Un comité ad hoc pour accompagner les professionnels de santé non vaccinés suspendus, a été installé le lundi 27 décembre 2021 en Guadeloupe. Placé sous l'autorité du préfet, ce comité est coordonné par Florus Nestar. Une semaine après l'installation de ce comité, Florus Nestar revient pour Outremers 360 sur les missions et les objectifs de ce comité de coordination.
16 500 personnes sont soumises à l'obligation vaccinale en Guadeloupe. À ce jour, plus de 93 % sont en conformité. À la date du 28 décembre, plus de mille personnes sont suspendues. Parmi elles, 569 se sont déjà inscrites à la cellule d’écoute et de dialogue et 154 rendez-vous ont été honorés.
Outremers 360: Quelles sont vos motivations à exercer ce rôle de coordinateur de ce comité?
Florus Nestar : D'abord, je suis un haut fonctionnaire de l'Etat originaire de la Guadeloupe. Je suis un ancien cadre de direction des hôpitaux, je connais bien les problématiques de santé. J'ai également travaillé, après l'Ecole Nationale d'Administration, en tant que chef de bureau à la direction des hôpitaux au Ministère de la Santé. J'ai déjà pratiqué le travail de coordination interministérielle dans la mesure où j'ai occupé plusieurs postes de sous-préfet dont celui de Sécrétaire générale de Préfecture. J'ai cette pratique de réunir les services de l'Etat sur des sujets interministériels.
Outremers 360: Quelle est la mission et la composition de ce comité de coordination ?
Florus Nestar : Ce comité de coordination se tiendra deux fois par semaine. Il s'agit d'identifier rapidement les difficultés et d'apporter des solutions rapides aux difficultés identifiées.
Il y a deux types d'institutions dans ce comité : premièrement les acteurs en charge des autorités de santé comme l'Agence régionale de santé de Guadeloupe, le centre hospitalier universitaire de Pointe-à-Pitre et le centre hospitalier de Basse-terre. Étant un sujet qui concerne également le Secteur privé, un directeur d'une clinique privée. L'ordre des médecins et l'ordre des infirmiers sont aussi représentés dans ce comité. Toutes ces autorités sont présentes et compétentes pour faire le point sur les personnels de santé qui sont soumis à l'obligation vaccinale mais qui refusent de prendre le vaccin pour l'instant.
L'idée du Gouvernement est de convaincre ces personnes de la vaccination. C'est dans ce contexte que tout ce processus d'entretiens et dialogue a été mis en place. A partir du moment où un personnel soignant est favorable à la vaccination, il est réintégré dès sa première injection. Nous n'attendons pas un schéma vaccinal complet. La priorité des priorités est la vaccination pour l'Etat.
Il y a aussi les autorités en charge de politique de formation, d'insertion, de sécurisation du parcours et de reconversion professionnelle. Sur ces questions, l'Etat et les services ont toute une batterie de propositions qu'ils pourront faire. Au sein de ce comité, il y a par exemple la direction régionale du Pole Emploi, et la direction régionale de l'APEC, l'association pour l'emploi des cadres qui peut donner des conseils à des cadres de santé privés. L'Education nationale est aussi représentée car certains personnels de l'Education nationale sont soumis à l'obligation vaccinale.
Je conseille, quelle que soit la décision finale, d'entrer dans le processus car il y a un intérêt financier. Il y a différents temps dans le processus de dialogue : Le premier temps est l'inscription, le second temps est une proposition de rendez-vous, le troisième temps est celui d'honorer ou pas le rendez-vous. Celui qui honore son rendez-vous, voit la levée immédiate de la suspension de son salaire. C'est donc bon à prendre !
Outremers 360: En cas de refus de vaccination, quelles sont les solutions proposées ?
Florus Nestar : Si malgré tout, le personnel soignant ne souhaite toujours pas se faire vacciner. L'Etat ne laisse pas tomber ceux qui ont accepté de discuter avec l'Etat. Il met en place un dispositif d'accompagnement. Toute personne qui souhaite se reconvertir, passera un bilan de compétences.Au vu bilan du compétences et de la volonté à changer de métiers, les personnes accompagnées pourront bénéficier d'une formation, d'une reconversion professionnelle.
Il y a aussi aussi la rupture conventionnelle, qui existe aussi bien pour les salariés du privé que pour les fonctionnaires. On peut aussi proposer la retraite anticipée pour les personnels de plus de 60 ans soumis à l'obligation, et qui ne souhaitent pas se faire vacciner. Il peut également avoir un accompagnement de projets pour une personne qui souhaitent être à leur propre compte.
Ce comité de coordination s'attachera à faire du cas par cas. Nous aurons le profil de chacune des personnes qui a décidé de ne pas se faire vacciner de l'accompagnement et de pouvoir faire du cousu-main. Il s'agit de voir comment leur apporter des réponses adaptées. Même à cette étape, il ne sera jamais trop tard pour la personne accompagnée de prendre la décision de se faire vacciner et d'être rétabli dans ses fonctions dès lors que cette personne aura pris sa première injection.
Je conseille, quelle que soit la décision finale, d'entrer dans le processus car il y a un intérêt financier. Celui qui honore son rendez-vous, voit la levée immédiate de la suspension de son salaire.
Outremers 360: Qu'en est-il pour les pompiers réfractaires à la vaccination, placés sous l'autorité du Conseil départemental ?
Florus Nestar : Le Préfet de Guadeloupe est d'accord pour que les services de l'Etat avec les services du Conseil départemental travaillent ensemble pour trouver des synergies, essayer d'apporter des réponses communes, co-construire des réponses pour les personnels du conseil départemental à l'instar des sapeurs-pompiers et les personnes en charge des services à la personne. Avec le Président du Conseil départemental, nous allons travailler sur cette problématique commune dont la priorité de rang 1 est la vaccination. Toutefois, nous faisons le maximum pour accompagner ceux qui acceptent de dialoguer avec nous.
Outremers 360: Jusqu'à quelle date ce comité de coordination sera effectif ?
Florus Nestar : Ma mission va jusqu'à la fin du mois de février. Il est évident que tout le monde ne sera pas recasé d'ici cette date. Il s'agit de montrer que le Gouvernement est pressé de bien faire. C'est l'idée de montrer à toutes les personnes qui ont fait le choix de dialoguer, que l'Etat est prêt à leur apporter une réponse rapide.