Guyane : La filière BTP se positionne aux avant-postes des défis écologiques pour mieux construire

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Guyane : La filière BTP se positionne aux avant-postes des défis écologiques pour mieux construire

Ce jeudi 8 décembre, la Fédération Régionale du Bâtiment et des Travaux Publics de Guyane a organisé la première Conférence de la Construction Durable. Une conférence inédite pour échanger, porter une reflexion sur l'impact des transitions sur la filière et établir des propositions et actions concrètes pour mieux répondre à ses défis futurs : construire de manière durable.

 

C’est au sein de la Maison des mémoires et des cultures qu’a été donné lancé cette conférence exceptionnelle autour de la thématique de “Construire demain”. Professionnels de la filière de la construction, aménageur local, institutionnels, experts étaient rassemblés pour apporter leur brique à l’édifice d’une construction plus efficace, résiliente, confortable

« Nous devons être déterminés, pugnaces et innovants car nous ne pouvons construire l'entreprise de demain avec les outils d'hier. Au lendemain de la Cop27, la Guyane a l'opportunité de se révéler comme le démonstrateur national et européen de la transformation énergétique.  Ces mutations constituent les prochains gisements de croissance vers nos entreprises.Le bâtiment demeure un rempart qui contribue au bien commun. Nous nous devons construire un héritage aux entreprises qui nous succèdent » a déclaré Franck Ho Wen Sze, le Président de la FRBTP Guyane lors de son discours d’introduction de la première conférence de la construction durable en Guyane. Franck Ho Wen Sze a d’ailleurs plaidé pour l’insertion de davantage d'agilité et d’efficacité dans le domaine de la construction.

Franck Ho Wen Sze, Président de la FRBTP Guyane © Outremers 360 

Développer une intelligence collective locale 

La conception des bâtiments durable en climat équatorial humide et plus particulièrement en Guyane n’est pas une chose aisée. Construire durablement suppose de trouver l’équilibre entre préservation des ressources, attractivité du lieu, modernité dans les services offerts et pérennité de la qualité du cadre de vie. « Les projets, les besoins sont nombreux en Guyane et ils sont urgents» a rappelé Bruno Arcadipane, président d’Action Logement Groupe. Face à des demandeurs de logements de plus en plus nombreux (+12 500 depuis le début de l’année) et la part croissante de foyers mal logés, « nous sommes confrontés à un défi de taille, celui du développement durable et de la transition énergétique». Pour contribuer à cet effort, Bruno Arcadipane a annoncé l’ambition du Groupe Action Logement de lancer un plan massif de décarbonation. «On va engager 8 milliards d’euros par an pour un plan global destiné à la décarbonation », précisant que cet ambition ne sera atteint qu’avec un travail collégial impliquant tous les acteurs.

Bruno Arcadipane, Président d'Action Logement 

« Le BTP constitue un puissant levier de croissance et de création d’emplois. Nous disposons déjà de l’excellence en Guyane.La difficulté réside dans la manière dont nous regardons le territoire. On ne peut évoquer de transition numérique, énergétique, démographique ou encore écologique si l’ensemble de ces transitions ne sont pas portés à l’aube des réalités de la Guyane. La question de l’amélioration du cadre statutaire de la Guyane pour pouvoir mettre à disposition de la Guyane des normes qui lui, des normes qui permettraient aux acteurs du batiment d’avancer plus rapidement et dans des conditions plus sereines est une ambition que nous devions partager. La question du statut n'est pas une question dogmatique ou idéologique mais c’est une question d’ordre pragmatique. Il s’agit de mettre en face des besoins que nous avons identifiés des leviers législatifs et réglementaires que vont nous permettre de répondre aux ambitions que nous portons au bénéfice de la population», a rappelé Gabriel Serville, le Président de la Collectivité territoriale.

Les échanges se sont poursuivis avec une première table ronde autour des enjeux du développement économique, sur le maintien de l’activité au-delà de 2025. Pour Olivier Mantez, Président de CERC de Guyane, « il faut mettre des actions différentes de ce que nous faisons. Je milite pour une nouvelle coordination, organisation». Le Président de la CERC Guyane a insisté sur la nécessité «de mieux anticiper pour le développement de l’activité du BTP»

Première table ronde -Développement économique  © Outremers 360

« Cette transition écologique nécessite aussi des investissements pour mettre en place des déchetteries, de pistes cycclabes…. La filière va être amener à faire sa propre transition : construire avec des matériaux plus durables, batiments moins energivores, aller vers l’économie circulaire. Pour rappel le, BTP 2ème secteur de consommation de carbone en Guyane», a indiqué Ingrid Hermitteeau, directrice régionale Ademe Guyane.

Des investissements qui peuvent être apportés par des organismes telles que l’AFD. «L’AFD apporte son soutien financier auprès des collectivités locales. L’ingéniérie en Guyane est difficile car il faut mobiliser des ressources. Il faut chercher des solutions innovantes», a rappelé Alison Brunier, Responsable financement de projet à l’AFD.

A l’instar de Denis Girou, directeur de l’EPFA Guyane, l’ensemble des intervenants ont rappelé la nécessité d’agir collectivement. « L’inaction collective génère des dégâts»,a t-il indiqué.

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Renforcer l'attractivité de la filière 

Hormis les objectifs de transition énergétique et écologiques, la filière doit aussi faire face à un manque d’attractivité auprès des jeunes Guyanais. Telle était l'ambition d'une seconde table ronde de la matinée. Pour rappel, le BTP en Guyane recense 569 entreprises comptabilisant 4300 salariés, 2500 artisans et 800 intérimaires et un stock de 2300 demandeurs d’emplois.

Table ronde 2- Formation et montée en compétences © Outremers 360 

Porté par de grands projets d’investissements, certains secteurs de la filière sont en tension. Des dispositifs mis en place par différences organismes ont été présentés aux professionnels du bâtiment. La Collectivité territoriale de  Guyane n'est pas en reste, comme le souligne Karine Cresson-Ibris, vice-présidente de la CTG en charge de la formation.

« Le GEIQ permet de qualifier un public en besoin d’insertion, cela permet de faire des formations à la carte, en répondant aux besoins d’une entreprise», a précisé Emmanuel Bazin.

« L'Etat a pour identifier les besoins des entreprises. Dans le cadre du contrat-étude prospective, nous arrivons à travailler avec les partenaires sociaux, les organisations professionnelles, les entreprises elles-mêmes, les fédérations. Une fois ce contrat-étude prospectives est construit, nous disposons d’un plan d'actions qui a deux axes. Le premier axe repose sur la formation professionnelle : qui va former comment, quel organe de formation et quel dispositif? Le deuxième axe s’intéresse justement les compétences à long terme, c'est-à-dire comment on arrive à mobiliser les salariés qui sont en poste pour pouvoir justement mieux s'orienter ou s'intégrer dans cette nouvelle dynamique de construction durable. L’Etat doit être aux côtés de chaque entreprise. De façon globale, nous proposons sur des dispositifs qui sont liés au besoin, à un contexte particulier. Nous défendons au niveau local, de pouvoir adapter à la situation de la Guyane et ne pas calquer ce qui se fait ailleurs parce qu'évidemment les contextes ne sont pas les mêmes». a indiqué Frédérique Racon, directrice générale de la cohésion et des populations.

Pour Réné Yomelan, directeur régional adjoint de Pole Emploi Guyane, «Nous allons mettre en place un Tiers-Lieu dans la commune de Rémire-Montjoly qui aura vocation à susciter des vocations pour les demandeurs d'emploi ou même le tout venant des jeunes. Nous avons besoin en tout cas de présenter ces métiers du BTP sous différentes formes, permettant à notre population de découvrir les métiers, via des ateliers avec des casques virtuels, en échangeant tout simplement avec des professionnels. Ce dispositif est né d’échanges nourris avec des collaborateurs, des professionnels.»