Guyane : Depuis Saül, Jean-François Carenco assure qu'il « est possible de concilier protection et action, sauvegarde et développement »

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Guyane : Depuis Saül, Jean-François Carenco assure qu'il « est possible de concilier protection et action, sauvegarde et développement »

En visite en Guyane, le ministre chargé des Outre-mer s'est rendu ce lundi à Saül, « laboratoire de la lutte finale pour la sauvegarde de la planète », pour une séquence tournée vers la biodiversité et la sauvegarde de la forêt amazonienne, tout en vantant le développement d'une filière bois durable sur ce territoire.

C'est au centre de la Guyane, à Saül, porte d'entrée du Parc amazonien, « plus grand parc national de France » et « une des zones protégées les plus grandes du monde », que le ministre s'est rendu ce lundi, à la rencontre la maire de la commune, Marie-Hélène Charles et du directeur du parc amazonien. « Depuis des décennies, les scientifiques du monde entier viennent étudier en ces contrées une multiplicité unique de biotopes, dont l’état de conservation est stupéfiant. Depuis 2021, il existe pour Saül un Atlas de la biodiversité communale, bientôt enrichi d’un Centre d’interprétation », a-t-il rappelé.

Saül encore, « modèle de l'écotourisme du nouveau siècle », arpentée par « des amoureux de la nature viennent de partout, profiter des itinéraires inscrits dans le Plan départemental des itinéraires pédestres de randonnée (PDIPR), 45 km entretenus par la collectivité territoriale de Guyane et qui ont construit la réputation internationale » de cette commune, abonde le ministre, selon qui « les 8 millions d’hectares de forêt de la Guyane constituent un atout considérable ».

Un atout considérable à protéger. Saluant le bilan des autorités locales, des « milliers de scientifiques, de militants associatifs, d’avant-gardistes de l’écologie politique, de fonctionnaires travailleurs qui arpentent ces terres sublimes », Jean-François Carenco rappelle l'urgence : « Le changement climatique, si les actions de protection ne s’accélèrent pas, toucheront la Guyane de plein fouet ; les sécheresses, les inondations, les glissements de terrain, la montée des eaux, l’attaque et l’érosion des côtes ne seront plus des menaces abstraites ».

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Mais malgré l'urgence, le ministre refuse « la facilité des discours contemporains qui avancent que sauver la nature, c’est s’abstenir », et appelle plutôt à « montrer au monde qu’il est possible de concilier protection et action, sauvegarde et développement ». Il évoque par exemple une filière bois durable et organisée, pouvant servir à produire de l'énergie à travers la biomasse, et annonce une « task force pour la valorisation, c’est-à-dire à la fois la préservation mais aussi le développement, de la forêt guyanaise au premier semestre de 2023 ».

« La forêt guyanaise nous donne 80 000 mètres cubes par an de bois d’œuvre, c’est la troisième filière économique du territoire, avec un chiffre d’affaires de plus de 100 millions d’euros, plus de 700 emplois en dépendent » a détaillé le ministre. « En 2030, la forêt nous offrira 210 000 mètres cubes pour couvrir les besoins énergétiques de la biomasse. En 2023, une quatrième centrale, à Montsinéry, consommera 15 000 tonnes de bois d’œuvre par an les dix prochaines années. Concilier cette ambition avec l’écologie et le bien-être de la forêt, c’est possible » a-t-il insisté, mettant en avant « un compagnonnage pacifique et fertile ».

« La filière forêt-bois est ainsi à parfaire, nous y sommes prêts » a poursuivi le ministre en appelant à « saisir un modèle de développement que la France pourra exporter » et à « un cercle vertueux de défrichement, de réhabilitation des emprises en forêt, solution à l’orpaillage, de mobilisation de bois qui permettront l’atteinte des objectifs de production des énergies renouvelables, l’atteinte d’un modèle réussi d’exploitation et de plantation appliqué ».

« Des actions concrètes doivent encore être engagées. Par exemple, la gestion du bois doit être durable et certifiée, ce qui exige que les besoins en bois d’industrie ou d’énergie doivent être couverts par les produits conjoints de l’exploitation forestière des grumes et des plantations sylvicoles de la bande littorale, proches des centres d’industrie et de consommation. Or, les accès permettant ces plantations sylvicoles sont encore imparfaits » a ajouté le ministre. À ce sujet, de 2023 à 2027, le coût de construction et d'entretien de ces pistes représenterait 5 millions par an, financé par le Feader, l’Office national des forêts (ONF) assurant la trésorerie et ses avances.

Sur la « Task Force », le ministre explique qu'elle « s’engagera de toutes ses forces dans la lutte contre le déboisement et l’exploitation illégales, dans la lutte contre les incendies et l’adaptation des moyens des directions concernées. Les projets et plans territoriaux seront pensés en cohérence avec les objectifs climatiques nationaux, et en priorité en fonction du puits carbone français de l’horizon 2050 et de la stratégie bas-carbone », qui représenterait à l'horizon 2050, une hausse de 3,5% du PIB et 900 000 emplois.