son fonctionnement pendant une dizaine d’années.

Le retour de Galileo

Le système de positionnement par satellite européen Galileo, dont 14 satellites ont été lancés depuis le CSG, sera à nouveau à l’ordre du jour avec de nouvelles mises en orbite afin de renforcer la « constellation Galileo ». Placés en orbite moyenne (23.222 km), 30 satellites, dont 6 de rechanges, formeront la flotte du système de positionnement par satellite européen, annoncée avec une précision inégalée de 1 m dans le cadre de services payants professionnels, et de 4m pour le service gratuit. Les prochains lancements se feront depuis le CSG, à bord de fusées Soyouz.

2021, la poursuite des projets

Ariane 6 en phase finale

Le futur remplaçant d’Ariane 5 est toujours en phase de test. Conçue en 2 versions, Ariane 62 et Ariane 64, équipés respectivement de 2 et 4 propulseurs P120C, Ariane 6 permettra ainsi de proposer ses services en tant que lanceur moyen et lanceur lourd. Combiné à Vega-C, elle assurera à l’ESA de couvrir l’ensemble du spectre des lanceurs du marché. Sa base modulable, couplée à la mutualisation des coûts avec le lanceur léger Vega-C, laisse envisager une baisse de 40% des coûts de production, et par conséquent une meilleure compétitivité face au nouveau géant du secteur, Space X.
L’année 2021 sera celle des essais combinés. Il s’agit de la dernière étape avant la qualification officielle et opérationnelle du lanceur, consistant à réaliser les tests de tous les éléments assemblés afin de valider l’ensemble des procédures et opérations d’intégration, de transport, de contrôle, de remplissage et de préparation au décollage.
Ces tests permettront également de certifier la conformité des installations et leur compatibilité avec le lanceur, avec en ligne de mire un premier décollage en 2022.

Callisto et Thémis

Projet conjoint de la France, l’Allemagne et le Japon, le lanceur Callisto est en réalité l’acronyme de « Cooperative Action Leading to Launcher Innovation in Stage Toss-back Operations », ce qui signifie : Action concertée menant à l’innovation du lanceur pour des opérations de retour.
Comme son nom l’indique, il est la base d’un futur lanceur à l’image des fusées Falcon de Space X, permettant un retour sur Terre en sécurité, et une base de réutilisation pour 5 lancements.
Thémis quant à lui, fruit du travail du Centre National d’Études Scientifiques (CNES), de l’Agence spatiale allemande (DLR) et ArianeGroup, profitera des avancées du programme Callisto, et sera équipé à terme du moteur réutilisable Prometheus, dont les premiers essais devraient avoir lieu en 2030. Annoncé comme 10 fois plus gros que Callisto, il n’a pour l’heure aucune vocation à devenir un lanceur opérationnel, mais permettra d’accumuler des informations afin d’optimiser le travail et les avancées pour les autres lanceurs conventionnels.
Ces deux lanceurs bénéficieront d’un pas de tir spécifique, grâce à la réhabilitation du pas de tir du Diamant, dont les travaux ont commencé en 2020. Une mise à neuf qui signera également l’ouverture du CSG à d’autres opérateurs, désireux d’effectuer des tirs de micro-lanceurs.

La modernisation du CSG

Accompagnant ces nouveaux programmes et l’avancée vers une nouvelle ère pour l’étude et l’exploration spatiale, 2021 sera l’année des travaux de renouvellement des infrastructures et réseaux du CSG. Ces travaux s’inscrivent au cœur du CSG nouvelle génération, un programme visant à moderniser le Centre spatial, ses installations et ses processus opérationnels.

Damien CHAILLOT