Galiam Bruno Henry, acteur, réalisateur guadeloupéen : « J’ai grandi dans un environnement difficile, mais dans tout cela, j’ai trouvé une force intérieure. Et cette force, je l’ai transformée en art »

© Galiam Bruno Henry

Galiam Bruno Henry, acteur, réalisateur guadeloupéen : « J’ai grandi dans un environnement difficile, mais dans tout cela, j’ai trouvé une force intérieure. Et cette force, je l’ai transformée en art »

Le projet a vu le jour il y a déjà quelques années et sera bientôt prêt à être dévoilé. En février 2025, le réalisateur afro-antillais Galiam Bruno Henry présentera Sans Banc Fixe, un court-métrage qui s’attaque aux préjugés sur les sans-abris. L’artiste, également acteur et doubleur, avance, en parallèle, sur l’écriture de Le Chant des Ratières, son premier long-métrage, qui reflète à la fois son engagement pour la Guadeloupe et constitue une ode à la résilience humaine. Malgré de nombreux succès et une carrière internationale, celui qui définit sa vision artistique comme profondément humaniste veut aller plus loin en 2025 en transformant ses convictions et ses luttes en œuvres universelles et intemporelles.

 

Galiam Bruno Henry mène une carrière prolifique en tant que comédien depuis plusieurs décennies, avec des pièces de théâtre telles que Antigone, Pygmalion, Des Souris et des Hommes, des séries comme Un Gars, Une Fille, ou encore des films à l’instar de Résolution, réalisé par Boris Oué et Marcel Sangne en 2019, qui lui a valu le Sotigui du Meilleur Acteur de la Diaspora en 2020. L’homme, connu également pour être la voix française d’acteurs comme Tyrese Gibson, Derek Luke ou Djimon Hounsou, a ajouté une corde à son arc il y a quelques années en réalisant son premier court-métrage, Le Service, qui a depuis fait le tour du monde et remporté une trentaine de prix internationaux. Un succès qu’il espère de nouveau rencontrer avec son deuxième court-métrage, Sans Banc Fixe, sur un scénario de Maryline Mahieu.

Bien plus qu’un simple film, ce court-métrage, tourné en trois jours en mai 2024, est un cri du cœur pour son réalisateur : « J’ai voulu que ce film serve de miroir. Ces hommes et ces femmes que nous évitons du regard, qui vivent à la marge, ont des histoires qui résonnent avec nous tous. Ce sont nos frères, nos parents, nos collègues, tombés dans des situations qu’ils n’ont pas choisies. » Sans Banc Fixe raconte l’histoire de trois sans-abris, Fred, Doug et Rody, qui se disputent un banc dans un parc. Mais tout bascule lorsqu’un téléphone perdu, retrouvé lors d’une manifestation, leur offre l’opportunité de passer un appel. Ce prétexte devient le révélateur de leurs parcours. « Ce téléphone est un symbole. C’est une porte ouverte sur leur passé, un lien entre eux et le monde qu’ils ont quitté. Mais c’est aussi un outil pour réapprendre à se voir, à s’écouter, à se comprendre. Les silences dans ce film parlent autant que les dialogues. J’ai travaillé les gros plans pour capter chaque émotion, chaque détail des regards de mes acteurs. Il fallait que le spectateur sente leur douleur, leur dignité, mais aussi leurs moments de légèreté. » Le projet est actuellement en fin de post-production et devrait être présenté pour la première fois au public mi-février. « Je voulais que ce film soit aussi une aventure collective. La Guadeloupe a joué un rôle clé dans cette production, et je suis fier de pouvoir porter notre culture sur la scène internationale. » L’implication de partenaires locaux et internationaux a été cruciale. Une campagne de financement participatif a permis d’associer la diaspora antillaise au projet.

Un parcours forgé par l’adversité

Pour comprendre l’engagement de Galiam Bruno Henry, il faut revenir à ses débuts. Né à Bordeaux, mais profondément enraciné dans les Antilles, il a découvert très jeune les défis de la vie : « J’ai grandi dans un environnement difficile. J’ai été battu, humilié, abandonné. Mais dans tout cela, j’ai trouvé une force intérieure. Et cette force, je l’ai transformée en art. »

Formé d’abord au théâtre, Galiam Bruno Henry a eu plusieurs vies, mais c’est en tant que réalisateur qu’il se trouve une nouvelle voix en 2019. « Réaliser, c’est raconter des histoires à ma manière. Chaque film est une page de ma vie, une fenêtre ouverte sur les injustices, les combats, mais aussi les espoirs. » Après les courts-métrages, le réalisateur se lance dans un projet encore plus ambitieux : un long-métrage, Le Chant des Ratières. Soutenu par le CNC Guadeloupe et Canal+ Antilles, ce long-métrage sera tourné en grande partie en Guadeloupe et explorera des thèmes universels tels que l’identité, la mémoire et la résilience.
« Ce film est un hommage à ma terre. Il raconte les luttes et les rêves des gens qui m’ont façonné, tout en abordant des questions universelles. » Le réalisateur espère une résonance sociale à ce futur projet : « Je veux que ce film montre que les Antilles ne sont pas qu’un décor exotique. Nous avons des histoires fortes à raconter, des talents incroyables à révéler. »

Engagé en faveur des cultures

Au-delà des projets artistiques, Galiam Bruno Henry se veut le porte-drapeau des identités et des cultures. Par exemple, À travers Coach Toi Pov’ Con, une pièce de théâtre intégrant du créole, il entend défendre le créole. « Certains m’ont dit que le créole n’attirerait pas de public. Mais pour moi, notre langue est une richesse. C’est une partie de notre identité, et je continuerai à la défendre. » Son engagement passe aussi par la transmission : « L’art peut être un outil de résilience et de transformation. » Avec Sans Banc Fixe et Le Chant des Ratières en préparation, 2025 s’annonce comme une année charnière pour Galiam Bruno Henry. « Chaque film, chaque pièce de théâtre est une invitation à voir le monde autrement. Je veux que mon travail touche les cœurs et ouvre les esprits. Si mon parcours peut donner de l’espoir à quelqu’un, alors j’aurai accompli ma mission. »

Abby Said Adinani